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Medfel - Les agrumes à l’honneur
Le marché des agrumes en plein recentrage

Sur un marché mondial des agrumes en pleine progression, le bassin méditerranéen cherche une place sur les étals plutôt en haut de gamme et privilégie les petits agrumes.

Après une campagne record – voire historique – en 2012-2012, les pays méditerranéens vivent une “petite saison” en 2012-2013. Les extensions de surface ont été réduites, seuls deux pays continuent à augmenter leurs vergers de petits agrumes notamment : la Turquie et le Maroc. Quant à l’Espagne et Israël, ils ont restructuré leurs vergers pour remplacer les variétés peu rentables par des petits agrumes haut de gamme. Trois tendances apparaissent : le préemballé ne fait plus recette, Nadorcott domine et Or confirme sa place sur le marché.

L’effet discount du préemballé
Dans la filière, de la production jusqu’aux étals, le prix du préemballé ne rémunère aucun coût de fabrication. Pas étonnant si au détail, il siphonne les ventes de vrac qui s’étiolent. Même le prix du petit colis en carton, le plus souvent de 2,3 kg net, s’est bradé jusqu’à moins de 1,60 € départ au plus fort de la saison. Contrairement au girsac, dont la fabrication est automatisée, le remplissage de ces colis carton se fait à la main. Si le prix de vente intégrait cette donne, il serait de 0,70 € plus élevé qu’un équivalent girsac.
En période de fragilité du marché, ces ventes de dégagement se sont faites à perte. « Lorsque ce colis a pris son envol, nous étions l’un des plus gros faiseurs, explique Laurent Bofill, directeur de Fontestad France. Aujourd’hui, nous n’en proposons quasiment plus. »
Les prix bas incitent à les remplir avec des petits calibres ou des variétés de second choix. Dans un marché qui manque de dynamisme, les solutions commerciales pour gérer les pics de production ne sont pas légion. L’hiver fut si pluvieux que la ligne des fruits vendus avec feuille à prix premium est souvent restée en veille.
En France, de mauvais chiffres tombent. Selon une analyse du CTIFL sur les agrumes, plus de la moitié des achats des ménages repose sur le préemballé. Mais celui-ci se vend à prix de plus en plus cassé. Sur une période de quatre ans, l’écart atteint - 0,70 € par kilo d’agrumes contre - 0,30 € pour l’ensemble des fruits. Les ménages ont tranché contre le vrac dont les ventes reculent de 21 % en oranges et de 12 % en clémentines. Le préemballé n’absorbe plus car ses ventes sont stables. Le secteur des agrumes d’hiver n’en a donc toujours pas fini avec la crise. La campagne qui s’achève n’a pas permis d’augmenter les prix. En revanche, l’indicateur de chiffre d’affaires des entreprises interrogées gagne environ 10 %. Mais « c’est essentiellement lié à un effet calibre », observe Régis Picard, responsable commercial France de Del Sol.
Notre voisin hispanique a aussi des déceptions à propos de comportements agronomiques. La durée de vie des hybrides tardifs Clemenvilla et Fortuna pose question car ils sont sensibles aux maladies fongiques. La baisse du potentiel affecte déjà le mois de février, qui est aussi le principal mois de retournement à la hausse du marché.

L’Afourer sans rivale
Depuis quarante ans, l’obtention de petits agrumes dits “easy peeler seedless” est le Graal de la recherche variétale.
Avec un rendement adulte de 50 à 80 t, une entrée rapide en production, Nadorcott n’a pas de rivale. On comptera 115 producteurs affiliés cette fin d’année, soit le double de l’an passé. Cette année, Idyl met déjà en marché 8 000 t de Nadorcott pour un verger de 300 ha. Comme chez les autres fournisseurs, la part de caisse vrac bois de 10 kg est élevée. La part du groupe Geda a doublé à 60 000 t en trois ans. Dans cinq ans, la récolte de l’Afourer sera de 200 000 t. Elle est plantée dans cinq régions du Maroc (Marrakech, Gharb, Beni Mellal, Souss, Chichaoua et Safi). Depuis 2009, les aides aux plantations d’agrumes ont été relevées. L’Afourer a pour obligation d’être étiquetée comme telle. La dénomination variétale est bien plus variable. Rebaptisée Nadorcott, son introduction en Espagne a si bien réussi que 2,2 millions de plants y sont répertoriés. Les royalties sont élevées car des producteurs disent verser jusqu’à 7 e au Geslive, via les pépiniéristes. Les royalties perçues sur cette variété sont bien à la hauteur de ses origines.
Une version quasiment sans pépins a été lancée sous la marque commerciale Clemcott. Pour y prétendre, les fruits doivent être issus de vergers assez isolés pour éviter les fécondations croisées. L’association Clemcott compte vingt-deux metteurs en marché dont la part des ventes serait de près de 20 % du potentiel espagnol de Nadorcott.
Dans l’hémisphère Sud, elle est lancée sous le nom de Clemengold, en Afrique du Sud ou au Pérou. Il est prévu d’en vendre 50 000 t en 2015. SanLucar, un gros fournisseur espagnol la gère déjà sous ce nom à l’année quelle que soit sa provenance. Cela permet de fidéliser la clientèle avec la même référence.

Israël mise sur l’Or
La variété Or a donné des espoirs de renouveau en Israël. Les exportations d’Or, d’Orri et des autres hybrides très proches de Murcott, dont Ora, ont doublé en cinq ans. Elles pourraient friser les 100 000 t dès cette année. Les exportations d’agrumes stagnent à 180 000 t alors qu’elles atteignaient 300 000 t dans les années 90.
Orri, qui a obtenu son certificat d’obtention végétale européen en 2000, représente l’essentiel du tonnage. Le prix de l’Orri d’Israël était récemment à mi-chemin entre celui de la Nadorcott qui débute à 1,40 € et de l’Orri d’Espagne sur la base d’un écart moyen de 0,30 €. On estime que les surfaces en Espagne sont d’environ 300 ha.
Selon certains opérateurs, le gustatif de l’Orri est supérieur à celui de sa rivale Nadorcott. Mais son rendement serait trois fois plus faible. Elle a donc une vocation haut de gamme. Un club variétal serait en voie d’être constitué sous l’égide de AMC Group qui en gère les droits en Espagne.

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