Tomate pour l’industrie en Italie : «Une campagne longue et difficile en raison des conditions climatiques défavorables »
Alors que la campagne italienne de transformation de la tomate a été largement inférieure aux prévisions, l’Anicav, qui représente les industriels de la tomate en Italie, plaide pour une meilleure gestion de la ressource hydrique. Elle alerte également de la progression de la Chine, qui pourrait déstabiliser son marché.
Alors que la campagne italienne de transformation de la tomate a été largement inférieure aux prévisions, l’Anicav, qui représente les industriels de la tomate en Italie, plaide pour une meilleure gestion de la ressource hydrique. Elle alerte également de la progression de la Chine, qui pourrait déstabiliser son marché.
La campagne 2024 de la tomate de transformation en Italie s'est close avec une production de 5,3 millions de tonnes, a annoncé l’Anicav (Association Nationale des Industriels des Conserves Alimentaires Végétales), qui représente les industriels de la tomate en Italie, dans un communiqué le 22 novembre.
Il s’agit certes d’une légère baisse (-2,5%) par rapport à la campagne précédente, mais la diminution est importante par rapport aux prévisions, notamment dans le bassin nord, « malgré un investissement en hectares plus important au niveau national » (+11% par rapport à 2023) ».
Déjà fin octobre, l’industriel Mutti, leader du secteur, avait annoncé le bilan d’une campagne « la plus difficile de son histoire ».
Forte disparité Sud/Nord :
- Centre-Sud : 2,87 millions de tonnes de tomates transformées (+10 % vs 2023) ;
- Nord : 2,4 millions de tonnes (-14 % vs 2023).
Rendements industriels en baisse
La campagne a été « très complexe » poursuit l’Anicav, avec une sécheresse dans le Sud, et des précipitations excessives dans le Nord qui ont provoqué de fréquents arrêts d'usine et prolongé la saison de transformation jusqu'au début du mois de novembre.
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L’Anicav souligne : « Si les rendements agricoles ont été plus marqués dans le Nord, les rendements industriels eux se sont dégradés dans les deux bassins, étant donné la nécessité d'utiliser de plus grandes quantités de matière première pour pouvoir garantir les hauts standards de qualité qui ont toujours caractérisé notre production, avec un impact significatif sur les coûts de production. »
Nécessité d’infrastructures pour gérer la ressource hydrique
Marco Serafini, président de l’Anicav, estime : « Les problèmes liés à la gestion des ressources hydriques, en particulier, ont eu un impact majeur sur le déroulement de la campagne. Et si nous n'agissons pas, la situation au Nord comme au Sud pourrait devenir insoutenable dans les années à venir. »
La situation pourrait devenir insoutenable dans les années à venir
« Il est donc nécessaire de procéder à des interventions infrastructurelles visant à accroître l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à prévenir les risques liés à la crise de l'eau », exige Marco Serafini. Il évoque la création de barrages (Vetto dans le Nord) mais aussi de liaisons (entre les barrages d'Occhito et de Liscione, dans le Centre-Sud), qui seraient « une première réponse importante pour [le] secteur ».
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Repenser la compétitivité de la filière italienne dans un contexte mondialisé
Alors que le prix des matières premières (les tomates italiennes) reste « le plus élevé au monde » au regard des coûts importants auxquels le secteur agricole doit faire face, Marco Serafini évoque aussi un « rééquilibrage des prix de la tomate ». Une nécessité pour rester compétitif dans un contexte de plus en plus mondialisé.
Un grain de productivité que permettrait, selon lui, la recherche variétale, l'évolution des techniques de production et une réflexion sur l'organisation et la taille des entreprises agricoles. Le tout en « préservant la qualité et le respect des travailleurs ».
La filière italienne inquiète de la progression de la Chine
Toujours selon les chiffres de l’Anicav, l'Italie reste le troisième transformateur de tomates au monde, derrière la Chine (+ 31 % par rapport à 2023 et +68 % par rapport à 2022) et les États-Unis (-14 % par rapport à la dernière campagne de commercialisation).
« L'augmentation de la production chinoise est une source d'inquiétude majeure pour l'industrie italienne de transformation de la tomate, martèle l’Anicav. Bien qu'elle n'affecte pas directement notre production (l'Italie est le premier exportateur mondial de dérivés de tomates destinés au
consommateur final), l'augmentation des exportations au sein de l'UE par des pays qui produisent en deçà des seuils minimaux de durabilité environnementale et sociale risque d'affecter la dynamique du commerce intérieur, au détriment des travailleurs, des consommateurs et de l'environnement. »