Tomate industrie : la France seule face au monde
Dans un environnement mondial concurrentiel et peu propice à favoriser la reprise des cours, la tomate française destinée à l’industrie cherche une part de stabilité.
Dans un environnement mondial concurrentiel et peu propice à favoriser la reprise des cours, la tomate française destinée à l’industrie cherche une part de stabilité.
En 2016, les organisations de producteurs de tomate ont livré près de 186 000 tonnes destinées à la transformation aux usines françaises. Après avoir culminé à plus de 370 000 tonnes à l’approche des années 2000 et plongé à moins de 100 000 tonnes en 2007, la tomate industrie semble trouver une nouvelle stabilité, voire une nouvelle croissance. Ce volume 2016, supérieur de 7 % aux quantités livrées en 2015, est également supérieur aux quantités transformées sur les trois dernières années (179 000 tonnes). Il est issu de 2 465 ha déclarés en 2016. « L’Aquitaine a retrouvé ses niveaux de production habituels et représente 33 % de la production nationale derrière le Sud-est qui assure 67 % de la transformation nationale », a précisé FranceAgriMer lors du dernier conseil spécialisé fruits et légumes(1). Toutefois, avec 0,48 % de la production mondiale en 2016, la tomate industrie française est une goutte d’eau dans une production internationale de plus de 38 millions de tonnes (Mt). Cette dernière se regroupe en trois bassins dominés par l’Amiton (bassin méditerranéen : Italie, Portugal, Grèce, Turquie, Iran…) avec environ 16 Mt, l’Alema (Californie et autres États, Canada, Mexique) avec 12 Mt, puis la Chine et les autres pays de l’hémisphère nord avec 10 Mt.
Prendre le risque d’être plus précoce ou plus tardif
La France se place au 4e rang mondial des pays importateurs. Le déficit de la balance commerciale s’élève à plus de 1,16 Mt et est en croissance de 3 % par an sur les cinq dernières années. De fait la filière nationale n’a couvert que 13,5 % des besoins domestiques en 2016 alors que le taux d’autosuffisance était proche de 16 % entre 2009 et 2012. Ainsi, en 2016 la France a importé 573 000 t (équivalent frais) de concentrés de tomate, 141 000 t de conserves et 450 000 t de sauces et de Ketchup. Ces approvisionnements se font essentiellement auprès des pays voisins, principalement en Italie pour les conserves (56 %) et les concentrés (46 %), et en Espagne pour les sauces et Ketchup (42 %). Alors que les consommateurs français sont de plus en plus sensibles à l’origine France, l’idée de renforcer la production française ne semble pas saugrenue. « Il y a de la demande en France, il faut y répondre ! », affirme Pascal Lenne, directeur de la Sonito. Mais la filière doit au préalable produire davantage. « La campagne ne dure qu’une dizaine de semaines », rappelle Pascal Lenne. Et sur cette période, nos usines de transformation sont saturées. « On met quelques euros de plus à la tonne pour les producteurs prêts à prendre le risque d’avoir une récolte plus précoce ou plus tardive. C’est aussi à ça que sert la contractualisation », indique-t-il. Mais, selon le responsable, « il faut aller plus loin, notamment en recherche variétale permettant d’élargir la période de transformation ». C’est le seul moyen aujourd’hui pour augmenter la production de tomate transformée à outil industriel constant. Sachant qu’une usine de transformation de tomate coûte environ 8 millions d’euros, selon les dires de Pascal Lenne, et que la filière française est encore bien fragile, les investissements industriels ne semblent pas être à l’ordre du jour…
(1) Analyse économique de la filière de la tomate destinée à la transformation en 2016, Synthèse FranceAgriMer, septembre 2017
Évolution des cours
Plusieurs années de réduction de l’activité mondiale de transformation ont servi à assainir le marché des excédents de stocks très importants générés par la campagne de 2009. Ainsi, les efforts de la filière avaient permis une relance des cours mondiaux des dérivés de tomate. Toutefois, les cours de ces dérivés souffrent actuellement de l’exacerbation de la concurrence dans un contexte de croissance lente de la consommation globale, les prix européens baissent sensiblement et les prix des grands bassins (Europe, Chine et États-Unis) tendent à se rejoindre.