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La phénologie du pommier pilote l’itinéraire technique

Le cycle annuel du pommier Golden Delicious est ponctué d’étapes clés nécessitant des interventions à un stade phénologique précis. Pour préparer au mieux la logistique à mettre en place, il est nécessaire de prévoir chaque période cruciale pour l’itinéraire technique.

La gestion d’un verger de pommiers nécessite la connaissance des dates d’apparition des principaux stades clés du cycle annuel de développement du fruit. Intervenir aux moments opportuns, avec une équipe bien « dimensionnée » disposant des matériels et matériaux nécessaires à la bonne réalisation des travaux, va conditionner sa réussite économique.

Golden Delicious bénéficie du plus grand nombre d’enregistrements

Les stades importants pour le pommier sont nombreux : débourrement, floraison, stades propices au positionnement des éclaircissants et enfin la récolte, tant pour la programmation du début que de la fin. Les étapes les plus cruciales se déroulent sur une période courte, parfois moins d’une semaine et sont déterminantes pour la qualité du fruit. Les modèles informatiques traduisant le cycle de vie des arbres fruitiers sont peu nombreux, pas toujours disponibles et dépendants de la qualité des prévisions météorologiques. Pour pallier ce manque de données numériques, une « cartographie » de l’évolution des phénomènes peut être proposée en traçant les années extrêmes et la moyenne. Le positionnement des données annuelles observées va se traduire par une cinétique d’évolution et une probabilité d’apparition d’un stade spécifique. Effectuée sur le centre CTIFL de Balandran, cette méthode s’appuie sur la capitalisation de données relatives aux étapes clés du développement du pommier. L’enregistrement de la floraison a débuté en 1974 et la systématisation d’enregistrements plus précis de phénologie ou d’éléments de maturité a commencé en 1999. Il est utile de rappeler que le centre de Balandran se situe en Occitanie, dans le département du Gard(1). Le climat est de type méditerranéen. Les dates proposées et les cinétiques d’évolution sont donc plus adaptées aux zones méridionales de climat méditerranéen, mais elles fournissent une échelle de grandeur pour les autres bassins de production. La variété qui bénéficie du plus grand nombre d’enregistrements est Golden Delicious, du fait de sa présence récurrente au niveau des vergers expérimentaux et de son statut de référence, tant spatiale que temporelle.

Une cartographie de l’évolution de la floraison

Le développement du bourgeon à fleur du pommier a fait l’objet d’une description des stades phénologiques, précise par Jean Fleckinger, chercheur à l’Inrae. Cette description est largement connue et utilisée. Elle permet de fixer efficacement les repères aux interventions culturales, phytosanitaires et de gestion de la charge. Il est également possible d’utiliser une échelle dite BBCH (Biologische Bundesanstalt, Bundessortenamt und Chemische Industrie) qui est apparue dans les années 1990. L’évolution de la phénologie observée entre 1999 et 2019 sur le centre CTIFL de Balandran montre que la date de débourrement est étroitement corrélée avec la date de floraison. La température est le principal facteur de variation des deux années ne répondant pas à cette règle (2006 et 2008). L’écart entre le débourrement et le début floraison (soit 50 % des corymbes au stade F1 ou 10 % de fleurs ouvertes BBCH 61) est en moyenne de 27 jours, l’écart le plus court de 21 jours et le plus long de 37 jours. A partir de la date de débourrement d’une année à venir et en climat méditerranéen, on peut donc estimer la date de floraison. La cinétique d’apparition des stades phénologiques suivants et les variations de température par rapport aux normales saisonnières conduiront aux adaptations nécessaires pour affiner la prévision et réaliser les travaux inhérents à ce stade. La date de floraison de Golden Delicious peut également être estimée à partir des enregistrements réalisés entre 1974 et 2019. Cependant, une moyenne globale n’a plus de sens pratique pour être calculée. En effet, durant cette période, trois périodes assez distinctes apparaissent et se succèdent avec des hivers et des printemps froids (1974-1988), puis des hivers encore relativement frais mais marquant une première étape du réchauffement climatique (1989-2002) et désormais des hivers doux (depuis 2003). Aussi, le projet Cartophen, conduit par l’Inrae (Montpellier Supagro) et le CTIFL, propose une cartographie de l’évolution de la floraison de Golden Delicious au niveau français.

A lire aussi : un outil pour prévoir la date de floraison des pommiers Golden 

La floraison passée, une planification importante va rapidement s’imposer : la gestion de la charge en fruits par le positionnement des applications venant exacerber la chute naturelle. L’efficacité des régulateurs de croissance homologués pour cet usage est maximale sur une étroite plage de phénologie exprimée en millimètres par le diamètre moyen du fruit central. Sur la période 2012-2018, le stade 10 mm est atteint, selon les années, entre 13 et 21 jours après la pleine floraison (F2) alors que le stade 15 mm va l’être entre 21 et 27 jours après F2. Selon cette même source de données, le grossissement moyen est de 0,7 mm par jour. Cette valeur peut être utilisée pour prévoir les dates d’applications potentielles, les mesures en verger et le suivi météorologique amenant les correctifs nécessaires aux adaptations à une parcelle ou une année donnée.

