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MAIN-D’OEUVRE
Le Coco de Paimpol menacé

Le changement du mode de rémunération des ramasseurs de haricots Coco de Paimpol, imposé depuis cette année, remet en cause l'équilibre économique de la production.

DEUX MILLE À 2 500 PLUMEURS DE COCO seront obligatoirement rémunérés sur la base du Smic et plus au-delà de 120 kg ramassés.
© V. BARGAIN

La remise en cause de la rémunération à la tâche des ramasseurs de haricots Coco de Paimpol, après plus de 24 années d'application, est tombée comme un coup de massue dans le Landerneau breton (voir encadré). Fin 2016, ce mode de rémunération a en effet été dénoncé par plusieurs syndicats de salariés (CGT, CFDT et CFE-CGC) demandant le respect d'une rémunération équivalente au Smic horaire, accompagnée d'une amélioration des conditions de travail. Après de multiples rencontres entre producteurs, syndicats des salariés et la Direction régionale de l’emploi (Direccte), et bien que 836 saisonniers ont signé une pétition demandant le maintien du système en cours, un compromis a finalement été signé en avril. La rémunération des saisonniers à la tâche est maintenue, mais avec une comptabilité des poids et des heures et au final l'obligation d'une rémunération minimale au Smic. Et au-delà de 120 kg ramassés pour sept heures de travail, le travail doit être payé en heures supplémentaires.

Le choix des plumeurs les plus performants

« Ce compromis amène de nouvelles contraintes pour les producteurs, souligne Gilbert Brouder, président de l' Union des coopératives de Paimpol et de Tréguier (UCPT). La distance entre les parcelles, l'impossibilité pour les exploitants d'être présents partout simultanément, les aléas de la récolte... rendent la comptabilité des poids et des horaires très compliquée. Des formations pour les producteurs sont en cours. Ce nouveau mode de rémunération entraîne aussi une forte augmentation du coût de revient et l'équilibre économique devient très difficile. Une baisse des surfaces est probable. Et les producteurs qui continueront à embaucher devront faire le choix des plumeurs les plus performants et professionnels ».

En 2016, environ 6 000 tonnes de Coco de Paimpol ont été commercialisées par l'UCPT. Deux cents producteurs en cultivent 1 000 ha dans la région de Paimpol, pour un chiffre d'affaires de neuf millions d’euros. Mais ce changement du mode de rémunération des plumeurs intervient dans un contexte déjà délicat au niveau de la valorisation du produit. Le fait que le consommateur doive l'écosser est en effet un frein à sa consommation par les plus jeunes. Les producteurs sont conscients qu'ils doivent rajeunir leur clientèle en proposant des produits plus adaptés aux modes de consommation actuels. Des essais d'écossage en station sont donc menés depuis deux ans et seront accentués en 2017 pour permettre une offre de grains sous vide ou surgelés.

2 000 à 2500 plumeurs rémunérés à la tâche

Premier haricot à obtenir en France une appellation d’origine contrôlée en 1997, le Coco de Paimpol est un haricot blanc frais à écosser, traditionnellement vendu en sacs de 10 kg, 5 kg et 1 kg. La récolte, qui a lieu de début juillet à novembre, est entièrement manuelle et réalisée par des saisonniers appelés « plumeurs », qui doivent leur nom au geste qu’ils font pour arracher les gousses de la plante, qui s’apparente au plumage d’une volaille. Chaque année, 2 000 à 2 500 plumeurs assurent la récolte du Coco qui était jusqu’ici rémunérée à la tâche. Beaucoup sont des femmes, des jeunes et des retraités qui y trouvent un complément de salaire et apprécient une certaine liberté dans les horaires. Mais il y a aussi des professionnels, souvent étrangers, qui recherchent un revenu maximum et peuvent ramasser 200 à 300 kg de haricots par jour. En 2016, le kilo de haricot était payé 0,45 €/kg, soit un Smic pour 130 kg ramassés par jour.

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