« L’irrigation du panais peut s’envisager au goutte-à-goutte »

Témoignage de Jérémy Bellanger, conseiller en production légumière au Comité départemental de développement légumier (CDDL).
La culture de panais est une culture importante sur le bassin de production de l’Authion (Maine-et-Loire). Pour celle-ci, une bonne maîtrise de l’irrigation est essentielle afin d’assurer une bonne levée et construire le rendement recherché. Mais, les exploitations de ce bassin sont soumises à des autorisations de prélèvements ainsi qu’à des restrictions d’usage de l’eau en période estivale. Aussi, sans référence sur cette culture, le système goutte-à-goutte qui permet d’accroître l’efficience des irrigations a été évalué avant de le démocratiser auprès des producteurs. Ainsi, le CDDL a mis en place en 2018 un essai goutte-à-goutte sur une parcelle de panais semée fin avril en sol sableux en comparaison à un témoin irrigué par aspersion dans le cadre d’un projet régional sur la thématique, piloté par l’Arelpal (Association régionale d’expérimentation légumière des Pays de la Loire), et auquel participent également d’autres partenaires techniques de la filière. L’essai a montré des résultats intéressants et encourageants sans différence significative entre les deux modalités lors de la levée des graines. Les panais irrigués au goutte-à-goutte se sont ensuite développés plus rapidement que ceux de l’aspersion sur les premières semaines. Puis le rendement commercial de la modalité goutte-à-goutte a été supérieur à l’aspersion, malgré un stress hydrique important enduré par les panais de la modalité goutte-à-goutte, suite à un problème de filtre. Le goutte-à-goutte a montré un taux de déchet de 20 %, majoritairement des petits calibres, tandis que la modalité aspersion avait deux fois plus de déchets, principalement des panais fourchus, trapus ou éclatés. De manière générale, les panais irrigués en goutte-à-goutte avaient des racines plus fines et plongeantes, et homogènes, que ceux de l’aspersion, trapues et très hétérogènes, ce qui a entraîné un coût de main-d’œuvre à la récolte plus important pour l’aspersion, commente le spécialiste. Le binage est resté réalisable dans la parcelle goutte-à-goutte malgré les gaines. Enfin, une économie d’eau de 30 % a également été possible par rapport à l’aspersion. Cet essai nous permet aussi de constater qu’une période de stress intense en début de remplissage des racines, n’hypothèque pas la récolte de la culture malgré la perte de calibre occasionné. Cette expérience sera réitérée en 2019 afin de consolider ces observations.