« J'ai repris une exploitation fruitière hors cadre familial »
Depuis quatre ans, Simon Mermet s’est installé, en hors cadre familial, dans les monts du Lyonnais. Une transmission bien menée qui lui permet de poursuivre le travail de diversification, de sécurisation et de modernisation [rédaction : Leïla Piazza].
Depuis quatre ans, Simon Mermet s’est installé, en hors cadre familial, dans les monts du Lyonnais. Une transmission bien menée qui lui permet de poursuivre le travail de diversification, de sécurisation et de modernisation [rédaction : Leïla Piazza].

Il rêvait de s’installer comme exploitant agricole. Il a réalisé son rêve grâce à la reprise d’une exploitation fruitière dans le Rhône faite avec enthousiasme et bienveillance. Originaire du Jura, Simon Mermet a validé une formation d’ingénieur agronome à l’Institut Agro Rennes-Angers avant de commencer sa carrière en Bretagne. D’abord comme conseiller en production légumière puis comme responsable de production en semences potagères sous abri.
Un accompagnement progressif
« Je voulais revenir dans la région et monter ma propre exploitation. Durant ma formation, on travaillait avec la coopérative Sicoly, qui avait la réputation d’être un partenaire fiable. Alors j’ai contacté l’équipe et j’ai discuté avec plusieurs coopérateurs qui cherchaient un repreneur », se souvient ce jeune agriculteur de 36 ans. Son choix se porte finalement sur l’EARL du Pavillon, située à Mornant, dans les Monts du Lyonnais (Rhône). « C’était une ferme en polyculture et élevage que j’avais reprise avec mon beau-frère en 1986. On s’est spécialisés un peu par la force des choses, car nous étions à 200 mètres du siège de la coopérative fruitière Sicoly. Et que c’est un excellent débouché qui assure une sécurité en termes de commercialisation », explique l’ancien codirigeant (avec Gérard Perrin) de l’entreprise agricole, Guy Verguin.
Plusieurs facteurs ont déterminé le choix de Simon Mermet. « C’était une exploitation rentable où les anciens avaient continué à investir et à planter pour moderniser et sécuriser les revenus. Et l’appui de la coopérative Sicoly est précieux », explique-t-il. En effet, Simon Mermet a pu bénéficier d’une véritable volonté de transmettre de la part des exploitants mais également de l’ensemble de la coopérative Sicoly, avec un accompagnement des services techniques mais aussi de nombreux conseils d’autres coopérateurs. « Nous avons fait une étude économique avec les conseillers de la coopérative et ils m’ont accompagné dans mes choix et ma formation. »
Un apprentissage sur le terrain
Si Simon Mermet avait une expérience en petits fruits, il savait qu’il avait encore des choses à apprendre, notamment en arboriculture. « La première année, je n’ai rien changé. Je voulais m’inspirer des professionnels qui étaient en place et apprendre mon métier, même lorsque je n’étais pas d’accord. » Ainsi, Guy Verguin lui a transmis progressivement son savoir et ses méthodes. Et encore aujourd’hui, celui-ci se fait un plaisir d’accompagner son repreneur. Simon Mermet a pu compléter cet apprentissage empirique grâce aux formations et aux conseils des services techniques de Sicoly.
« Et puis, l’esprit d’entraide est central entre les coopérateurs. Si j’ai un problème, je sais que je peux me tourner vers mes confrères », souligne Simon Mermet. Si le jeune arboriculteur s’inscrit dans une volonté de continuité, il a néanmoins progressivement impulsé des évolutions. Il a appris de sa première année d’exploitation. Et notamment du gel qui a touché les récoltes 2021. « J’ai cerné l’intérêt du choix de diversité de production qu’avaient fait les anciens exploitants. Grâce à cela et à la présence de petits fruits sous serre, j’ai pu sauver les récoltes et rester bénéficiaire malgré les pertes sur les fruits gélifs. »
Diversifier et moderniser
Depuis, il poursuit cette diversification. Il a choisi d’implanter des pêches de vigne cultivées en bio et des framboises sous serre (voir encadré). Et continue sans cesse à planter de nouveaux arbres pour renouveler et adapter aux pratiques culturales qu’il souhaite développer. La ferme loue 39 hectares en fermage et en exploite 22. On y trouve 3,5 ha de pêches de vigne, 10 ha de cassis, 1,3 ha de groseilles, 6 ha de cerises, 0,8 ha de poires et 0,5 ha de serres de framboises. « Et dans les années à venir, je voudrais tester de nouvelles cultures. Mais je ne veux pas aller trop vite car je ne veux pas que l’agrandissement empiète sur la productivité », explique-t-il. Il a également investi dans une brosse pour le désherbage mécanique des pêchers de vigne mais également de ses autres cultures. Et il modernise les systèmes d’irrigation pour les automatiser « et gagner en temps et en précision ». Cela lui a également permis de développer la ferti-irrigation.
Grâce à cela, il a diminué les intrants par deux en quatre ans. Des investissements qui sont aussi rendus possibles par le système en coopérative. « Nous n’avons pas à nous soucier du stockage, de l’emballage, de la commercialisation. Tout est commercialisé, que ce soit en frais, en surgelé ou en transformé. Cela minimise grandement les coûts », explique son prédécesseur, Guy Verguin, qui est également l’ancien président de la coopérative. Soucieux de son équilibre de vie, Simon Mermet choisit des investissements lui permettant de gagner du temps « et surtout d’être remplaçable. Je veux pouvoir partir en vacances avec mes enfants, tout en gagnant bien ma vie. Et pour cela, l’arboriculture est un pari gagnant », lâche ce représentant des préoccupations des jeunes agriculteurs.
La stratégie de la pêche de vigne et la framboise

