FNPL : le plan d’urgence F&L d’Hervé Gaymard ne convainc pas
Pour tenter de répondre aux attentes des congressistes, Hervé Gaymard a annoncé une aide directe de trésorerie de 10 ME pour faire face à l’urgence
C’est un Hervé Gaymard visiblement tendu qui est intervenu à la tribune du congrès de la FNPL. Il faut dire que depuis la rentrée, Angélique Delahaye et ses troupes avaient fait monter la pression autour de ce congrès. Après presque une année de crise (la plus grave depuis des décennies selon des congressistes) qui a touché les principales productions (endive, chou-fleur, tomate, melon,...) les producteurs attendaient du concret de la part de leur ministre. L’accueil d’Hervé Gaymard à Nantes fût donc glacial. Et dans son discours, la présidente de la FNPL n’a rien fait pour mettre son invité à l’aise. “La situation des légumes de France est sérieuse, je dirais même grave, voire désespérée ”, a-t-elle déclaré, avant de rappeler les propositions de sa fédération exprimées aux congrès de 2002 et 2003. Et les demandes de mesures d’urgence présentées fin août. “Peu ou pas de réponse concrète et efficace, a-t-elle poursuivi. Et sur les dossiers de fond vous continuez de marcher à l’envers.” A l’évidence, le climat de confiance qui s’était installé à l’arrivée d’Hervé Gaymard est désormais rompu..
La tâche du ministre était donc quasi impossible. D’autant qu’à peine installé au pupitre, il a pu voir des banderoles se déployer dans la salle avec deux inscriptions : “énergie trop chère” et “maraîchers en colère”.
Pour tenter de répondre aux attentes des congressistes, et à travers eux des producteurs, Hervé Gaymard était venu avec deux séries de mesures. Des mesures pour faire face à l’urgence d’abord : une aide directe de trésorerie de 10 millions d’euros est débloquée pour les producteurs en difficulté. Hervé Gaymard a pris l’engagement solennel que les premiers versements arriveraient début décembre sur les comptes des exploitations. De plus, une enveloppe de 50 millions d’euros est dégagée pour permettre d’étaler, sur 5 ans et à taux réduits, les échéances bancaires. Et un million d’euro devrait permettre l’étalement des cotisations à la MSA. Ces mesures conjoncturelles sont complétées par des mesures structurelles : 10 ME devraient permettre d’améliorer la participation des producteurs à l’organisation économique, de moderniser les exploitations, notamment pour les serristes et d’améliorer la communication. Il est à noter que l’ensemble de ces mesures sont pour toutes les productions de légumes et de fruits touchées par la crise.
Réunis à huis clos à l’issue du congrès, les producteurs ont annoncé qu’ils “ne se laisseront pas payer avec des mots”. S’ils ont bien “entendu la profession de foi du gouvernement sur l’utilité sociale, environnementale, de santé publique des légumes”, ils constatent que sur des sujets comme le coût de l’énergie ou le coût de la main-d’œuvre “ rien n’est fait”. Hervé Gaymard “n’a pas tout-à-fait pris conscience de la mesure du problème”, a conclu Angélique Delahaye.