Bio - Partenariat
Terre de liens fait pousser des fermes
Démarche originale visant l’installation de producteurs en France, l’association Terre de liens – initiée en 2003 – remporte un franc succès.
ProNatura vient de finaliser un partenariat avec Terre de liens, une association qui a pour mission d’agir concrètement pour “l’installation de paysans et le développement d’une agriculture biologique”. « Cette collaboration est basée sur une communication commune, explique Fatima Jamjama, la secrétaire générale de ProNatura. “Faire pousser des projets de fermes”, une campagne promotionnelle lancée le 24 novembre dernier est notre premier engagement avec l’association. » Le distributeur de fruits et légumes biologiques dont le siège social est basé à Cavaillon ne tarit pas d’éloges sur le projet : « Nous avons été séduits par l’approche moderne et très concrète d’aborder le sujet compliqué de l’installation de producteurs. Cette préoccupation nous touche de près puisque dans certaines régions, il y a une quinzaine d’années, il était difficile de monter une plate-forme de distribution, faute de production et de producteurs. C’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Les consommateurs souhaitent une production locale de proximité et sont prêts à investir dans ce sens. » Grâce au réseau de distribution de ProNatura dans les magasins spécialisés, Terre de liens peut diffuser son information et toucher les consommateurs : « Nous avons pris à notre charge les moyens logistiques pour acheminer les kits de communication auprès des points de vente, la conception en revenant à Terre de liens. » Selon la secrétaire générale, l’impact de cette action a été très favorable : « Certains de nos clients ont été très heureux de cette démarche puisqu’elle correspond à leur philosophie. Nous-mêmes, nous espérons, à notre niveau, pérenniser l’agriculture biologique. »
De l’épargne solidaire et des dons
A première vue, Terre de liens paraît complexe avec ses trois entités : l’association Terre de liens proprement dite, La Foncière et Le Fonds. La première, créée en 2003, initiée par la société financière la Nef, l’association d’éducation populaire Relier, l’agriculture biologique et biodynamique et diverses associations d’activités rurales, réunit aujourd’hui plus de 1 300 membres. Elle est le moteur des différentes actions menées en région, un espace pour l’échange et les débats « dont le but est d’élaborer des compétences communes sur l’accès collectif et solidaire au foncier ». Les deux autres ne sont que les outils pour y parvenir. La Foncière, issue d’un long travail collectif, de l’aide de juristes et de financiers, existe depuis novembre 2006. Elle a pour objet de collecter de l’épargne solidaire auprès des citoyens et des institutions privées et d’acquérir des biens immobiliers en milieu rural afin de les louer aux producteurs. Créée sous forme de SCA (société en commandite par action), La Foncière peut accueillir plusieurs milliers d’actionnaires et faire varier son capital à tout moment contrairement aux structures plus classiques que sont la SCI (Société civile immobilière) ou le GFA (Groupe foncier agricole). Cette structure juridique permet aussi d’effectuer des souscriptions auprès du grand public, ce qu’on appelle des Offres au Public de Titres Financiers. Trois démarches dans ce sens ont déjà été organisées. Dès le premier appel en 2008 qui a rapporté plus de 4 millions d’euros, le succès était au rendez-vous. Le second en 2009 a mobilisé 6,5 millions d’euros. Une troisième campagne de souscription a été lancée en septembre dernier pour une augmentation de capital de 9 millions d’euros. Aujourd’hui, La Foncière, essentiellement commanditée par la Nef et l’association Terre de liens à raison de 90 %, compte plus de 5 200 actionnaires. A ce jour, 70 fermes sont acquises ou en cours d’acquisition, ce qui représente 1 900 ha. Près de 140 agriculteurs bénéficient ainsi d’un bail rural environnemental et 200 accompagnements personnalisés sont dispensés par an pour aider les agriculteurs à accéder à la terre. Les exploitations concernées par les fruits et légumes se situent essentiellement dans le Sud de la France.
Le Fonds, reconnu d’utilité publique, peut recevoir des dons en numéraires ou sous forme d’exploitations ou de terres agricoles. Cette troisième entité, la plus récente, a vu le jour le 19 juillet 2009 dans la Drôme. Par ce système, le Fonds est en train d’acquérir ou a acquis quatre exploitations qui sont toutes concernées par le maraîchage. Celle de Monzeil (Loire-Atlantique) correspond à 3,5 ha. La vente directe est privilégiée sous forme d’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) et le producteur accueille des personnes aidées pour des stages. En cours d’acquisition, une ferme dans le Sud du Calvados cultive des légumes en biodynamie sur 5 ha. Là aussi des actions sociales, de formation et d’accueil sont envisagées. Dans le Nord-Pas-de-Calais, ce sont aussi un peu plus de 5 ha de maraîchage que Le Fonds voudrait appréhender. Cette exploitation travaille pour un magasin de Biocoop qui est attenant à la ferme. Enfin La Ferme des Vignes qui – comme son nom l’indique est spécialisée dans la viticulture – avait une activité maraîchage qui sera reprise par un ou plusieurs collaborateurs. « En général, le projet doit s’intégrer dans un souci de développement du territoire avec un réseau de distribution adéquat », affirme Magda Bouchanime, chargée de communication à Terre de liens.