Choix important : dès la première année, Simon Mermet a planté des pêchers de vigne qu’il cultive en bio. « J’ai choisi des variétés rustiques sélectionnées à quelques kilomètres de là. Cela correspondait bien à un mode de culture en bio. Et il y avait des besoins au sein de la coopérative Sicoly. » Bien adaptée au terroir, la pêche de vigne s’avère peu fragile et fournit des récoltes régulières, qui peuvent être vendues à la fois en circuit court et long ou en produits transformés. Il a également réimplanté les framboises en pleine terre sous serre, qui avaient disparu de cette exploitation il y a une dizaine d’années.
« C’est un très bon complément à la pêche de vigne, notamment en termes de période de récolte. Quand je suis arrivé, la période de récolte s’étirait de juin à mi-juillet. Implanter ces deux espèces me permet d’étendre le calendrier des récoltes. Ainsi, je peux plus facilement embaucher des saisonniers formés, avec une saison de récoltes conséquente. C’est un objectif important pour moi. »
La coopérative Sicoly accompagne le renouvellement des générations

« Le métier est aujourd’hui confronté à une problématique de renouvellement des générations. On le sait, dans les années qui viennent tous les départs ne seront pas remplacés. Pourtant l’arboriculture a de nombreux atouts. ». Comme Jean-Bernard Cherblanc, directeur activité frais au sein de Sicoly, beaucoup sont inquiets. Alors, la coopérative fruitière des monts du Lyonnais a mis en place plusieurs services pour favoriser la reprise d’exploitation, notamment hors cadre familial. Ainsi, Simon Mermet a bénéficié des conseils des coopérateurs mais aussi de ceux des employés du service technique de Sicoly, qui l’ont orienté dans ses choix stratégiques : analyse du marché, méthodes de culture, suivi de variétés, veille sanitaire, irrigation, fertilisation, taille… Sicoly mène chaque année une quinzaine d’essais pour apporter des réponses aux problématiques de ses arboriculteurs. Elle fournit des conseils individuels mais aussi des formations collectives, effectue le travail de veille réglementaire. Et elle apporte un accompagnement administratif et financier, à la fois dans les demandes d’aides et subventions mais aussi en octroyant des avances de trésorerie.
Parcours
2012 : diplôme d’ingénieur agronome (Institut Agro Rennes-Angers)
De 2012 à 2020 : conseiller en production légumière puis responsable de production semencière en Bretagne.
2020 : reprise de l’exploitation par Simon Mermet
39 ha en fermage à Mornant (Rhône)
1 salarié à l’année et en moyenne 25 saisonniers
300 000 € de chiffre d’affaires annuel