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Dans le Tarn-et-Garonne, une parcelle de cerisiers entièrement close par un système de filets et de bâches

Dans le Tarn-et-Garonne, Sébastien Lacombe expérimente un nouveau type d’installation pour protéger ses cerisiers contre Drosophila suzukii et la pluie : une parcelle entièrement close par des filets à maille fine associés à des bâches antipluie.

Arboriculteur à Lizac, dans le Tarn-et-Garonne, Sébastien Lacombe produit cerises, prunes et pommes sur 35 ha, depuis 2008 et sa reprise de l’exploitation familiale. Depuis cinq ans, il n’est plus seulement producteur, mais aussi expéditeur. Le pas a été franchi en 2015 par le rachat d’une société d’expédition à Castelsarrasin, ainsi que la marque Gouttes de soleil, sous laquelle il commercialise aujourd’hui sa production. Ses fruits sont expédiés dans toute la France et même en Italie à des grossistes orientés haut de gamme. « Cette acquisition permet d’aller au bout du circuit de commercialisation », apprécie l’arboriculteur. Depuis son installation, il a fortement développé l’activité cerise de l’exploitation. De 1 ha en 2008, il est passé progressivement à 11 ha, avec 18 variétés. Les variétés à fort calibre (30 mm) et les bicolores sont venues enrichir la gamme cultivée. « La cerise est un produit qui me plaît, à la fois techniquement et gustativement », confie Sébastien Lacombe. C’est aussi un fruit plus technique et plus coûteux à produire depuis plusieurs années, avec notamment le développement de la protection physique des vergers. Une protection aujourd’hui essentielle pour le producteur. Les bâches antipluie sont d’abord apparues sur l’exploitation il y a une dizaine d’années, pour pouvoir récolter des cerises à pleine maturité sans risque d’éclatement. D’autant plus avec la généralisation des gros calibres pour lesquels ce risque est plus marqué.

Pousser le calibre pour mieux valoriser

« Les bâches permettent de pousser le calibre pour un maximum de valorisation, indique le producteur. On attend que la cerise soit « noire » pour ramasser. Quand les vergers n’étaient pas protégés, les expéditeurs faisaient la pluie et le beau temps. Les producteurs devaient récolter avant maturité plutôt que de prendre le risque de ne pas pouvoir vendre, en cas de fruits éclatés trop nombreux ». L’autre grosse problématique en production de cerise est arrivée en deux temps : d’abord l’apparition en France de Drosophila suzukii au début des années 2010, puis l’interdiction d’utilisation du diméthoate en février 2016. Face au manque de solutions alternatives contre ce ravageur, les filets de protection ont constitué une piste intéressante. Contre Drosophila suzukii, la maille idéale est dite 6x6, soit 1,38x1,38 mm. Très vite sont apparus les premiers filets empêchant la mouche d’être en contact avec les cerises, cousus sur les bâches antipluie et permettant de couvrir chaque rang indépendamment. Un système monorang qui présente l’avantage d’être modulable : on peut choisir de couvrir un rang et pas un autre, en fonction de la sensibilité des variétés par exemple.

Un système hybride qui couvre l’ensemble de la parcelle

Mais Sébastien Lacombe n’était pas intéressé par ce système, qui oblige à relever les filets puis à les remettre en place à chaque fois que l’on passe pour récolter. La conception par la société Filpack d’un système hybride « bâche + filet Alt droso en bavette centrale », qui couvre l’ensemble de la parcelle, a en revanche convaincu le producteur d’investir. La mise en place de ce système sur l’exploitation a été réalisée en 2019, sur une parcelle de cerisiers de deux hectares, plantée en 2015. Des bâches antipluie couvrent le sommet du dispositif et un filet Alt droso se trouve en zone centrale. Les bâches sont reliées par des sandows et les filets sont reliés par des plaquettes pour assurer une bonne étanchéité. L’accès à la parcelle se fait par une porte de type « rideau de douche ». Par rapport à une couverture monorang, les structures doivent être rigidifiées par des câbles transversaux. La mise en place requiert un peu plus de travail. Sur le verger de 2 ha de Sébastien Lacombe, elle a nécessité 3 semaines de travail à 8 personnes. Mais une fois l’installation réalisée, plus besoin d’y toucher.

Pour des parcelles assez grandes et géométriques

La couverture du verger a permis de réduire largement les traitements insecticides. « On ne réalise plus qu’un seul traitement contre Drosophila suzukii, à la fermeture du filet fin avril », témoigne Sébastien Lacombe. La présence du ravageur dans la parcelle est suivie par la Chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne. Des pièges sont disposés à l’intérieur et à l’extérieur de la parcelle, puis les captures sont envoyées pour identification au Centre d’expérimentation fruits et légumes (Cefel), à Montauban. « L’an dernier, on capturait parfois une ou deux mouches dans la semaine à l’intérieur, mais pas plus. Tandis que la pression à l’extérieur était importante », assure l’arboriculteur. Ce type d’installation n’est cependant pas recommandée pour tous les vergers. Il faut que la parcelle soit adaptée, suffisamment grande et très géométrique. « Le filet monorang convient mieux pour quelques rangées, ou pour des vergers avec des rangs en pointe par exemple », indique Stéphane Barrière, de Filpack, qui effectue le suivi de l’installation de Sébastien Lacombe. Le coût du système de filet + bâche monoparcelle, hors poteaux et ancrages, est de l’ordre de 33 000 € par hectare. Des systèmes de protection monoparcelle sont testés en stations d’expérimentation, comme au centre CTIFL de Balandran sur cerisier.

A lire aussi : Cerise : les pratiques culturales à la loupe

Parcours

2008 reprise de l’exploitation familiale, axée sur la nectarine, la pomme, la poire

2015 achat d’une entreprise d’expédition à Castelsarrasin, et de la marque Gouttes de soleil.

2019 installation d’un système bâche antipluie + filet anti Drosophila suzukii sur une parcelle de 2 ha de cerisiers

Des saisonniers fidélisés

 

 
Vingt personnes travaillent en moyenne à l’EARL Lacombe, et jusqu’à trente-cinq pendant les deux mois et demi de récolte des cerises. L’étalement des calendriers de récolte des différentes variétés et espèces cultivées permet de faire travailler les employés sans interruption sur une longue durée, et ainsi de les fidéliser. Avec la cerise, les saisonniers sont occupés du 10 mai au 10 juillet. C’est ensuite le tour de la prune, puis de la pomme. Sébastien Lacombe fait appel à des travailleurs de Pologne depuis douze ans, qui reviennent chaque année. Cette année, devant les difficultés de déplacement des travailleurs en Europe, le producteur avait anticipé un éventuel manque de main-d’œuvre en publiant une annonce sur Pole emploi. Mais il n’en a finalement pas eu besoin : ses saisonniers habituels ont pu rejoindre l’exploitation sans encombre début mai.

 

Une production diversifiée

 

 
En plus des 11 ha de cerisiers, Sébastien Lacombe produit des prunes sur 8 ha et des pommes sur 15 ha. Un temps centré sur des variétés américano-japonaises, le verger de pruniers est aujourd’hui plus diversifié avec des variétés américaines comme TC Sun, Angeleno ou Ruby Queen, mais aussi des variétés traditionnelles françaises (Reine Claude, prune d’Ente). La principale variété de pomme cultivée est Chantecler. Chaque année, l’EARL Lacombe expédie dans toute la France environ 1 000 t de pomme, 400 t de prune et 120 t de cerise.

 

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