Salade : les dégâts de taupin varient selon les variétés
Le projet Staupin, centré sur la gestion du taupin en parcelle de salade de plein champ, a permis d’apporter des réponses, notamment sur la lutte génétique contre le ravageur.
Le projet Staupin, centré sur la gestion du taupin en parcelle de salade de plein champ, a permis d’apporter des réponses, notamment sur la lutte génétique contre le ravageur.
Les dégâts des larves de taupins sont en augmentation constante ces dernières années, notamment sur les cultures de salades de plein champ. Ces ravageurs sectionnent les pivots racinaires des salades, entraînant leur dépérissement. Face à cette hausse des dégâts et à la disparition d’insecticides utilisés en traitement de sol, la station d’expérimentation Serail située dans le Rhône a mené plusieurs essais dans le cadre du projet Staupin de 2020 à 2022. Les chambres d’agriculture de l’Ain, de la Loire, du Rhône et de Savoie-Mont-Blanc sont également partenaires.
Le projet Staupin fait partie du dispositif d’expérimentation régional Pépit (pôle d’expérimentation partenariale pour l’innovation et le transfert), financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet avait quatre missions principales, qui portaient notamment sur l’identification des espèces de taupin présentes sur le territoire des départements de la Loire, du Rhône et de Savoie. Une enquête auprès des producteurs pour connaître leurs pratiques a également été commanditée. Enfin, une expérimentation portant sur la lutte biologique et la lutte génétique face à ce ravageur a été réalisée, ainsi qu’une création d’outils d’aide à la décision.
Des essais de lutte biologique non concluants
L’identification des taupins présents sur le territoire rhodanien fut menée en 2020 à partir de relevés de piégeages réguliers sur des parcelles des départements de la Loire, du Rhône, de la Savoie et de l’Ain. Une large majorité des larves ainsi piégées ont été identifiées comme étant des larves d’Agriotes sordidus, représentant 88 % à 99 % des échantillonnages. De plus, 71 % des larves piégées avaient la même taille, comprise entre 10 et 15 centimètres, ce qui implique un âge similaire. Elles seraient donc arrivées en même temps, suite à un vol de coléoptères adultes. Le projet a permis de mener également 18 enquêtes auprès des producteurs pour identifier des pratiques et leurs incidences sur la présence de taupins et la gestion des dégâts. Malgré le recueil des données, leur analyse n’a pas permis d’établir une corrélation entre les différentes pratiques culturales et l’absence de dégâts de taupins. Les essais de lutte biologique réalisés en 2022 n’ont pas non plus permis de tirer de conclusions. En effet, la pression des ravageurs ne fut pas assez importante sur la modalité témoin pour pouvoir esquisser des réponses sur l’efficacité des produits testés, alors même qu’un piégeage important avait été réalisé sur cette parcelle en 2020. L’essai de lutte génétique a été réalisé sur deux sites conduits en agriculture biologique dans les départements du Rhône et de l’Isère.
Préférence pour la variété Lilybel
Un des deux sites, complètement ravagé par les larves du coléoptère, a permis de mettre en évidence l’ampleur des dégâts que pouvaient causer le taupin, avec un taux de 90 à 100 % de mortalité toutes variétés confondues. Cependant, l’autre site a permis de mettre en évidence la différence d’appétence entre variétés de salade pour les larves de taupin. La batavia Lilybel totalise le plus de dépérissement. D’autres essais pourraient se révéler intéressants en élargissant le panel de variétés testées. Enfin, un outil d’aide à la décision a été créé pour permettre d’évaluer en quelques questions le risque global lié au taupin d’une parcelle sur laquelle il est envisagé de planter une salade. La fiabilité de cet outil, basé sur une synthèse bibliographique, n’a pas encore été éprouvée sur le terrain. Des tests seront effectués cette année pour valider et améliorer l’outil. Il est pour l’instant disponible uniquement aux conseillers partenaires du projet.
Jusqu’à huit stades larvaires
Le taupin des salades est une espèce d'insecte coléoptère de la famille des Elateridae. C'est un insecte ravageur, nuisible par ses larves parfois nommées vers fil de fer, qui attaquent de nombreuses cultures légumières. Les adultes sont en forme de « barque renversée », très mobiles au sol, et dont la couleur varie du brun-noir au jaune. Ils mesurent 6 à 12 mm. Les larves ressemblent à des vers mais possèdent trois paires de pattes. Elles sont de forme allongée, avec une tête brune aplatie, et peuvent mesurer de 2 à 25 mm de long suivant leur âge. Elles sont de couleur jaune paille et possèdent une carapace rigide et bien segmentée.
Le cycle de reproduction peut durer plusieurs années. Les femelles pondent leurs œufs dans le sol, entre 150 à 200, à une profondeur variant de 20 à 60 mm et de préférence dans des terrains humides, frais et riches en matière organique. Après l'éclosion, les larves se déplacent verticalement dans le sol en fonction de son humidité et de la température. Ne supportant pas la sécheresse, elles montent en période humide et redescendent en période sèche, avec des arrêts d’activité en été et en hiver. Au moins huit stades larvaires peuvent être observés. Par la suite, la nymphose se produit dans le sol. Après cela, les adultes hivernent dans le sol. Ils se manifestent au printemps et ne vivent que quelques mois, souvent dans les bois ou les haies, voire les prairies abritées.
Des méthodes de protection déjà existantes
Des méthodes de protection complémentaires sont préconisées pour se prévaloir du risque que représente le taupin de la salade. Par exemple, prévoir une rotation des cultures sur sa parcelle est primordial pour éviter que le ravageur ne s’installe. Les crucifères ne sont pas favorables au développement du taupin mais ces derniers peuvent s’attaquer aux cultures de pomme de terre, carotte, betterave, navet, salade, asperge, fraise, ail et oignon. Il est important de construire son système de culture avec ces données en tête. Il faudrait également éviter les fumures organiques trop importantes et réaliser un apport de chaux, car les taupins n'apprécient pas les sols calcaires. Un travail du sol judicieux peut permettre d’enrayer la prolifération du ravageur, en griffant superficiellement le sol des parcelles libres au printemps et en début d’été et en le laissant sécher. Des labours estivaux peuvent être réalisés pour permettre de diminuer les populations larvaires. Des pièges à phéromones pour piéger les adultes existent également, que ce soit pour du piégeage de détection ou de masse.