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Pomme : quelle stratégie variétale pour Blue Whale ?

Dans une longue interview, Bruno Bertheloz, directeur général de Blue Whale, revient sur les premiers résultats de la campagne pomme qui s'achève, mais surtout sur la stratégie variétale du groupe coopératif. Les variétés Club et sous marque sont centrales chez Blue Whale, ainsi que la R&D au verger pour renouveler les variétés -mais aussi se diversifier en termes d'espèces- face au changement climatique et aux attentes des consommateurs en France et dans le monde.

Bruno Bertheloz, directeur général de Blue Whale : « Le renouvellement des variétés est clé pour permettre à nos arboriculteurs de croire dans l’avenir et il est fondamental pour continuer de mettre en dynamique l’offre, sinon elle se banalise. »
© Blue Whale

Alors que la saison des pommes se termine, le groupe Blue Whale annonce des chiffres d'affaires record sur tous ses marchés, avec une bonne récolte tant en volume qu’en qualité. « Rien de tout cela n'aurait été possible sans le travail d'innovation que nous avons réalisé au fil des ans pour nous adapter à l'évolution des conditions et des attentes du marché. 90 % des variétés que nous vendons aujourd'hui n'existaient pas il y a 35 ans et la plupart des variétés que nous vendrons dans 30 ans n'existent probablement pas encore », avait précisé Marc Peyres, directeur commercial, dans un communiqué de presse mi-juin.

Il en veut pour preuve les résultats de certaines des variétés phares de Blue Whale sous marque ou Club : Candine a triplé ses ventes, tirées par les marchés asiatiques ; Cœur de Reine a elle doublé ses chiffres sur le marché français ; et Pink Lady a progressé de +35 % au niveau mondial, « le développement le plus remarquable de la saison ».

A relire : (Ré) Génération Fruit, ou comment Blue Whale veut faire la bonne Pomme du futur

Blue Whale ne souhaite pas encore donner de chiffres, car la saison n’est pas complète. Mais pour y voir plus clair, Bruno Bertheloz, directeur général de Blue Whale, s’est prêté au jeu des questions-réponses pour FLD.

 

Pourquoi le groupe Blue Whale annonce-t-il des chiffres d’affaires record pour cette campagne ?

Bruno Bertheloz : La saison des pommes qui s’achève a été très favorable. La récolte 2023 a été bonne tant en termes de qualité que de quantité, avec de bons taux d’emballage. La demande mondiale a également été soutenue et favorable à notre offre française. La saison commerciale 2023-2024 a donc été bonne mais les rentabilités d’exploitation devront être appréciées au cas par cas. L’impact historique de l’inflation a changé significativement les ratios de rentabilité. Les producteurs ont retrouvé de la trésorerie et c’était crucial car ils en avaient vraiment besoin après une campagne 2022-2023 catastrophique. Les niveaux actuels de valorisation des fruits sont nécessaires si nous voulons pouvoir conserver nos arboriculteurs. Nous espérons que le contexte de la prochaine saison va nous permettre de les conserver.

« Cette campagne, les producteurs ont retrouvé de la trésorerie et c’était crucial car ils en avaient vraiment besoin après une campagne 2022-2023 catastrophique »

 

Peut-on dire que les variétés sous marque ou Club sont le cœur de la stratégie de Blue Whale? Pourquoi?

Bruno Bertheloz : Ces variétés Club ou sous marques sont construites sur des variétés gustativement différenciantes. Elle permettent de proposer un produit premium identifiable et rassurant pour les consommateurs en lui garantissant la satisfaction de croquer dans un fruit plaisir. Ce travail de mise en valeur marketing est clé pour faire émerger les nouvelles marques sur un marché déjà saturé et améliorer la valorisation des fruits de nos producteurs.

Notre raison d’être, c’est de créer de la valeur : « Valoriser la qualité de nos récoltes pour le bien de nos arboriculteurs, de nos collaborateurs, de nos terroirs, de nos clients et de ceux qui achètent et consomment nos fruits. »

« Ces variétés Club ou sous marques permettent de proposer un produit premium identifiable et rassurant pour les consommateurs »

 

Est-ce que marketer une variété en fait son succès ou est-ce lié à d'autres paramètres ?

