LÉGUMES ANCIENS
Le délicat créneau des légumes anciens
Orientée sur les légumes depuis 2007, la SCA Pomeco s'est spécialisée dans les légumes anciens. Elle affine peu à peu ses techniques pour ces légumes pas si faciles à produire.
Orientée sur les légumes depuis 2007, la SCA Pomeco s'est spécialisée dans les légumes anciens. Elle affine peu à peu ses techniques pour ces légumes pas si faciles à produire.
Produire et commercialiser des légumes anciens n’est pas si facile. Il reste encore beaucoup à préciser... »
CHRISTOPHE CARDET, SCA Pomeco
Après avoir produit de la pomme, la SCA Pomeco s'est réorientée vers les légumes lors de son rachat par Bertrand et Denis Cornilleau et l’arrivée comme associé de Christophe Cardet. Basée à Allonnes (49), la SCA Pomeco exploite 90 ha dont 3 ha de tunnels. Elle cultive en plein champ 25-30 ha de légumes (radis noir, panais, topinambour, rutabaga parfois, petits pois et fèves pour le marché du frais) et 15 ha de maïs semence, le reste en engrais verts. Et sous abri, ces spécialistes de la diversification produisent des navets bottes, des radis et des semences potagères. Les légumes sont vendus en direct à des grossistes de la région et de Rungis. Le radis noir est récolté de septembre à mars. Les variétés population "Poids d'Horloge" et "Long noir maraîcher" sont semées fin juillet-début août en planches de trois rangs à 10-12 graines/ml de rang. « Cela permet de biner au stade 3-4 feuilles puis au stade tubérisation », précise Christophe Cardet. Le désherbage est complété par un passage de Butisan au semis. La fertilisation en cours de culture est assurée par 200 kg/ha d'azote retard. De plus, ce légume suit souvent un engrais vert. Les pois et fèves cultivés au printemps représentent aussi un apport d'azote non négligeable dans nos sols sableux. La principale difficulté est la protection contre la mouche du chou. « Pour cela, nous installons des voiles anti-insectes dès le début de la culture. La gestion des voiles pour les interventions est une contrainte importante », mentionne le professionnel. Le rendement varie de 30 à 40 t/ha. Les radis noirs sont récoltés manuellement puis stockés en frigo pour la commercialisation hivernale. « Le calibre recherché est de 400-500 g, ce qui n'est pas toujours facile à obtenir. Les pertes en stockage peuvent atteindre 15-20 % si le radis noir n’est pas récolté à maturité », précise-t-il.
Préserver la blancheur des panais
En panais, la sélection étant plus importante pour ce légume très consommé en Angleterre, les producteurs cultivent trois variétés sélectionnées, Albion, Javelin et Palace. Les graines sont semées en planches de trois rangs de début mai à fin juin à 15-17 g/ml. Une difficulté du fait de l'utilisation de graines enrobées est d'assurer une levée homogène. Une autre est la protection contre la mouche de la carotte. « Nous suivons le Bulletin de santé du végétal. Et nous avons recours au binage pour détruire les pontes qui se font près des racines, et parfois à un insecticide », révèle Christophe Cardet. Itersonilia pastinacae est aussi un problème préoccuppant. Ce champignon se développe sur le feuillage puis tombe sur le collet, provoquant des taches pourpres rendant la racine invendable. « Pour le panais, la blancheur est essentielle. Nous veillons donc aux rotations, car Itersonilia se conserve dans les sols. Et selon le climat de l'automne, nous appliquons parfois un ou deux fongicides », explique le spécialiste. La culture est fertilisée par 200-300 kg/ha d'azote retard. Le rendement atteint 20-30 t/ha. Les panais sont récoltés manuellement après passage d'une lame souleveuse. Pour préserver leur blancheur, ils sont récoltés chaque jour, de septembre à fin février.
Nécessité d'une bonne organisation logistique
Pour le topinambour, les plants sont issus d’une souche locale du type Violet de Rennes et sont produits sur l'exploitation. Ils sont plantés en mars pour une récolte de fin septembre à fin décembre. Les seules interventions sont l'apport d'un amendement organique, un ou deux binages avant que les plants ne soient trop hauts et une irrigation régulière. Les tubercules sont récoltés manuellement après passage d'une lame souleveuse. Le rendement varie de 10 -12 t/ha en septembre à 30-35 t/ha en décembre, les tubercules continuant à grossir en terre. La principale difficulté est liée aux déformations et « tétines » pouvant apparaître sur les tubercules en lien avec le sol, le climat, l'itinéraire technique. Là aussi, la récolte est faite chaque jour, pour préserver la fraîcheur des tubercules. « Produire et commercialiser des légumes anciens n'est pas si facile, souligne Christophe Cardet. Il reste encore beaucoup à préciser sur l'irrigation, la protection des cultures, le désherbage, la mécanisation. L'organisation logistique et commerciale est également essentielle pour livrer chaque jour des produits de qualité ».
Importance de l’irrigation
L’irrigation est un point-clé pour les légumes anciens et constitue un des savoir-faire des producteurs. Elle est essentielle pour le panais et le topinambour, avec la nécessité d’apports réguliers à raisonner selon les sols, l’état physiologique des plantes et la disponibilité en eau. Des travaux sur l’irrigation des panais et topinambours sont réalisés par le CDDL dans le cadre du programme Elegance.