L’enregistrement de données phénologiques et relatives à la maturité a été réalisé sur le centre CTIFL de Balandran sur la variété Golden Delicious pendant plus de vingt ans. Il peut se traduire par des courbes d’évolution moyennes et extrêmes. Le calendrier moyen établi pour Golden Delicious entre 1999 et 2018 est le suivant : débourrement 11 mars et début floraison 27 jours plus tard, soit le 7 avril, stade 10 mm obtenu 17 jours après F2, soit le 26 avril. A la nouaison, le grossissement moyen du fruit central sera de 0,7 mm/jour (sur la plage entre 5 et 20 mm). La récolte débutera le 3 septembre au stade 5 d’amidon. Les caractéristiques physico-chimiques du fruit vont évoluer et se caractérisent sur dix jours par un gain moyen d’amidon de 1,5 point, une perte moyenne de fermeté de 400 g/cm², un gain moyen de teneur en sucres de 0,5 % Brix et une perte moyenne d’acidité de 0,5 g/l. Pour chaque critère, les données extrêmes sont présentées, elles expriment la plage de variation obtenue sous l’influence des conditions climatiques. La diffusion de ces données s’étendra à Gala et Cripps Pink (cov), variétés qui ont également fait l’objet d’un enregistrement complet et systématique des indicateurs phénologiques, de grossissement du fruit à la nouaison et de maturité.

(1) Plus précisément dans la région des Costières de Nîmes, Plaine viticole du Bas Languedoc, commune de Bellegarde. L’altitude du centre est de 53 m ; température moyenne annuelle 14,8 °C ; total moyen des précipitations 678 mm (normales 1981-2010).

A partir de la date de débourrement d’une année à venir et en climat méditerranéen, on peut donc estimer la date de floraison, Vincent Mathieu, CTIFL

Décrire les stades phénologiques du pommier

 

 
La description des stades phénologiques du pommier par Jean Fleckinger (Inra) attribue une lettre aux principaux stades qui s’échelonnent de A à J. Chaque stade est subdivisé en quatre classes égales qui ont reçu un chiffre d’identification. Sur les 40 stades potentiels, seuls 15 sont couramment utilisés.

 

L’échelle dite BBCH (Biologische Bundesanstalt, Bundessortenamt und Chemische Industrie) est apparue dans les années 1990. Les principaux stades y sont classés par des nombres en base 10 dont le premier chiffre caractérise le stade principal de développement et le deuxième les évolutions intermédiaires. L’échelle BBCH décrit sur le même principe des organes végétatifs (de 0 à 49) et des organes reproducteurs (de 50 à 99). Elle inclut également la partie maturation et sénescence. Cette échelle fait référence au niveau international.

Trois périodes de floraison depuis 1974

1974-1988. Cette période se caractérisait par des hivers et des printemps froids et qui se traduisaient in fine par des dates de floraison tardives.1988 est une année repère établie à partir des travaux de Guedon et Legave (2008) qui ont clairement montré qu’une rupture statistique, tant à partir de données climatiques que phénologiques.

1989-2002. Cette période est définie arbitrairement par l’auteur. Durant ces 14 années, des hivers encore relativement frais pour satisfaire les besoins en froid sont suivis par des printemps chauds inducteurs de floraisons précoces. Cette période a constitué une première étape illustratrice du réchauffement climatique.

Depuis 2003. Cette période témoigne d’une tendance globale plutôt imputable à des hivers doux qui retardent la date de levée de dormance et de fait la date de floraison et ce, quelle que soit la météorologie printanière. Cette douceur hivernale a fait basculer de nouveau la floraison vers un cycle tardif.

Un stade phénologique pour la maturité

 

 
Le niveau de maturité des fruits à la récolte correspond également à un stade phénologique. Celui-ci a une influence déterminante sur l’aptitude à la conservation et à la qualité finale des fruits (désordres physiologiques ou maladies fongiques en cours d’entreposage). Le stade de récolte optimum correspond au moment où le fruit a constitué son potentiel de réserves et entame sa production d’éthylène qui le conduit progressivement vers la sénescence. La maturité se traduit par la conversion de l’amidon en sucre soluble, par la baisse de l’acidité et de la fermeté, ainsi que par l’augmentation du potentiel aromatique du fruit. Le suivi régulier de ces différents critères permet de fonder la décision du déclenchement de récolte. Ensuite, la connaissance de l’évolution de ces différents paramètres va renseigner sur les dates d’apparition des seuils en deçà desquels la perte de qualité est préjudiciable. Les données relatives à la maturité et à la qualité des fruits ont été obtenues entre 1999 et 2018 sur des arbres portant une charge commerciale réaliste. Ils ont été spécifiquement réservés pour un usage de suivi maturité et ne sont récoltés qu’après avoir atteint au moins le stade 8 d’amidon. Ces données concernent la régression de l’amidon, l’évolution de la fermeté, l’évolution de la teneur en sucres et celle de l’acidité malique.

 

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