« Sur culture de truffe, les dégâts de coléoptères augmentent »
En culture de truffe, les dégâts de coléoptères Leiodes cinnamomea augmentent depuis quelques années, en lien avec l'irrigation. Jean-François Tourrette, chargé de mission R&D de la Fédération régionale des trufficulteurs (FRT) de Provence-Alpes-Côte d'Azur, évoque les pistes de protection à l'étude.
« L’irrigation n’a pas que des avantages : les trufficulteurs en font l’amère expérience depuis deux à trois ans avec une recrudescence constatée des dégâts liés au coléoptère Leiodes cinnamomea. En effet, il semble qu’il y ait un lien entre la mise en place d’une culture irriguée et le développement de celui-ci. Ce coléoptère de 4 à 7 mm de long, dont le cycle de vie est intimement lié à celui de la truffe, entraîne des dommages conséquents causés par les adultes et les larves. Les truffières peuvent perdre jusqu’à 80 % de la production avec des truffes souvent non commercialisables et, dans tous les cas, de la qualité altérée.
Nous avons toujours vu ce coléoptère dans les truffières. Ce qui change, c’est la densité des populations que nous observons depuis deux à trois ans. Heureusement, les trufficulteurs et leurs fédérations peuvent compter sur les acquis biologiques collectés lors du programme de recherche national participatif CulturTruf, porté par l’INRAE, le CTIFL, la Fédération nationale des trufficulteurs et soutenu par FranceAgriMer. Concrètement, la filière est en train de tester un système de piégeage de l’insecte adulte (système espagnol Probodelt) en vue de diminuer les populations de Leiodes cinnamomea et de réduire les dégâts.
Le système permet de piéger de 30 à plus de 200 individus par piège – en moyenne 80 –, mais aussi des prédateurs des Leiodes (araignées, cloporte, staphylins, Polydesmes, etc.). Le piège fonctionne avec une efficacité variable sans compter le coût de cette solution (compter environ 15 € le piège et un tous les 10 arbres). D’autres pistes sont à l’étude comme la confusion sexuelle et des nématodes parasites appliqués via le réseau d’irrigation (commercialisés par Koppert). L’essai doit également étudier le cycle biologique de l’insecte, finalement très mal connu. Toutefois, la présence de Leiodes est souvent le signe que la truffière est « très bonne » avec des rendements supérieurs à 30 kg/ha. »