Bruno Bertheloz : Le marketing n’est rien sans une bonne pomme ! Les attentes des consommateurs peuvent être très différentes, tant sur le plan organoleptique qu’expérientiel. Par leur identité et leur promesse, les variétés Club permettent d’adresser les besoins spécifiques de leur cible. Les jeunes croqueurs de Pink Lady ou de Candine n’ont pas les mêmes attentes que les consommateurs en recherche plus d’authenticité qui miseront sur les arômes de Cœur de Reine ou de Tentation. Rockit répond aux attentes du snacking, une petite pomme gustative pour les petits creux. Les hédonistes eux vont avoir tendance à préférer l’harmonie gustative d’Envy. Pour répondre au besoin de rupture de la catégorie, la réponse c’est la variété Kissabel et ses chaires rouges… A chacun sa pomme ! Il est donc important de mieux cibler les communications sur les bons profils de consommateurs si nous voulons développer la notoriété de la marque. C’est bien l’ensemble de la compréhension des consommateurs qui fait qu’in fine les réponses sont les bonnes.

« A chacun sa pomme ! Il est donc important de mieux cibler les communications sur les bons profils de consommateurs si nous voulons développer la notoriété de la marque »

 

Quels sont les projets variétaux de Blue Wale à venir?

Bruno Bertheloz : L’érosion de la consommation sur des variétés classiques comme Golden nécessite de proposer des produits qui répondent davantage aux besoins des consommateurs en termes de goût, d’usage et de présentation. Le renouvellement des variétés est clé pour permettre à nos arboriculteurs de croire dans l’avenir et il est fondamental pour continuer de mettre en dynamique l’offre, sinon elle se banalise.

Nous testons en permanence plus d’une cinquantaine de variétés au travers de plusieurs vergers pilotes. Nous y étudions aussi la résilience des vergers de demain notamment au travers des variétés “hot climat” plus tolérantes aux évolutions climatiques.

Dans le même temps nous travaillons sur 2 nouveaux projets variétaux à l’échelle mondiale qui vont se démarquer par la typicité des fruits qui seront proposés.

Outre la résilience des vergers de demain avec des variétés “hot climat”, Blue Whale travaille sur deux projets variétaux à l’échelle mondiale qui vont se démarquer par la typicité des fruits

 

Quelles sont les premières tendances chez Blue Whale pour la campagne pomme qui arrive ?

Bruno Bertheloz : Concernant la prochaine saison, c’est encore tôt pour connaître les tendances fines. On estime à date que notre récolte sera proche de celle de la saison précédente en volume. En revanche le taux d’emballage, en Gala notamment, risque d’être sensiblement affecté.

La conférence européenne Prognostfruit début août nous donnera l’opportunité d’avoir des précisions et une confirmation des grandes tendances mondiales. On voit se dessiner une récolte de pommes qui s’annonce correcte pour la France, dans un marché européen qui devrait être déficitaire lié à des évènements significatifs de gel en Pologne et Europe centrale, Belgique et Allemagne du Nord. A suivre aussi les impacts de la grêle dans certaines régions d’Italie. Le contexte de la demande mondiale devrait rester soutenu et favorable, tout cela sera affiné dans les prochaines semaines.

 

Au-delà de la pomme, Blue Whale mise sur la diversification des espèces cultivées : les poires avec Angys, QTee et Fred ; les kiwis verts et jaunes, les prunes avec notamment Métis; et les raisins de table sans pépins… « Ce nouveau segment de fruits représente déjà un chiffre d'affaires de plus de 40 millions d'euros pour Blue Whale et devrait croître au cours des cinq prochaines années, parallèlement à l'activité principale des pommes », précise le groupe Blue Whale

Bruno Bertheloz détaille les ambitions pour la poire : « La diversification prend une place clé pour s’assurer du meilleur mix espèce/variété pour les exploitations et répartir la création de valeur. A ce titre, les producteurs de Blue Whale vont devenir d’ici 5 ans les plus importants producteurs de poires en France, avec entre autres les variétés Angys, Fred et Qtee. Là encore nous sommes ambitieux avec la volonté de redynamiser la croissance de la catégorie de la poire française pour sécuriser à long terme la rémunération des producteurs. Nous allons pour cela rajeunir les consommateurs de poires françaises. » 

Bruno Bertheloz : « Les producteurs de Blue Whale vont devenir d’ici 5 ans les plus gros producteurs de poires en France »

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