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Congrès Légumes de France
Les maraîchers restent dubitatifs face à l’émergence du e-commerce

Les producteurs de légumes, réunis au Mont Saint-Michel les 15 et 16 novembre, ont débattu du prix de la main-d’œuvre et de leur place dans l’offre internet.

Les producteurs normands, puissance invitante du Congrès 2018 de Légumes de France, devant la traditionnelle pyramide de légumes.
© Philippe Gautier - FLD

Carrefour qui s’associe à Google, Monoprix présent sur Amazon (qui vient de lancer sa “boutique de producteurs”)… la distribution est en plein bouleversement. “Quelle place à terme pour le producteur de légumes ?” était le sujet d’une table ronde durant le congrès de Légumes de France. Et cela à l’heure où Amazon Business (la branche BtoB du géant américain, 875 M€ de chiffre d’affaires) frappe à la porte de l’Europe. « Notre pays est le champ de bataille entre Google et Amazon », a asséné d’emblée Bertrand Jouin (Diamart Consulting) alors que Nils Aziosmanoff (centre de création numérique Le Cube) rappelait la perte de valeurs et de sens qu’engendre ce type de distribution. Ce à quoi Bernard Guillard, président de l’AOP Jardins de Normandie, a rétorqué : « Les marques des coopératives portent ces valeurs tout en étant hors de cela ». Denis Digel (Cœur Paysan à Sélestat dans le Bas-Rhin) n’a pas caché son sentiment : « Cela donne le vertige ! on ne peut pas être bras ballants devant l’anonymat alimentaire actuel. Avec Cœur Paysan, nous avons fait le choix du contact et du savoir-faire local ». Clément Le Fournis (monpotager.com) est allé dans le même sens : « Notre exploitation dans la Marne travaille en vente directe. Nous avons fait le choix d’investir dans la distribution et non dans l’outil de production. C’est une stratégie d’entreprise ».

Bertrand Moulins, responsable f&l de Metro Cash & Carry (seule enseigne présente au congrès) a néanmoins indiqué que l’évolution allait vers l’omnicanal (entreprises présentes aussi bien sur le net qu’en magasin) et vers une “démassification” de l’offre : « Les achats sont de plus en plus personnalisés. Pour le producteur, la valeur réside dans la capacité à proposer des variétés qui interpellent encore le consommateur ». Le magasin n’est pas appelé à disparaître mais à évoluer. Légumes de France entend demeurer attentif aux évolutions en veillant « à ne pas opposer les différents types de distribution, comme nous ne le faisons pas entre le bio et le conventionnel », l’a rappelé Bruno Vila, secrétaire général.

Bertrand Moulins, responsable f&l de Metro Cash & Carry : « Les achats sont de plus en plus personnalisés ».

Entendu au congrès Légumes de France

Bientôt une commission Bio pour Légumes de France

Légumes de France a travaillé à la constitution d’une commission Bio en son sein. Pour Bruno Vila, le secrétaire général, « pas question d’être des ayatollahs du bio. L’essentiel est que soient représentés dans le syndicat le bio, le conventionnel et aussi ceux qui ont une partie de leur production en bio. La France a déjà le cahier des charges le plus compliqué au monde ».

Le projet de Brécey irrite

On avait promis de ne pas en parler. Mais bon, Christophe Rousse, président de Solarenn (et secrétaire général adjoint de Légumes de France), a tenu à évoquer, lors du congrès de Légumes de France, les 17 ha de serres à Brécey dans la Manche, projet mené par des producteurs hollandais « sans aucune concertation avec les producteurs et à propos duquel l’AOP nationale n’est pas favorable ».

Dur, dur d’éduquer le client

Clément Le Fournis (monpotager.com) s’est fait le chantre de l’éducation du consommateur : « Il faut savoir lui dire que s’il y a un trou de ver dans la pomme, c’est parce qu’elle est bonne ». « Bon courage ! », lui a répondu en substance l’audience.

Coût du travail : disparités ahurissantes

En introduction de la table ronde sur la main-d’œuvre agricole lors du congrès de Légumes de France, certains chiffres diffusés ont fait frémir les participants. Le salaire horaire brut en France est de 9,88 €, en Allemagne 8,84 € (-27 %), en Espagne 6,21 € (-35 %), en Italie 6 € (-37 %) et en Pologne 2,41 € (-75 %). Quant au Maroc, il est carrément hors jeu à 0,60 € (-94 %) !

En Europe de l’Est, le salaire, c’est tabou

Le coût de production serait-il un sujet tabou ? En tout cas, Pierre Martin (Groupe des employeurs des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne) l’a laissé entendre : « C’est un sujet difficile à aborder, surtout avec les Européens de l’Est. On peut parler avec eux de conditions de travail, de flexibilité mais pas de salaires ! ».

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