Asperge : le criocère effectue jusqu’à trois générations par an
Ravageur spécifique des asperges cultivées, le criocère de l’asperge est favorisé par le changement climatique qui peut entraîner jusqu’à trois générations par an.
Ravageur spécifique des asperges cultivées, le criocère de l’asperge est favorisé par le changement climatique qui peut entraîner jusqu’à trois générations par an.
Le criocère est un coléoptère de la famille des Chrysomelidae, famille de coléoptères phyllophages dans laquelle on trouve aussi les altises, les doryphores… Le criocère appartient à la sous-famille des Criocerinae, dans laquelle on trouve trois genres, dont Crioceris sp. Deux espèces de Crioceris sp. sont des ravageurs des espèces cultivées : C. asparagi, le criocère de l’asperge, et C. duodecimpunctata, le criocère à 12 points. « Le plus abondant est le criocère de l’asperge, qui émerge plus tôt en saison, consomme toute la plante et cause plus de dégâts que le criocère à 12 points qui consomme plutôt les baies », précise Raphaël Rouzes, entomologiste.
L’adulte, de 5 à 6,5 mm de long, a des élytres bleu noir, avec 6 taches crème, et des fémurs bleu noir. Les œufs sont de couleur gris verdâtre foncé, fusiformes, souvent dressés les uns après les autres par séries de 3 à 10, collés perpendiculairement à la tige, sur les cladodes ou sur les fleurs. Les larves, de 2 à 7 mm de long, ont une très petite tête noire, trois paires de pattes et un abdomen bombé brun clair à gris. Elles passent par quatre stades larvaires. En se nourrissant, elles sécrètent un liquide noirâtre, constitué de matières fécales, pour se cacher des prédateurs. Au 4e stade, la larve descend dans le sol pour la nymphose, à 1 cm, sous le chevelu racinaire. Les nymphes, de 5 à 6,5 mm de long, sont de couleur blanc jaunâtre et entourées de substrats préalablement agglomérés par la larve en « logette ».
Hivernage sous l’écorce des arbres
Originaire du bassin méditerranéen, le criocère se retrouve aujourd’hui dans toute l’Europe, en Asie, dans toute l’Amérique du Nord, ainsi qu’en Argentine et en Afrique dans des régions où l’on cultive de l’asperge. Selon la chaleur et l’humidité, deux à trois générations peuvent se succéder dans l’année. 442 degrés jours, soit 28 à 42 jours, sont nécessaires par génération. « L’optimum de développement se situe entre 10 et 34 °C, précise Raphaël Rouzes. De grosses canicules peuvent donc entraîner de la mortalité. » Les adultes de la génération printanière arrivent mi-avril à début mai, à la pousse des asperges, pondent et vont donner des adultes en 30 jours. Chaque femelle pond 50 à 100 œufs.
« Les premières pontes donnent des adultes qui vont pondre début juin et amorcer une troisième génération. Les dernières donnent une génération qui va se bloquer l’été dans le sol sous forme de nymphes qui émergeront en septembre. Ces pontes échelonnées font qu’en plein été on peut observer dans l’aspergeraie à la fois des œufs, des larves et des adultes. Cet étalement et ce chevauchement des générations font que le ravageur est difficile à gérer. Et le changement climatique contribue à l’apparition de troisièmes générations, ce qui entraîne encore plus de dégâts. » L’hiver, selon la photopériode, vers le 15-30 septembre, les adultes hivernent dans des endroits secs, des tiges creuses d’asperge, sous les écorces de pin et autres essences, dans le bois mort, les vieux piquets…