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Mirabelle de Lorraine IGP : « une bonne campagne 2024 mais surtout de belles perspectives »

Quentin Hoffmann, président de l’association Mirabelles de Lorraine, et Arnaud Colin, directeur de la coopérative Vegafruits, sont revenus pour FLD sur la campagne de mirabelles de Lorraine IGP qui s’achève. Ils précisent aussi les perspectives pour les années à venir, en production, en consommation et en transformation.

L’Association Mirabelles de Lorraine annonçait une belle récolte : c’est désormais confirmé. Alors que les producteurs ont achevé la saison commerciale il y a 8 jours (mi-septembre), les tout derniers lots de mirabelles sont en rayon.

Les volumes prévus, soit 6 000 tonnes de mirabelles de Lorraine IGP, ont été rentrés, à une centaine de tonnes près.

 

« La force du collectif » pour réussir une campagne

Quentin Hoffmann, président de l’Association Mirabelles de Lorraine, confirme, lors d’un point téléphonique avec FLD le 25 septembre : « Collectivement, 2024 a été une bonne campagne. Avec toutefois une disparité territoriale : le bassin de la Meuse a été touché par la pluie. Mais les bonnes conditions sur les autres bassins ont permis de lisser. On voit donc bien tout l’intérêt du collectif. »

Environ 6 000 tonnes de mirabelles de Lorraine IGP ont été récoltées, bien au-dessus de la moyenne de 5 000 tonnes

Commercialement aussi, les voyants sont au vert, comme le confirme Arnaud Colin, directeur de la coopérative Vegafruits (bureau commercial et station de tri, de conditionnement et de transformation de la filière), lors de cette même interview téléphonique. « C’est une bonne année commerciale. Le réalisé a été en phase avec le prévisionnel et on a pu satisfaire nos clients à la fois pour les fruits de bouche et pour la transformation [lire aussi ci-dessous pour le bilan de l’industrie]. C’est la force de notre organisation et de nos outils collectifs. »

 

La mirabelle arrive désormais plus tôt

La récolte a débuté le 29 juillet cette année. « L’hiver a été doux donc la floraison précoce, ce que nous avions prévu, et qui est conforme aux dernières années, explique Quentin Hoffmann. Traditionnellement [sur 20 ans] la récolte débutait autour du 10-15 août. Mais depuis quelques années, le début de cueillette s’est décalé aux environs du 25 juillet-1er août. Donc 2024 est une année dans la nouvelle normalité. »

Par ailleurs, si la qualité a été globalement au rendez-vous, Quentin Hoffmann et Arnaud Colin reconnaissent une disparité de la qualité, avec des « conditions tropicales, chaleur et humidité » les 10 premiers jours de récolte, ce que n’apprécie guère la mirabelle. Les conditions anticycloniques qui ont suivi ont permis de retrouver une belle qualité.

 

Et la transformation ?

« Cette année, nous avons fait un peu plus d’industrie que d’habitude, conformément à nos prévisions. Cela est du aux conditions humides des 10 premiers jours de récolte, guère favorables à la conservation des fruits de bouche », répond Arnaud Colin.

Par choix, les producteurs destinent plus ou moins 30 % volumes en fruits de bouche, et transforment 70 %. « Ce rapport d’un tiers deux tiers est un vrai choix des producteurs, insiste Quentin Hoffmann. Ce qu’on envoie en transformation ne sont pas des écarts de tri mais des fruits qualitatifs respectant un cahier des charges. Nous avons aussi des vergers dédiés à l’industrie. »

La mirabelle conserve parfaitement ses arômes et son parfum après transformation

La mirabelle est depuis longtemps beaucoup transformée. Cela tient à sa courte saison et surtout à sa qualité après transformation. « La mirabelle est un fruit naturellement très sucré et aromatique qui se transforme très bien, avec des arômes et un parfum se conservant parfaitement », explique Quentin Hoffmann.

 

A Vegafruits, grosse campagne d’investissements sur 3 ans

Les producteurs ont investi depuis 20 ans dans des outils de valorisation industrielle. Aujourd’hui,  ils maîtrisent la première transformation (surgelé et purée), avec des outils au cœur des vergers, au plus proche de la production pour garantir une qualité optimale.

