Origine France
La banane de Guadeloupe et Martinique déroule son ruban bleu blanc rouge
L'UGPBAN dresse un bilan positif du test Banane française et entre dans la phase de déploiement du concept. Elle prévoit à terme une part de 10 à 15 % pour cette segmentation.

Philippe Ruelle, directeur général de l'UGPBAN, décrit le constat amer d'une banane pas valorisée à son juste niveau : « Les distributeurs ont laissé penser qu'une banane en valait une autre. Et c'est compliqué de communiquer sur la durabilité de notre banane. » Jean-Claude Marraud des Grottes, producteur et coordinateur du projet “Francité”, approuve : « La banane de Guadeloupe et Martinique, la seule banane française, n'est pas vendue plus cher alors qu'une tomate ou une fraise française sera vendue plus cher qu'une tomate ou une fraise espagnole. » La solution, ils l'ont trouvée et lancée en GMS il y a six mois (cf. fld hebdo du 4 mars et du 11 mars) : une marque forte, la banane française, avec un ruban tricolore inviolable, un mobilier adapté (alvéoles pour une présentation à l'anglaise) et une rupture dans le mode de commercialisation (vente à la pièce, 3 à 6 doigts, absence de pesée, prix fixes).
Vendue 0,25 €/kg plus cher à qualité et taille égales
Leur enquête révèle que les consommateurs sont intéressés par la mise en avant de l'origine France et le nouveau mode de commercialisation, tandis que le dispositif permet aux distributeurs de réduire le taux de casse en rayon « de moitié voire de 100 % » et d'augmenter le chiffre d'affaires du rayon. La banane française est valorisée puisque vendue environ 0,25 €/kg plus cher à qualité et taille identiques. Actuellement, cinq enseignes ont mis en place le concept (Intermarché, E. Leclerc, Système U, Casino, Cora) sur 500 supermarchés et hypers (drive compris). L'objectif à terme est d'atteindre « 4 000 magasins sur les 7 000 qu'il y a en France. Un sur deux, c'est réaliste ». François Dalle, directeur industriel, précise : « Nous passons à la phase de déploiement qui s'achèvera fin 2016 ou mi-2017. On veut installer cette innovation dans le paysage. »
La ligne où sont enrubannées et mises en colis les bananes avant d'être envoyées en mûrissage a été installée chez Dunfresh à Dunkerque. 650 000 € ont été investis pour la phase de test, auxquels s'ajoutera 1 M€ pour la phase de déploiement. La ligne reste la même mais une deuxième équipe viendra en renfort pour passer de 14 000 colis/semaine à 35 000 colis/semaine. Enfin, une troisième phase devrait être abondée d'un autre million pour mettre en place un deuxième atelier plus moderne (machines plus compactes, etc.) et atteindre 70 000 colis/semaine.
L'UGPBAN souhaite arriver à terme à une segmentation de 10-15 % en bananes françaises, de 8-10 % en bio (un producteur est certifié bio depuis 2015 sur 16 ha, bientôt 24 ha) et le reste en vrac et 1er prix.
Le déploiement du concept intervient alors que la filière f&l vient de lancer le logo “Fruits et Légumes de France”. L'UGPBAN est intéressée par la démarche. Mais elle souligne aussi sa spécificité. « On est 100 % banane française ! », et la banane est un produit qui reste en marge des f&l. « Il faut voir les conditions d'utilisation du logo », réfléchit Philippe Ruelle en rappelant que le CNIPT a lancé dans le même temps son propre logo.