Finistère
Pierre Bihan-Poudec : « Le dossier des constructions de stations est capital »
A l’issue de l’Assemblée générale de la Sica St Pol, son président Pierre Bihan-Poudec a évoqué l’ensemble des dossiers fondamentaux pour l’avenir économique de la Sica.
Fld hebdo : Quel est le bilan de la Sica en 2012 ?
Pierre Bihan-Poudec : C’est une année mitigée car les producteurs ont été victimes des aléas climatiques, entraînant des revenus hétérogènes selon nos adhérents. Le chiffre d’affaires légumes de la Sica est correct à 212 M€ pour un chiffre d’affaires total de 240 M€. En tomates et fraises, la saison 2012 est correcte, les prix ont été bons. La tomate a vu son chiffre d’affaires progresser de 25 %, mais en tenant compte du coût de l’énergie (+ 14 % de hausse nette). En trois ans, les volumes de Gariguette et Mara des bois ont augmenté.
Fld hebdo : Vous avez lancé une réflexion sur l’enjeu des productions sous serre dans quel but ?
P. B.-H. : Un groupe de travail réflechit à l’abaissement des coûts d’énergie en regroupant les surfaces et en installant des systèmes de cogénération tout en demandant un meilleur coût pour le rachat de l’energie. C’est un enjeu capital pour rester compétitifs face à nos concurrents néerlandais et les autres bassins producteurs. Nous travaillons donc sur la question des permis de construire des serres ou de possibles agrandissements. Là, nous avons affaire à la législation de l’urbanisme, qui peut nous retarder via des études d’impact, enquête publique... Tous les ans, il y a un alourdissement des règles, ce qui a de lourds impacts économiques sur notre production.
Fld hebdo : En 2011, vous vouliez rationaliser la logistique à la Sica ? Où en êtes-vous du projet de stations ?
P. B.-H. : Nous avions obtenu le permis de construire en septembre 2011 pour la première. Les travaux ont dû être arrêtés, car le permis a été attaqué par le Tribunal administratif de Rennes au sujet du PLU de la commune. Nous, nous disons que la station est la continuité de l’exploitation. A ce jour, nous attendons le passage en appel au tribunal de Nantes, prévu au premier trimestre. Cela risque d’être au second semestre. C’est un frein au développement de la Sica.
Fld hebdo : Freshcoop est créé, qu’en est-il à ce jour ?
P. B.-H. : Nous nous sommes trouvé des affinités avec les cadrans belges notamment dans les modes de fonctionnement. Nous sommes ouverts à d’autres pays, l’Italie et l’Allemagne. Nous avons des échanges d’informations et de gestion de marché avec les criées belges. Ce que l’on a travaillé en premier lieu c’est l’adéquation des horaires de vente des choux-fleurs pour qu’ils soient simultanés entre eux et nous. Il y a un projet de programme opérationnel transnational pour l’expérimentation afin d’optimiser la recherche voir la gestion de marché. Il sera déposé avant fin 2013.
Fld hebdo : Les Espagnols n’ont pas adhéré...
P. B.-H. : Leur situation est complexe économiquement, mais les portes de Freshcoop ne sont pas fermées.
Fld hebdo : Quelle est la position de la Sica face à la future Pac et l’OCM ?
P. B.-H. : Nous sommes pour le maintien des fonds opérationnels, notre souci est de conserver cette capacité à se structurer pour concentrer la production et être davantage en adéquation entre offre et demande.
Fld hebdo : qu’en est-il du dossier transport ? Quelles sont les évolutions de Combiwest ?
P. B.-H. : La ligne ferroviaire Combiwest Rennes-Mâcon est en vitesse de croisière. D’ici quelques jours il y aura un départ de Morlaix, la ligne est potentiellement prête. Son lancement devrait avoir lieu dans un mois. Il permettra la jonction Morlaix-Rennes-Rungis puis vers le Nord et le Sud. On a déjà convoyé des produits frais par Combiwest et dès que Morlaix sera en service les envois seront plus conséquents.
Fld hebdo : Et l’écotaxe poids lourds ?
P. B.-H. : C’est un coup de poignard dans une économie en baisse de régime. Si cette écotaxe est mise en place cela risque d’être très agité chez nous. On sera doublement pénalisé, car les camions reviennent à vide vers la Bretagne. Il y aurait à payer une double taxe. Nous demandons qu’elle soit décalée sine die.
Quel avenir pour la Sica ?
P. B.-H. : Nous avons plusieurs projets : Combiwest, Freshcoop, Agrival... L’inconvénient c’est le dossier de construction des stations. Son autorisation est la condition suffisante mais nécessaire pour que tout cela se mette en place, sinon nous avons du souci à nous faire.