La forficule, à la fois auxiliaire et ravageur en verger
La forficule est considérée comme un insecte prédateur généraliste utile dans les vergers de fruits à pépins. Cependant, son côté polyphage peut l’amener à se comporter en ravageur dans les vergers de fruits à noyau.
La forficule est considérée comme un insecte prédateur généraliste utile dans les vergers de fruits à pépins. Cependant, son côté polyphage peut l’amener à se comporter en ravageur dans les vergers de fruits à noyau.
La forficule, ou perce-oreilles, est active pendant la nuit. La forficule européenne, Forficula auricularia L., est l’espèce la plus répandue. Son cycle de développement conduit à la formation d’une seule génération par an. Cependant, selon la sous-espèce, on distingue une à deux périodes de ponte. La première couvée a lieu de novembre à janvier et la seconde vers mars-avril. Les pontes ont lieu dans des terriers au pied des arbres. Les œufs éclosent après une maturation allant d’une dizaine de jours à environ trois mois, selon la période de ponte. Chaque femelle pond de 23 à 55 œufs pendant la première et de 6 à 36 œufs lors de la suivante. Suite à l’éclosion, en général au début du printemps, on compte quatre stades larvaires de 40 à 50 jours. Tous les stades sont présents simultanément, conduisant ainsi à l’émergence successive des cohortes de février-mars à juillet-août. A l’automne, toutes les forficules sont à maturité et leur activité décroît en même temps que la diminution des températures. Cette nouvelle génération hiberne ensuite dans le sol. F. auricularia L. se nourrit d’une grande variété d’insectes, parmi lesquels le puceron lanigère, le puceron vert du pommier et le psylle du poirier, d’où son utilisation en tant qu’auxiliaire dans les vergers de fruits à pépins, de kiwi et d’agrumes. Mais les forficules se nourrissent également de végétaux supérieurs. Ainsi, en vignoble et en verger de fruits à noyau, on peut déplorer des attaques sur les jeunes feuilles des pousses foliaires en croissance, en plus de la dégradation occasionnée sur les fruits à l’approche de la maturité. Les morsures de 3 à 10 mm de diamètre favorisent également le développement de maladies fongiques comme la moniliose.
Moyens de protection
Lutte physique
La glu donne de bons résultats, à condition d’éliminer tous les éléments pouvant permettre aux forficules de contourner l’anneau de glu (branches touchant le sol, rejets, herbes hautes, structures de palissage…). La pose doit être réalisée avant la migration de l’insecte du sol vers la frondaison des arbres. La pose de glu est une opération longue et qui peut, dans certains cas, causer des altérations à l’écorce.
Piégeage
La technique de piégeage par bambous consiste à poser des bambous dans les arbres et sur le sol, et à récupérer les forficules agglomérées à l’intérieur. Cette technique nécessite peu de temps de pose, mais beaucoup de passages et de temps pour récupérer les insectes.
Le travail du sol réalisé en novembre peut réduire significativement la population de forficules au sol.
Des bandes de carton ondulé, de 10 à 15 cm de largeur, enroulées 2 à 3 fois autour du tronc ou des charpentières, permettent d’évaluer l’importance de la population colonisant la frondaison. Les forficules qui sont montées dans l’arbre durant la nuit se réfugient sous les bandes de carton durant la journée.
Lutte chimique
Seules deux matières actives sont autorisées, la lambda-cyhalothrine et la deltaméthrine. Or, ces deux substances font partie de la même famille chimique (pyréthrinoïdes de synthèse), ce qui peut poser des problèmes de résistance. Les applications doivent être réalisées pendant la nuit en raison du comportement nocturne de la forficule.
D’après Infos CTIFL n°318 - La forficule : un insecte auxiliaire et ravageur - C. Hilaire - J. Ruesch - M. Cellier - Y. Grall
La forficule fuit spontanément la lumière. Elle passe la journée cachée dans des endroits confinés obscurs, frais et humides, avec une température moyenne de 24 °C (anfractuosités de l’écorce, crevasses du sol…).
Les deux espèces de forficules, F. auricularia L. et F. pubescens, se différencient assez facilement. F. auricularia est bien plus grand que F. pubescens, ses ailes postérieures dépassent des élytres et sont bien visibles. Au contraire, les ailes membraneuses ne sont pas visibles chez F. pubescens. Chez les mâles, F. pubescens a la base des cerques plus longue que F. auricularia.
Il existe deux sous-espèces de Forficula auricularia L. La première, qui se situe principalement en zone méditerranéenne, se caractérise par une diapause imaginale et deux couvées par an, alors que la deuxième, qui se situe dans des zones de hautes altitudes ou plus au nord, n’a qu’une seule couvée par an.