Témoignage
Et en bio ?
Producteur bio, Philippe Larrère dispose de plusieurs techniques souvent délicates à mettre en oeuvre et parfois très coûteuses.
Producteur bio, Philippe Larrère dispose de plusieurs techniques souvent délicates à mettre en oeuvre et parfois très coûteuses.
Philippe Larrère est directeur de production du groupe Larrère dont plus de 700 ha sont dédiés à l’agriculture biologique. La maîtrise de l’enherbement des cultures de carottes se réalise donc à partir de technique de faux semis, de désherbage thermique, du binage et du désherbage manuel. « Nous utilisons le désherbage thermique après avoir réalisé un faux semis suivi d’une irrigation. Six à sept passages sur quarante jours sont nécessaires pour arriver à limiter le potentiel de germination des adventices », explique le spécialiste. Le désherbeur thermique, dont la température sous cloche atteint 900 °C, permet de détruire tous les types de flore à condition d’intervenir au stade jeunes plantules, d’où le nombre de passages. « Les graminées peuvent devenir résistantes dès qu’elles dépassent le stade 2 feuilles », prévient le spécialiste.
Limiter la compétition avec la culture
Lorsque le potentiel d’enherbement de la parcelle est jugé « maîtrisable », les planches de carottes sont semées et un nouveau désherbage thermique est réalisé avec la levée de la culture. « Intervenir sur une végétation sèche est idéal. L’humidité du sol a peu d’importance », mentionne Philippe Larrère. Après la levée, le désherbage sur le rang se réalise de manière manuelle. « C’est une technique longue et fastidieuse pour les opérateurs qui sont allongés au dessus de la culture. Les portiques de travail sont électriques et équipés de panneaux photovoltaïques ce qui limite considérablement les nuisances sonores et olfactives des moteurs thermiques », précise le responsable. Le binage mécanique est utilisé dès les premiers stades de la culture dans les inter-rangs et passe-pieds. « L’objectif est d’obtenir une culture propre sur les soixante premiers jours puis de limiter la compétition avec la culture et les problèmes d’enherbement à la récolte qui se fait systématiquement par le sol », mentionne-t-il. Ces techniques ont également un coût. Philippe Larrère l’estime à 220 €/ha par passage de désherbeur thermique en comptant 150 kg de gaz par hectare et un temps de travail de 0,5 ha par heure. Le désherbage manuel est estimé à 400 h/ha mais les temps de travaux peuvent rapidement décupler. « On peut aller jusqu’à 6 000 voire 15 000 euros de main-d’oeuvre par hectare. Dans ce cas, il ne s’agit plus de rentabilité mais d’acharnement à produire », conclut-il.