Salade : le choix variétal est un levier majeur de la qualité sanitaire des cultures
Grâce à l’acquisition de résistances aux bioagresseurs, l’amélioration génétique est considérée comme un levier majeur de la qualité sanitaire d’une culture de salades et donc de la réduction de l’usage des produits phytosanitaires.
Grâce à l’acquisition de résistances aux bioagresseurs, l’amélioration génétique est considérée comme un levier majeur de la qualité sanitaire d’une culture de salades et donc de la réduction de l’usage des produits phytosanitaires.
Les salades, essentiellement les laitues, ont à faire face à l’évolution rapide du Bremia lactucae, principale maladie avec de nombreuses mutations présentant différents niveaux d’agressivité. La race Bl 36 a été nommée récemment mais déjà des contournements de variétés annoncées « résistantes toutes races » ont été observées et laissent augurer de nouvelles nominations de souches de Bremia dans les prochaines années.
Plusieurs origines génétiques dans le même créneau de récolte
De fait, la création de variétés suit et au mieux précède l’arrivée de nouvelles races de ce champignon. L’observation de ces nouvelles obtentions est à la base du renouvellement des préconisations variétales. Ainsi, dans les préconisations variétales proposées pour la campagne 2020-2021 de salades d’abri par la Sica Centrex pour les producteurs des Pyrénées-Orientales, Aude Lusetti, responsable expérimentation maraîchage de la station, compte 18 variétés « entrantes » pour 16 variétés « sortantes ». « Beaucoup de variétés ont été retirées car elles ne disposaient pas de la résistance à toutes les races de Bremia, y compris Bl 36, ou ont montré des faiblesses face à la maladie », commente l’expérimentatrice. Elles sont donc remplacées par de « nouvelles génétiques ». Dans les Pyrénées-Orientales, les variétés retenues sous abri sont donc des variétés mentionnées Bl 16 à 36 EU, ou qui n’ont pas montré d’attaques importantes de Bremia, mais aussi qui ne présentent pas de sensibilité à la nécrose interne et ont un port de plante équilibré avec une belle présentation. Des commentaires signalent leur orientation de marché : 4e gamme, double fin, ou frais. Ces variétés disposent également d’autres résistances, notamment aux pucerons (Nr0), voire à la fusariose (FOL : 1). « Certaines de ces nouvelles variétés sont « à essayer » en nombre de pieds restreints, d’autres sont préconisées avec plus de certitudes dans leur créneau de productions », mentionne la spécialiste.
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Pour les batavias avec comme référence Nolanie, sept variétés sont nouvelles : Caracola, Jamie, 5088, Uniga, Norala, Rocambole et Pactole. Pour les laitues beurre, référence Lavendria, 6 nouveautés sur les 18 mentionnées, sont proposées : 3116, Minibar, Caneira, 13-75, 12-79, Myamar. Elles sont 3 sur 6 en Feuilles de chêne rouges : Camelai, Ayarai, E 772, et 2 sur 9 en Feuilles de chêne : 82-135 et Kineta. « Ces préconisations veillent à proposer plusieurs origines génétiques dans le même créneau de récolte pour sécuriser la production en cas de forte pression d’une souche de Bremia », précise Aude Lusetti. Elles permettent également de recaler les périodes entre plantation et récolte pour disposer de produits de qualité à la sortie du champ. Le tableau réalisé par la Sica Centrex mentionne aussi la disponibilité des variétés en semences bio de plus en plus fréquente chez les semenciers. Chaque année, les variétés récentes de laitues sont testées ainsi que les variétés en cours de sélection dans le réseau variétal de l’Aprel en comparaison des variétés de référence. Ainsi, pour les préconisations variétales élaborées en 2020, le réseau variétal d’expérimentation Aprel, auquel participe le Grab (Groupe de recherche en agriculture biologique) comprenait 67 essais dans les Ceta et Chambres d’agriculture des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse.
Pour couvrir l’ensemble des créneaux de production
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les qualités agronomiques d’une variété restent le critère prioritaire. Toutefois, le choix variétal pris en compte dans la stratégie régionale de lutte contre le Bremia concerne des variétés disposant d’un niveau élevé des résistances à la maladie, évalué dans le cadre du programme Elire . « Donc quel que soit le niveau de résistance au Bremia d’une variété, il est indispensable d’avoir une stratégie prophylactique pour éviter les contournements et maintenir la production », mentionne Antoine Maroteaux, ingénieur d’expérimentation laitue et chicorée verte CTIFL/Aprel. Dans la région, la principale destination de la laitue pommée est le marché de frais d’expédition. « Les variétés ayant un intérêt commercial pour cette destination sont retenues en priorité ». Pour 2020-2021, le renouvellement variétal est limité puisque pour couvrir l’ensemble des créneaux de production, d’automne précoce au printemps, seules cinq nouveautés sont mentionnées « A essayer » sur la vingtaine de variétés proposées. Le potentiel pour la 4e gamme est également signalé pour certaines d’entre elles par la mention « double fin ».
« En Batavia, les variétés à feuillage blond sont privilégiées pour satisfaire les attentes des distributeurs en termes de présentation », commente Antoine Maroteaux. Toutefois, celles à feuillage vert présentent un réel intérêt en période hivernale pour leur bonne résistance au froid et leur croissance rapide. « Les batavias vertes sont un créneau commercial à réserver au plein hiver », précise le document publié par l’Aprel. Sur les 17 variétés mentionnées, 6 nouveautés sont « à essayer », dont 5 dans le créneau des plantations précoces, fin août/septembre. « Il s’agit d’un créneau extrême en période chaude qui présente de nombreux risques : manque ou excès de volume, mauvaise présentation, montaison, bordage. Ceci nécessite des conduites adaptées au niveau de l’aération, de l’irrigation et de la fertilisation, du choix du paillage (blanc) et de la densité de plantation (12 plants/m²)», est-il précisé. La nouveauté se retrouve également chez les feuilles de chêne rouges avec 3 variétés « A essayer » sur 6 variétés présentées. En feuilles de chêne blondes, sur les 8 variétés proposées, 2 sont des nouveautés. Les préconisations régionales mentionnent aussi des variétés de diversification dans les types Lollo, Romaine, mini-romaine, sucrine.
Elire observe les variétés
Le programme d’expérimentation « Elire » vise à établir un classement des variétés résistantes au Bremia adaptées aux conditions pédoclimatiques régionales ainsi qu’aux différents créneaux de production. Financé par FranceAgriMer, il concerne l’Aprel, la Serail, LCA, la Sica Centrex, le Grab et les Chambres d’agriculture des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse. Les variétés sont évaluées selon une grille de notation prenant en compte plus de 25 critères incluant l’homogénéité, le développement, la souplesse, le remplissage, l’intensité de parage, la sensibilité au bordage et à la pourriture, la montaison, le poids moyen.