Sud-Est
L'optimisme est de rigueur
Passé de 100 000 t à 60 000 t, le potentiel français de raisin de table s'est adapté à cette nouvelle donne et a su résister à la concurrence.






Dans le Sud-Est, la récolte de raisin de table se présente bien. « Nous sommes sur un potentiel national entre 55 000 et 60 000 t, indique Alexandra Lacoste, directrice de l'AOPn Raisin de table. Ces chiffres sont issus du dernier recensement général de l'agriculture (2012). Il est donc difficile de les affiner. Néanmoins, il semble que le potentiel, après des transferts du raisin de table vers la cuve, se soit stabilisé. » Le potentiel du Sud-Est est estimé à 32 000 t et les 3 000 ha sont situés surtout en Vaucluse (plus de 60 % des superficies). « Nous allons vers une petite récolte à - 30 % de ce chiffre de référence, mais avec de belles grappes un peu plus précoces que l'an dernier. »
En 2014 déjà, la récolte avait été amputée du même pourcentage mais les résultats commerciaux avaient été « satisfaisants dans un contexte déprimé. Le raisin français a fait l'objet de mises en avant, en complément de l'Italia, qui ont contribué favorablement à son écoulement et à des ventes fluides. » S'ajoutent à cela une baisse des importations (-5 % par rapport à 2013) à 133 195 t et une hausse des exportations (+ 17 %) à 15 980 t.
Meilleure maîtrise de la longue conservation« Auparavant, nous étions sur un pic de production et de commercialisation sur une semaine, ajoute-t-elle. Désormais, nous sommes sur un plateau de trois semaines. A l'évidence, les organisations de producteur ont appris à maîtriser les volumes et se sont spécialisées sur ce segment. Cette stratégie correspond à une demande de la distribution qui est à même de payer le différentiel prix qu'entraîne le stockage. Mais la longue conservation ne s'improvise pas et elle doit déjà être préparée à la parcelle. »
Le grand chantier pour l'avenir sera la rénovation variétale. Régis Hochart, membre du Conseil économique, social et environnemental, a conduit une étude en 2014 à la demande du ministère de l'Agriculture, sur le devenir de la production fruitière en France : “Le raisin français ne peut se positionner sur une compétitivité prix, mais s'imposer comme raisin haut de gamme et ce d'autant plus qu'il ne représente qu'une fraction limitée de la consommation. Associé à une recherche variétale, ainsi que le propose l'AOPn Raisin de table, il y a un avenir pour cette production en France. Elle dispose d'atouts indiscutables, avec des raisins de qualité reconnue, portés par deux AOC (Muscat du Ventoux et Chasselas de Moissac) (lire pp. 35 et 36). Le différentiel prix import/export indique bien que cette qualité peut trouver sa reconnaissance hors de nos frontières.”
Rester dans le haut de gamme« Actuellement, tout ce qui se plante en Muscat est du haut de gamme, souligne Alexandra Lacoste. Néanmoins, le besoin se fait sentir d'un élargissement de la gamme pour que le raisin français occupe le linéaire toute la saison. Il pourrait y avoir par exemple une nouvelle variété blanche apyrène. Danlas se fait vieillissant et tous les acheteurs ne sont pas convaincus par Centennial, la variété apyrène. C'est un raisin qui est difficile à travailler, s'égrène facilement et présente des défauts d'aspect en dépit d'une belle note aromatique. » L'AOPn a rédigé une note d'information aux acheteurs afin que Centennial passe plus facilement le stade de l'agréage. « Mais il faudrait trouver mieux. Un noir précoce ou apyrène serait une solution. Cependant, il n'y a que peu de demande et encore moins de proposition. A planter du raisin noir, les producteurs préfèrent le Muscat. Le noir du futur sera supérieur au Muscat ou identique a minima. Quant aux variétés roses, face au Red Globe, il faudrait trouver une variété gustative et visuelle, sinon elle ne passera pas. Enfin, la demande en bio est soutenue et le produit paraît rémunérateur. Les variétés résistantes sont une autre piste sérieuse. Ceci étant, au sein de l'AOPn, nous sommes plutôt optimistes. Le chiffre d'affaires est en progression et il est stratégique pour les exploitations. »