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Pomme : maladies de conservation cherchent protections alternatives

Pour atteindre le Zéro résidu détectable sur pomme à la récolte, la protection contre les maladies de conservation reste un point noir. La Morinière et le Cefel testent des produits alternatifs depuis plusieurs années.

Contre les maladies de conservation, le phosphonate de potassium est efficace mais il est traçant et son homologation actuelle ne permet pas de le positionner en pré-cueillette.
© Cefel

Pour lutter contre les maladies de conservation sur pomme, peu de solutions existent. Les stations de La Morinière (Indre-et-Loire), du Cefel (Tarn-et-Garonne) et le CTIFL de Lanxade (Dordogne) testent depuis de nombreuses années des alternatives aux produits de synthèse. L’enjeu est de taille tant pour les producteurs engagés en agriculture biologique que pour ceux dans la démarche Zéro résidu ou « bas intrants ». « Les produits spécifiques homologués « maladies de conservation » sont appliqués quelques semaines à quelques jours avant la récolte, note Michel Giraud, CTIFL. Du fait de ces applications tardives, on retrouve assez systématiquement un à deux résidus selon le produit appliqué. » Les années aux fins de campagne pluvieuses, comme cette année, sont particulièrement difficiles à gérer.

L’argile sulfurée passe le test

Deux produits alternatifs ont donné des résultats intéressants contre les gloeosporioses. L’argile sulfurée est testée depuis près de 15 ans en France à La Morinière. Elle n’était jusqu’à maintenant pas commercialisée en France. « Globalement, les résultats sont proches de la référence chimique, soit un captane quatre à six semaines avant récolte et deux Géoxe », commente Claude Coureau, CTIFL/La Morinière. Ce produit a été appliqué trois à quatre fois en préventif avant une pluie à 8 ou 10 kg/ha. Après lessivage, il a été appliqué en curatif. Même en cas d’automne très pluvieux, il a réussi à réduire par deux le taux de pourriture par rapport à un témoin non traité. Au Cefel et au CTIFL de Lanxade, les résultats avec l’argile sulfurée n’ont pas toujours été équivalents à la référence mais les dégâts de pourriture ont toujours été inférieurs au témoin non traité. Andermatt, l’entreprise propriétaire de ce produit, le commercialise aujourd’hui en France pour la production en conventionnel comme une substance ayant un mode d’action de barrière physique contre les stress abiotiques. Ce produit n’est pas inscrit dans le guide des intrants en AB de l’Inao, en France. Sur la fiche produit, il est conseillé de l’appliquer deux à trois fois à 0,5 %, soit 8 kg/ha maximum par application à partir de six semaines avant la récolte.

Le phosphonate de potassium, efficace mais traçant

Le LBG-01F34, phosphonate de potassium (voir Réussir Fruits et Légumes n°399), commercialisé aujourd’hui sous une autre formulation sous le nom de Soriale® par BASF, a montré dans les conditions d’application des essais une efficacité parfois supérieure à la référence chimique. « Le problème de ce produit de biocontrôle, est les résidus d’acide phosphonique qui sont systématiquement trouvés sur les pommes », déplore Claude Coureau. Il est aujourd’hui homologué avec un délai avant récolte de 35 jours et n’est donc pas applicable en précueillette. Mais dans le cadre d’un projet financé par le ministère de l’Agriculture, ce produit, non autorisé en agriculture biologique, mais inscrit dans la liste Biocontrôle de la DGAL, a été testé à 8 l/ha, 4 l/ha et 1,9 l/ha, dose aujourd’hui homologuée, avec quatre à sept applications par an selon le site, à La Morinière et au CTIFL de Lanxade. Son efficacité est restée la même, soit proche de la référence chimique sauf en 2017 à La Morinière. « Cette année-là, ce produit appliqué à 4 l/ha a été moitié moins efficace que la référence mais les dégâts de gloeosporiose restent inférieurs d’un tiers au témoin non traité », indique l’expérimentatrice du Val-de-Loire. Des essais ont également été menés au Cefel depuis 2017 avec une assez bonne efficacité pour 4 à 6 applications à 4 l/ha.

La piste des levures et bactéries lactiques

Parmi les autres produits testés, la plupart ont montré une efficacité nulle ou faible. De faibles doses de cuivre et de soufre ont eu des résultats variables mais globalement leur efficacité est très faible, voire nulle. Le bicarbonate de potassium, le Basfoliar Si, un engrais enrichi en silice, le Greenstim, à base de glycine bétaïne ont eu une efficacité nulle, voire un effet positif sur le développement des gloeosporioses. Le Vacciplant à base de Laminarine, l’Invelop (talc), ou le Prev-B2 (produit contenant des terpènes d’orange) n’ont pas eu d’effet significatif sur les gloeosporioses. D’autres pistes sont testées depuis 2018 : des produits à base de levure, de bactéries lactiques ou des mélanges formulés d’huiles essentielles.

Même en cas d’automne très pluvieux, l’argile sulfurée a réussi à réduire par deux le taux de pourriture par rapport à un témoin non traité

Les produits contre le phytophthora et la maladie de la suie

Contre le phytophtora, aucune des substances non chimiques testées n’a permis une efficacité aussi régulière que le captane. « Certains produits à base de cuivre ont montré une efficacité partielle, indique Pascale Westercamp, Cefel. Le bicarbonate de potassium n’a montré aucune efficacité. » Parmi les méthodes dites alternatives, seul le traitement à l’eau chaude a une très bonne efficacité (voir Réussir Fruits et Légumes n°375 et n°387) contre ce champignon, tout comme contre les gloeosporioses. Contre la maladie de la suie, des applications de bicarbonate de potassium et de cuivre pendant l’été, renouvelées toutes les trois semaines (voire plus en cas de pluies importantes) ont une bonne efficacité d’après les essais menés au Cefel.

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