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« Je me suis passionnée pour les micro-pousses et j'ai décidé de me lancer dans cette culture »

Dans le Pas-de-Calais, Valérie Defontaine-Lobel s’est lancée dans la culture de micropousses. C’est en autodidacte qu’elle a appréhendé cette culture qui consomme peu d’eau et ne nécessite pas d’engrais. Si elle pensait vendre ses produits aux particuliers, elle s’est finalement tournée vers les restaurateurs.

En novembre 2022, à Mouriez dans le Pas-de-Calais, la vie de Valérie Defontaine-Lobel, 52 ans, a pris un nouveau tournant. Elle a décidé de se lancer dans la culture de micropousses. Une activité à l’heure actuelle secondaire, mais que l’entrepreneuse entend développer. « Mon conjoint est commercial chez l’un des leaders français indépendants de semences. Un soir, il m’a parlé de cette nouvelle gamme de graines : les micropousses. Je me suis passionnée pour le sujet et j’ai décidé de me lancer », confie la dirigeante de la ferme « La micro pousse du bout d’haut ».

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Seulement, l’agricultrice comprend qu’entrer sur ce marché de niche n’est pas une mince affaire. « Il existe peu de formations. J’ai même eu du mal à trouver des livres qui parlent de ces plantes aux qualités nutritives exceptionnelles », affirme Valérie Defontaine-Lobel. C’est pourquoi, elle a finalement décidé d’y aller à tâtons. « J’ai appris sur le tas, en faisant des expériences et en apprenant de mes erreurs, se souvient l’agricultrice avant de poursuivre. Finalement, je me suis rendu compte que chaque graine à ses spécificités. Certaines doivent être trempées dans l’eau avant d’être placées en salle de germination, alors que d’autres non. » Au total, un mois d’expériences a été nécessaire. « Je n’ai pas réalisé de chiffres d’affaires durant cette période, mais j’étais obligée de passer par cette phase, pour vendre des produits de qualité et en quantité », assure l’entrepreneuse.

Une culture alternative qui consomme peu d’eau

Micropousses de bourrache, de tournesol, de capucine, de radis, de coriandre, de moutarde, ou de pois… Aujourd’hui, l’agricultrice est confiante, elle maîtrise les techniques attenantes à ces cultures. « Les conditions climatiques actuelles nous contraignent à revoir nos modes de culture. Les micropousses s’avèrent être une alternative ingénieuse qui permet de réaliser des économies d’eau et qui ne nécessite aucun apport d’engrais », fait remarquer Valérie Defontaine-Lobel. Seule contrainte : il faut être patient et prendre le temps d’observer. Trois étapes sont indispensables et se déroulent dans deux locaux de 30 m2 chacun. La première : c’est la préparation des graines. « Certaines graines ont besoin d’être trempées dans l’eau… Mais c’est tout ce que je peux vous dire. Le reste, ce sont mes petits secrets que j’ai découverts au fur et à mesure », explique l’entrepreneuse.

Une fois préparées, les graines sont disséminées dans des bacs, sur du terreau, puis placées en salle de germination. « La salle est plongée dans le noir. À l’intérieur, la température doit être de 18 °C », détaille Valérie Defontaine-Lobel. Après la germination, généralement au bout de deux à trois jours, direction la salle de pousse. « Les graines sont alors placées sous des lampes LED. La température est de 23 °C », poursuit l’agricultrice. Quelques jours plus tard, place aux cotylédons. Il faut alors attendre que les feuilles grandissent et que les coques (téguments des graines) tombent. « La plupart du temps, nous récoltons les micropousses au stade « cotylédons ». Mais pour certaines micropousses, il est possible de les garder plus longtemps pour les récolter au stade de vraies feuilles. Il faut être vigilant, car d’autres sont amères à ce stade plus avancé », partage Valérie Defontaine-Lobel.

Réorientation vers le marché de la restauration

Au lancement de son activité, l’agricultrice avait pour idée de s’adresser aux particuliers. Seulement, le marché n’a pas pris. « Les particuliers ne sont pas habitués à en cuisiner et encore moins à en manger », avoue la cultivatrice. Elle a donc réorienté sa clientèle et s’est mise à démarcher les restaurateurs. « La plupart du temps, ils utilisent les micropousses pour décorer leurs assiettes et ajouter de la couleur dans leurs plats. Après quelques jours de sourcing, une dizaine de restaurateurs ont mordu à l’hameçon », se réjouit-elle.

Mais il a fallu que Valérie Defontaine-Lobel s’adapte. « Au départ, j’ai eu beaucoup de perte, car je semais certaines variétés et les restaurateurs m’en réclamaient d’autres. Et comme les micropousses ne se conservent qu’une semaine au frigo, la plupart du temps elles partaient à la poubelle une fois récoltées… », se désole l’agricultrice. Alors, en collaboration avec ses clients, Valérie Defontaine-Lobel a mis en place un planning. « Chaque semaine, ils font la liste de ce dont ils auront besoin la semaine suivante. » Cela permet à l’entrepreneuse d’anticiper. « Je cultive sur demande. Les récoltes se font la veille au soir et sont livrées le lendemain matin ». Quant aux prix de vente, l’entrepreneuse est restée discrète. Mais elle précise tout de même : « Comme je n’ai pas de concurrence sur le territoire, donc pas de comparaison, j’ai fixé moi-même mes prix ». Pour le moment, Valérie Defontaine-Lobel a une activité salariée extérieure en complément. Mais elle a pour idée de diversifier ses activités agricoles pour en faire son revenu principal. Dans cet objectif, elle a lancé la production de champignons bruns. Et l’année prochaine, elle prévoit de consacrer un hectare aux asperges.

« Je cultive sur demande. Les récoltes sont livrées le lendemain matin »

Des plantes aux qualités nutritives exceptionnelles

Que ce soit la bourrache, le tournesol, la capucine ou encore le radis, toutes ces micropousses sont dotées de qualités nutritives exceptionnelles. « Des études scientifiques ont prouvé que les micropousses sont quatre à six fois plus nutritives que les légumes à maturité », témoigne Valérie Defontaine-Lobel. De plus, les microgreens, comme les appellent les Anglais, sont aussi source de vitamines B et C. « Par exemple, les micropousses de radis sont aussi riches en vitamines C que les oranges », assure l’agricultrice. Enfin, elles contiennent de nombreux oligoéléments (phosphore, potassium, manganèse, zinc, fer, calcium, cuivre…).

De nombreux projets dans les cartons

Si Valérie Defontaine-Lobel n’a pas réussi à attirer les particuliers, elle n’abandonne pas pour autant cette clientèle. Avant de vendre ses produits, elle aimerait les faire découvrir à ses clients. Pour ce faire, l’agricultrice veut développer un kit de culture. « Ce qui est pratique, c’est que les micropousses prennent peu de place. Un particulier, qu’il soit en appartement ou dans une maison, peut en faire pousser ». Et pour sensibiliser dès le plus jeune âge, Valérie Defontaine-Lobel songe à des partenariats avec les écoles. « Je ferais visiter les lieux aux enfants. Il y aurait aussi un atelier plantation pour qu’ils apprennent à cultiver eux-mêmes des micropousses. » De quoi transformer les enfants en véritables ambassadeurs auprès de leurs parents et, peut-être, changer nos modes de consommation.

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