Haricot : comment éviter la mouche des semis
La réduction des moyens de protection des semences contre la mouche des semis oblige à prendre toutes les dispositions qui permettent de limiter ses dégâts : les leviers agronomiques et préventifs constituent des mesures d’évitement à favoriser.
La mouche des semis (Delia platura) est un redoutable ravageur des semis de légumineuses. Elle peut aussi s’attaquer aux épinards, mais manifeste une préférence pour les haricots et les pois. « En légumes d’industrie, les dégâts de mouche des semis concernent principalement les haricots et flageolets, mais aussi les épinards et les pois tardifs », précise l’Unilet, l’interprofession des légumes en conserve et surgelés, dans son Guide de protection des cultures 2024.
Une porte d’entrée pour les maladies
C’est donc un ravageur polyphage dont les moyens de protection des semences ont été réduits et qui sévit sur de nombreuses cultures, principalement après leur mise en place. Les dégâts constatés sont des pertes de pieds à la levée : « Les plantules sont absentes ou disparaissent sur des portions de rangs », mentionne le document. Il est également possible de constater une levée retardée de plants chétifs ou anormaux.
Le plus souvent, il s’agit de plants « borgnes » pour les haricots (absence de cotylédons ou destruction du bourgeon terminal), de perte de dominance apicale pour les pois, avec démarrage des bourgeons axillaires ou pieds peu vigoureux souffrant de la destruction précoce des cotylédons. En pénétrant dans les plantules, les larves creusent des galeries au collet et causent des blocages et des disparitions de pieds après la levée, principalement sur les semis de haricot. « Ces blessures constituent en effet une porte d’entrée pour les maladies racinaires comme le Pythium ou la fusariose du collet », commente l’Unilet.
Éviter les sols fraîchement travaillés
Les conditions qui favorisent les attaques de mouche des semis sont bien connues, car les adultes sont attirés par certains composés volatils dégagés par les sols récemment travaillés, par la matière organique fraîche en décomposition et par les graines en germination. Aussi, les sols fraîchement travaillés (semis réalisés moins de trois semaines après labour), la présence de matière organique fraîche mal décomposée dans le sol, notamment végétale, sont des facteurs à risque.
Les températures fraîches qui retardent la levée, ainsi qu’un temps humide qui empêche le dessèchement des œufs de mouche sont également des paramètres d’accroissement des attaques. « D’autant que les cultures sont sensibles durant toute la période de levée, c’est-à-dire les deux à trois semaines qui suivent le semis, jusqu’au stade “1 feuille trifoliée” pour les haricots », expliquent les spécialistes. Par la suite, les tissus des plantes deviennent trop durs pour être endommagés.
Les bonnes pratiques culturales
La lutte contre la mouche des semis repose donc essentiellement sur des mesures préventives destinées à limiter les conditions qui attirent ce ravageur, qui exacerbent la sensibilité des plantules et favorisent la survie des larves. Il est donc important de détruire les couverts hivernaux le plus tôt possible (en limitant le tassement du sol), ainsi que d’utiliser des fumiers bien décomposés et contenir dans la mesure du possible les apports de matière organique avant une culture de haricot. « En cas d’incorporation au sol de matière organique fraîche (résidus de culture, couverts hivernaux…), un délai d’un mois avant de semer doit être respecté afin que le pic de ponte soit passé », conseille le Guide de protection.
Semer sur un sol suffisamment réchauffé
Il convient également de limiter le travail du sol au cours des trois à quatre semaines qui précédent le semis. Une préparation du sol soignée et l’utilisation d’un engrais starter si nécessaire, pour accélérer la croissance des haricots, peuvent réduire les risques d’exposition de la culture. Semer sur un sol suffisamment réchauffé et limiter la profondeur de semis dans les terres ressuyant mal pour réduire la période de levée sont également des leviers de réduction des dégâts.
Dans ce cas, il convient de semer à moins de 2 cm de profondeur pour les haricots, et à 3-4 cm de profondeur maximum pour les pois, avec un semoir de précision. Le semis direct est à éviter, surtout en présence de matière organique dans la couche superficielle du sol. Il est également important de favoriser un dessèchement superficiel du sol et de respecter un délai suffisant entre le labour et le semis, en évitant des raies de semis creusées, et en limitant l’irrigation à la levée.
3 à 6 générations peuvent se succéder
Après avoir passé l’hiver dans le sol sous forme de pupes, les adultes émergent au printemps dès que les températures dépassent 10 °C : les femelles déposent leurs œufs dans les porosités du sol, à la base des graines en germination. Lorsque la température est optimale (20-25 °C), les œufs éclosent en quelques jours : les larves pénètrent alors dans les plantules et s’alimentent des tissus internes, en creusant des galeries dans les cotylédons et les tigelles. Elles sont très sensibles aux fortes températures et à la sécheresse. En fin de développement, les larves quittent généralement la plante-hôte, migrent dans le sol et se transforment en pupes qui donneront naissance à de nouveaux adultes. L’activité se réduit néanmoins lorsque les températures estivales sont supérieures à 27 °C. Suivant les régions, trois à six générations peuvent ainsi se succéder au cours d’une année.