Fraise : pour une meilleure utilisation de la lumière hivernale
Une meilleure utilisation de la lumière hivernale sur fraisier, appuyée d’un éclairage Led complémentaire est testée au CTIFL de Balandran. Les observations montrent un effet en fonction des variétés.
Une meilleure utilisation de la lumière hivernale sur fraisier, appuyée d’un éclairage Led complémentaire est testée au CTIFL de Balandran. Les observations montrent un effet en fonction des variétés.
Depuis trois ans, le CTIFL de Balandran teste de nouvelles technologies sur fraisiers pour une meilleure utilisation de la lumière hivernale. Ces essais s’intéressent en particulier à l’apport complémentaire lumineux à effet photosynthétique, via des lampes Leds. « Après deux années, les conclusions montrent que la valorisation de l’éclairage Led dépend fortement de la variété, l’effet bénéfique sur la production de fruits étant limitée au 1er jet », souligne le spécialiste par Jean-Philippe Bosc, du CTIFL. Ainsi, Gariguette nécessite un éclairage dès décembre pour gagner en productivité sur le 1er jet, mais perd en rendement lors de la remontée.
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A l’inverse, Ciflorette et Dream augmentent leur rendement au 1er jet sans compromettre la remontée (voir encadré). Sur les trois variétés, un léger effet positif sur le taux de sucre est observé avec un éclairage débutant en décembre. « Mais l’optimisation de l’éclairage est encore impérative pour réduire le coût de la consommation énergétique », pondère toutefois Jean-Philippe Bosc. En effet, les Leds sont censées réduire la consommation, mais l’essai montre que ce n’est pas si évident. « En 2017, la consommation a atteint 28 kWh/m² avec un éclairage du 16 janvier au 5 avril de 6 h à 18 h ; 32 kWh/m² en 2018, avec un éclairage avancé du 18 décembre au 27 mars, de 7 h à 19 h. C’est une consommation énergétique non négligeable, sachant que les Leds fonctionnent 12 h par jour », mentionne-t-il.
Effet notable des Leds jusqu’à fin février
En 2019, le dispositif expérimental a donc été revu, avec un témoin sans Led. De plus, des mesures d’éclairement ont été réalisées. « Nous confirmons le fait que l’éclairage Led augmente significativement la quantité de lumière reçue par la plante », précise le responsable. Les zones non-éclairées reçoivent en moyenne 8,7 Mol/m²/j, contre 16,8 pour la zone éclairée en journée ensoleillée. « Il faut toutefois faire attention à l’angle d’éclairage du soleil, car la structure même de la serre peut faire de l’ombre aux cultures, ce qui rend l’éclairage inconstant », souligne-t-il. De même, les résultats varient en fonction de l’intensité d’ensoleillement et de la pluie. Ainsi, les chiffres tombent respectivement à 1,6 Mol/m²/j, et 8,7 Mol/m²/j en cas de journée pluvieuse. Au final, le suivi du rayonnement photosynthétique actif montre que les plantes bénéficient véritablement de l’effet Led jusqu’à fin février. Ensuite, l’ensoleillement naturel s’accroît et « les rampes Leds font de l’ombre sur les cultures, ce qui abaisse les différences notées précédemment ». En 2019, les résultats provisoires (arrêté mi-mars) montrent un rendement supérieur avec l’éclairage à chaque récolte (pour Gariguette et Ciflorette et Dream, un peu moins sur Cléry), mais aucun gain de précocité. « Enfin, on a un peu moins de déchets sur la partie éclairée », conclut Jean-Philippe Bosc.
Résultats par variétés en 2017 & 2018
Gariguette : les Leds n’améliorent pas le rendement, mais augmentent légèrement le taux de déchet. On note une augmentation du rendement sur le 1er jet en 2018, confirmée en 2019, + 0,68 kg/m² (augmentation du calibre et du nombre de fruits). Mais la remontée affiche un rendement en baisse de 0,88 kg/m².
Ciflorette : même tendance avec une augmentation +0,56 kg/m² sur le 1er jet, liée essentiellement au calibre, avec cette fois aucun effet (négatif ou positif) sur la remontée.
Dream : le rendement augmente sur le 1er jet (+0,80 kg/m²) mais aussi sur la remontée (+0,28 kg/m²) en 2017. En 2018, l’effet sur le 1er jet est confirmé, mais aucun effet significatif n’est relevé sur la remontée.
Les modalités d’éclairage
Le CTIFL a investi en 2017 dans des réglettes Leds (marque Philips GreenPower) d’une longueur de 1,30 m, à base de rouge (80 %) et de bleu (20 %) apportant entre 130 et 160 µmol/m²/s au niveau du feuillage. La stratégie d’éclairement est fixée à 12h d’éclairage par jour. « Si on augmente ce temps, on initie moins de fruits sur la remontée. Mais 12 h de fonctionnement, c’est environ 30 kWh/m² de consommation énergétique, ce qui alourdit encore davantage les coûts de fonctionnement. Pour optimiser ces aspects, il faudrait savoir plus précisément quand éclairer pour limiter la durée au plus près des besoins. En 2017, nous éclairions entre 6 h et 18 h. Nous avons reculé en 2018, de 7 h à 19 h. En 2019, nous nous sommes calés sur l’aube, puis 12 h non-stop. Cet ajustement reste une question à vérifier », explique Jean-Philippe Bosc, responsable du programme « fraise » au CTIFL