La filière a opéré une grosse campagne d’investissements en 2021, 2022 et 2023, dont elle tire aujourd’hui les pleins bénéfices. Pour mémoire, la filière a investi dans une nouvelle ligne de tri optique pour les fruits de bouche et a augmenté ses capacités de transformation pour les surgelés et purées. Le tout pour 10 millions d’euros sur 3 ans (dont 2 millions d’euros ont été financés par l’Etat dans le cadre du plan France Relance).

La mirabelle de Lorraine envisage le marché du sans alcool 

« On croit beaucoup au monde des jus et nectars », confie Arnaud Colin. Vegafruits en produit déjà, en sous-traitance ou à la station avec les purées et la maîtrise des jus clarifiés depuis quelques années.

« Sur les marchés très en vogue des boissons sans alcool qui s’apparentent à la bière, nous allons proposer un jus de mirabelle clarifié carbonaté. C’est un jus 100 % mirabelle avec ajout de CO2 et une infusion dans différents houblons. Nous maîtrisons la recette et l’assemblage et nous sous-traitons l’embouteillage. Testé avec succès dans une douzaine de boutiques de produits locaux, nous réfléchissons un plus gros lancement. »

 

Les consommateurs, demandeurs de la mirabelle de Lorraine

La mirabelle de Lorraine a fait sa place dans le cœur des consommateurs français. Fruit plaisir, la mirabelle est souvent un achat d’impulsion, « un bon point d’accroche en rayon ».

Si l’Association Mirabelles de Lorraine n’a pas de chiffres précis de consommation, les producteurs peuvent témoigner de son succès. « Il y a 30 ans, elle n’était connue qu’en Lorraine, aujourd’hui elle est reconnue nationalement et même au-delà des frontières : elle est très appréciée des Suisses et des Belges », se réjouit Quentin Hoffmann.

« En industrie aussi, rappelle Arnaud Colin. Il y a une vraie attente des consommateurs pour la retrouver toute l’année donc une demande de nos clients industriels et toujours plus de recettes. »

La mirabelle de Lorraine est désormais appréciée partout en France mais aussi en Suisse ou en Belgique

La mirabelle de Lorraine réalise 25 % d’export, que ce soit en fruits de bouche (destinations proche de la France) ou en industrie (avec des destinations plus lointaines).

 

Jeunes producteurs et dynamique de plantation

Conséquence de cette bonne demande ? En production aussi, la mirabelle de Lorraine est dynamique. « Nous avons une belle pyramide des âges avec un tiers de nos producteurs qui ont moins de 35 ans, un tiers entre 35 et 55 ans et l’autre tiers plus de 55 ans. La reprise d’exploitation est aussi dynamique », vante Quentin Hoffmann.

En outre, la Lorraine observe un programme de plantation de vergers qui est en cours. Un peu moins de 10 % de vergers nouvellement plantés vont entrer en production, nous précisent Quentin Hoffmann et Arnaud Colin.

Mais cette dynamique de plantation reste maîtrisée, en respect du cahier des charges de l’IGP (qui date de 1996 tout de même). Outre une zone géographique bien délimitée, l’IGP exige des sols argilocalcaires, avec un minimum de 30 % d’argile.

La mirabelle de Lorraine se cultive sans irrigation

« Ce choix fort et assumé des producteurs d’insister sur les sols a été assez salvateur puisque nos sols argileux nous permettent de cultiver nos mirabelliers sans irrigation », souligne Quentin Hoffmann.

Autres points au cahier des charges : des vergers extensifs avec assez peu d’arbres à l’hectare, et des arbres menés en gobelet, pour une dimension paysagère.

« La filière de la mirabelle de Lorraine fait attention et construit son avenir », concluent les deux passionnés de la mirabelle.

 

La Lorraine observe une dynamique de plantation mais qui reste maîtrisée, en respect du cahier des charges de l’IGP. Celui-ci met l’accent sur les sols, qui doivent être argilocalcaires, avec un minimum de 30 % d’argile. Conséquence : les mirabelliers sont encore conduits sans irrigation.© Association Mirabelles de Lorraine

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