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Kiwi
Flambée des coûts : quelle rentabilité pour le Nergi ?

FLD a pu visiter les vergers de Nergi à Labatut le 21 septembre. L’occasion de découvrir le Nergi de l’arbre à la barquette et de mesurer l’impact de la flambée des coûts sur cette production par ailleurs rentable dans la majeure partie des cas.

 

A l’occasion des 40 ans de la Scaap Kiwifruits de France, FLD a pu visiter les vergers de Nergi à Labatut dans les Landes (37 ha de vergers de Nergi en propre), le 21 septembre. Les récoltes venaient d’être achevées, la campagne commerciale montait en puissance.

Traditionnellement le Nergi se récolte en septembre. « Mais plus ça va, plus on se rapproche du 15 août, avec les changements climatiques », note Fabien Bec, responsable technique. C’est le taux de sucre qui déclenche la récolte (6 à 6,5° Brix). Le cycle du Nergi aujourd’hui : débourrage début mars, floraison mi-mai, récolte entre le 15 et le 20 août.

Nergi, une obtention néozélandaise. Nergi est de l’espèce Arguta. Deux variétés pour Nergi (il y en a eu trois mais la dernière, très précoce, mûrissait trop vite) : Tahi, la principale (70 % des volumes de Nergi) est ronde. Rua, de forme allongée, rougit en son milieu ; elle est la plus précoce en floraison et en récolte. L’obtenteur est néo-zélandais : Plant & Food Research, un centre de recherche semi-étatique [et dans lequel Zespri a augmenté sa participation]. La licence d’exploitation a été accordée pour 35 ans à Sofruileg, l’entreprise affiliée à la Scaap Kiwifruits de France.

 

 

Une rentabilité à partir de 15 t/ha

Une vingtaine de producteurs adhérents cultivent le Nergi. Il s’agit en général de petits vergers (0,5 à 1 ha en moyenne, le plus gros fait 2 ha) en diversification. Ce choix de petite taille de verger est lié aux contraintes techniques, le Nergi se conduisant plutôt comme un atelier petits fruits, notamment en récolte.

Fabien Bec estime que récolte inclus, un verger d’Arguta demande 1 700 à 1 800 heures ETP/ha. « La main d’œuvre pour la récolte est le principal poste de dépense. Hors récolte, Nergi ne réclame pas de main d’œuvre, pas de phytos, faiblement des intrants (engrais chaque année), de l’eau selon la pluviométrie -donc de l’électricité pour le pompage. »

 

Interrogé sur le sujet par FLD, Fabien Bec estime : « Avec la flambée des coûts, à date [21 septembre, NDLR], j’estime à +10 % le coût du Nergi sortie verger. Au moins. C’est surtout la main d’œuvre qui plombe. On n’a pas encore fini les comptes, mais je pense qu’on sera à +15 voire +20 %. En station, il faudra regarder l’impact des emballages, de l’électricité pour les frigos et dans une moindre mesure de la main d’œuvre, puis du transport. »

Il estime également : « Un verger d’Arguta est rentable s’il produit au moins 15 000 kg par hectare (15 t/ha). Mais c’est surtout une culture de diversification pour les producteurs de kiwis. »

 

Comment conditionne-t-on un Nergi ?

En 2022, la récolte française (tous bassins) s’est déroulée du 20 au 25 août. Les Nergi sont récoltés à la main et disposés dans des caissettes de 5-6 kg puis amenés en station pour y être mis en barquette de 125 g.

En station, tout ou presque est automatisé, avec notamment du tri optique, et des barquetteuses étiqueteuses. A la station de Labatut (Landes), trois lignes sont dédiées au Nergi, et deux autres peuvent être le cas échéant mises en place en cas de forts volumes. L’opération se fait à 6°C. Une fois en barquette puis en palette (plateaux de six barquettes de 125 g), les fruits sont mis en frigo à 2°C où ils resteront entre 3 et 10 semaines, selon leur potentiel de conservation et de maturité (lié caractéristiques des vergers : type de sol, conduite, climat…) et les besoins du marché.

 

Le cahier des charges de Nergi exige une matière sèche sortie verger de 17 % pour Rua et de 18 % pour Tahi. Puis les techniciens utilisent un Durofel pour suivre la fermeté des lots et vérifient avec Primland, le bureau commercial, avant de déclencher la sortie de frigo.

Quant au taux de sucre, il doit être de 14 à 16° Brix pour Rua et de 17-18° Brix pour Tahi. Les ventes se déroulent jusqu’à courant octobre pour le produit origine France.

 

Et en production, comment ça se passe ?

Selon les vergers, le rendement s’étale de 14 à 18 voire 19 t/ha comme à Labatut qui « est un bon verger ». Le Nergi se cultive bien sous climat océanique, il n’a « pas peur du froid », bien que les gels comme les fortes chaleurs soient compliqués à gérer. Il aime les sols caillouteux.

Il s’agit de plants francs et non de greffage. C’est Sofruileg qui gère la multiplication des plants par bouture. A date, « c’est maximum 1 000 plants » par an d’Arguta qui sont produits, « car nous sommes sur une phase de remplacement et non de plantation ».

Un verger d’Arguta met 5 à 6 ans pour être pleinement productif. Le verger de Labatut a débuté en 2010 pour une entrée en production en 2015-2016. On ne connait pas encore l’âge maximal des vergers mais c’est un bois rustique. « Là où Hayward dure 25-30 ans, Arguta peut sûrement aller plus loin », estime Fabien Bec.

 

En règle générale, un verger d’Arguta se conduit en taille T-barre, irrigation en micro-jet, rangs de 4 m, et comme en kiwi, un plant mâle (de Arguta variétés spécifiques) pour 7 femelles (Rua ou Tahi). « Désormais on fait plutôt du 1 pour 5, ça marche mieux. » Il y a « encore beaucoup de travail » à faire sur Arguta afin de déterminer le meilleur itinéraire technique (irrigation, taille, pollinisation) en fonction des terroirs. Côté variétal, « on regarde pour des variétés plus tardives mais pas beaucoup de choix actuellement ».

Côté ravageurs et maladies, peu de “dangers” pour Nergi, estime Fabien Bec. « Pour le moment la punaise diabolique ne touche pas les vergers de baby kiwis, on observe parfois des cicadelles vertes mais elles restent contrôlées. » Le Nergi est tolérant au PSA. Le principal défaut du fruit : les tâches de contact. Et spécifiquement sur le verger de Labatut et la région, il y a un problème de surbutinage.

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