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Pomme de terre : la coopérative de Noirmoutier veut proposer une primeur plus durable

Contrainte par la surface de l’île, la Coopérative agricole de Noirmoutier a mis en place une démarche de progrès environnemental pour produire des pommes de terre primeurs et réduire l’utilisation de pesticides.

pomme de terre primeur de Noirmoutier
En 2020, la coopérative a mis en place une démarche de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) avec la volonté de limiter l’utilisation des pesticides.
© V. Bargain

À Noirmoutier, vingt-deux familles réunies au sein de la Coopérative agricole de Noirmoutier cultivent 450 hectares de pommes de terre primeurs. « L’île de Noirmoutier, par son climat océanique, des températures moyennes plus élevées que sur le continent et ses sols sableux, est très favorable à la production de pommes de terre primeurs », explique Jessica Tessier, présidente de la Coopérative agricole de Noirmoutier.

Environ 3 % de la production est réalisée sous abris, un tiers sous bâches, le reste en plein champ sans bâchage, avec une zone principale de sols sableux où la plantation est faite sur buttes pour faciliter le drainage et une zone aux sols plus limoneux avec culture à plat. Soucieux de respecter les traditions, les producteurs réalisent l’essentiel des plantations à la main, ainsi que le bâchage et les premières récoltes. Chaque année, entre 10 000 et 12 000 tonnes de pommes de terre primeurs sont ainsi commercialisées de mi-mars jusqu’au 31 juillet, à 70 % en grandes et moyennes surfaces (GMS) et 30 % via des grossistes, dont une partie en Label rouge et avec une Indication géographique protégée (IGP) depuis 2020.

Couverts végétaux d’été et d’hiver

En 2020, la coopérative a mis en place une démarche de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises), avec ses aspects économiques, sociaux et environnementaux. Un point important est sa démarche de progrès environnemental, avec la volonté notamment de limiter l’utilisation des pesticides. Si la production de pommes de terre primeurs, à cycle court, facilite le retour de la pomme de terre sur les mêmes sols chaque année, la surface disponible, limitée par les contours de l’île et l’urbanisation croissante, la réduction des solutions phytosanitaires et le changement climatique conduisent en effet à des situations parfois compliquées au niveau sanitaire, liées notamment aux pathogènes du sol et au mildiou.

Dès 2009, les producteurs ont ainsi fait le choix d’introduire des rotations dans leurs assolements. Chaque année, sur 450 hectares, 120 à 130 sont désormais cultivés en blé ou reçoivent un couvert hivernal. Et depuis cinq ans, les couverts végétaux d’été se sont également développés. « En 2023, plus de 86 % des surfaces ont reçu un couvert végétal en été ou en hiver, indique Nathalie Bouchereau, responsable qualité et environnement de la coopérative. Ces couverts permettent de diminuer le recours aux pesticides en luttant contre les nématodes et présentent aussi un intérêt pour la biodiversité, la structuration des sols et l’apport de matière organique. »

Plusieurs espèces sont utilisées : le sorgho, qui nécessite peu d’eau et a une action de plante piège pour les nématodes, le radis, la moutarde noire, qui aide à lutter contre les taupins, des légumineuses… La désinfection vapeur s’est également développée. Et les producteurs s’appuient sur des outils d’aide à la décision pour raisonner leurs interventions, avec notamment le modèle mildiou Mileos pour les surfaces non bâchées.

Variétés tolérantes au mildiou

 

 
pomme de terre primeur de Noirmoutier
La recherche de variétés résistantes ou tolérantes au mildiou est un axe important aujourd'hui. © V. Bargain

Une autre piste pour réduire l’utilisation des pesticides est le choix de variétés plus tolérantes ou résistantes aux maladies. « Chaque année, nous mettons en place une parcelle d’essais chez un jeune producteur, pour associer les jeunes à l’innovation, précise Nicolas Paille, directeur de la coopérative. Nous testons plus de vingt variétés par an. Les variétés doivent d’abord être bonnes gustativement et assez primeurs. Mais nous recherchons aussi des variétés qui ne nécessitent pas trop d’eau ni d’azote, résistent au vent, sont peu sensibles aux nématodes et si possible sont tolérantes au mildiou. »

 

 
Jessica Tessier et Laurent Tessier - pomme de terre primeur de Noirmoutier
« La réutilisation des eaux usées traitées est un point déterminant pour la production de pommes de terre de l'île », soulignent Jessica et Laurent Tessier. © V. Bargain

Si la variété Sirtema représente encore 25 % des surfaces, Lady Christ’l (50 % des surfaces aujourd’hui) et Iodéa (14 %), plus résistantes aux nématodes, tendent peu à peu à remplacer Sirtema. La variété Arsenal, également moins sensible aux nématodes, est aussi utilisée, de façon plus confidentielle toutefois. Et les producteurs misent aujourd’hui sur des variétés résistantes au mildiou qui, en 2023, a encore réduit la production de 1 500 tonnes. Après avoir testé Zen, résistante au mildiou, mais qui posait des problèmes de levée, la coopérative a ainsi introduit en 2024 sur 8 % des surfaces la variété Maïwen, très peu sensible au mildiou et très productive. Un axe, pour réduire encore les pesticides est d’atteindre 20 % de Maïwen. « Actuellement, 80 % des pommes de terre sont ainsi produites selon le cahier des charges ZRP (Zéro résidu de pesticides) et 30 % vendues sous ce label », précise Jessica Tessier.

Limiter la consommation d’eau

Tout est fait pour limiter la consommation d’eau, avec le choix de variétés peu gourmandes en eau et l’utilisation de sondes capacitives. Un point déterminant est aussi la possibilité d’utiliser des eaux usées traitées pour l’irrigation des cultures. La ressource en eau étant limitée sur l’île et les eaux des stations d’épuration étant jusque-là rejetées en mer, les collectivités avec la coopérative ont en effet mis en place il y a 40 ans une réutilisation des eaux usées traitées (REUT). « Après le passage en station d’épuration, les eaux usées subissent un lagunage, avant d’être stockées dans des lagunes de stockage, explique Laurent Tessier, président de l’association d’irrigation de Noirmoutier. Nous utilisons ainsi 450 000 m³ d'eaux usées traitées issues de deux stations d’épuration, avec deux réseaux d’irrigation de 20 km et 100 km et 400 bornes d’irrigation. Nous aurions toutefois besoin de 50 000 m³ de stockage supplémentaires. La communauté de communes y travaille. »

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