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Dossier Prune : La prune du Sud-ouest vers la HVE

Jérôme Capel, arboriculteur tarn-et-garonnais, voit dans la certification HVE un moyen de valoriser l’évolution de ses pratiques vers moins d’intrants et plus de biodiversité sur l’ensemble de son exploitation.

Avec plus de cinq espèces végétales présentent sur son exploitation, le producteur gagne déjà des points pour l’indicateur « biodiversité » de la certification HVE.
© M. Le Corre

« Nous savons depuis longtemps que notre production de prune est socialement équitable, avec des exploitations à taille humaine et des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, déclare Jérôme Capel producteur de prune dans le Tarn-et-Garonne. Mais nous n’avions pas de référentiel pour faire valoir ces aspects de notre production. » Pour les valoriser, l’AOPN prune veut s’engager dans la labélisation Haute Valeur Environnementale (HVE). Avec la charte de production fruitière intégrée prune, mise en place par l’AOPN prune en 2012, le niveau 2 de cette certification est d’ores et déjà atteint. « Sans forcer ou bousculer trop les pratiques agricoles, une majorité des exploitations productrices de prunes de la région peuvent se mettre en conformité avec le cahier des charges du niveau 3 », indique le jeune pruniculteur. Un dernier niveau qui permet d’accoler le logo HVE sur ses produits. Jérôme Capel y voit un intérêt car cette certification permet de donner des équivalences avec d’autres labels et il espère ainsi diminuer le nombre de contrôles. « C’est aussi un label qui donne une vision globale de notre exploitation et pas juste une indication au consommateur sur le mode de production d’un produit. C’est une photographie de la direction que prend le producteur. »

 

 

Avec plus de cinq espèces végétales présentent sur son exploitation : prune, pomme, raisin de table, amandes et diverses céréales, le producteur gagne déjà des points pour l’indicateur « biodiversité ». « Notre environnement est aussi très diversifié, nous avons de petites parcelles entourées de haies, de ruisseaux, de bois, ce qui favorise la biodiversité autour et dans nos vergers », poursuit l’arboriculteur. Pour les intrants, leur raisonnement est déjà en place depuis plusieurs années. « Nos vergers de prunier sont en confusion sexuelle contre le carpocapse des prunes et la tordeuse. C’est une méthode efficace et accessible économiquement, détaille-t-il. Pour la partie fongique, nous avons mis en place des stations météorologiques. Elles nous permettent d’avoir des données chiffrées et des archives. Nous pouvons donc prendre nos décisions en comparant les années. Grâce à ces données, un modèle permettant de prévoir les pics de contamination de monilia fleurs va bientôt arriver. Ce qui nous permettra d’avoir une protection plus précise. »

Des dendromètres pour gérer irrigation et fertilisation

Concernant l’eau, toutes les nouvelles parcelles sont équipées en goutte-à-goutte aérien. Pour sa gestion, Jérôme Capel et plusieurs de ses voisins utilisent des sondes capacitives qui leur permettent de connaître en temps réels les ressources en eau du sol. « Avec ce pilotage, nous consommons un tiers d’eau en mois qu’avant. » Depuis un an, ils se sont aussi équipés de dendromètres. « Nous en avons un par espèce. C’est un outil très intéressant car il permet de connaître l’état de stress de la plante. Nous avons remarqué qu’il pourrait aussi nous permettre de gérer la fertilisation. En effet, si on constate un stress de l’arbre alors que les réserves d’eau sont bonnes, ni trop, ni trop peu, et les températures correctes alors on peut penser qu’il s’agit d’un stress dû à l’alimentation minérale de l’arbre. » Le producteur ajuste donc sa fertilisation très rapidement aux besoins de l’arbre en se basant sur les données du dendromètre. Une réactivité qu’il obtient aussi grâce à la fertirrigation. « Le passage à ce mode de fertilisation qui s’ajoute à la fertilisation de fond à base d’engrais organiques, nous a permis de diminuer nos fertilisants d’un tiers. Et avec le dendromètre, nous pouvons avoir des archives constituées de mesures chiffrées et pas juste de ressentis, ce qui nous permet d’avoir des références. »

Des bandes fleuries et des lâchers d’auxiliaires en projet

L’exploitant a aussi converti une part de son exploitation en agriculture biologique. Une partie de ses vergers de pommier le sont et ses 6 ha de prunes européennes : Reine-Claude dorée, Reine-Claude Bavay, Président et Valérie. « Sur les prunes américano-japonaises, le passage en bio est plus compliqué, notamment du fait de leurs sensibilités au monilia fleurs et à l’enroulement chlorotique de l’abricotier (ECA) transmis par le psylle. » Deux problèmes phytosanitaires sans produits efficaces en bio. « Mais ce passage en bio nous apporte des acquis techniques et des prérequis pour l’obtention du label HVE. » D’autres projets sont en cours pour travailler la partie auxiliaire. « Nous voulons favoriser les pollinisateurs qui sont primordiaux pour la pollinisation des prunes américano-japonaises (voir encadré). Nous sommes en questionnement sur l’implantation de bandes fleuries pour fournir aux pollinisateurs des ressources alimentaires en dehors des périodes de floraison. Nous avons aussi en projet d’essayer des lâchers d’auxiliaires pour lutter contre les pucerons. » Jérôme Capel a aussi installé en essai des nichoirs à mésange. « Mais je suis plus dubitatif sur leur intérêt étant donné la variété des refuges naturels qui existent autour des vergers. » Avec tout ça, le niveau 3 de la certification HVE devrait être atteint. Il ne reste que l’audit à passer.

"Sans forcer ou bousculer trop les pratiques agricoles, une majorité des exploitations productrices de prunes de la région peuvent se mettre en conformité avec le cahier des charges du niveau 3", Jérôme Capel, pruniculteur dans le Tarn-et-Garonne.

En chiffres

24 ha de prunes, dont 6 ha de prunes européennes en AB et 18 ha d’américano-japonaises en conventionnel répartis en 15 variétés

19 ha de pommes

10 ha de raisins de table

4 ha d’amandes en développement

Favoriser les pollinisateurs

Pour améliorer la pollinisation de ses vergers, Jérôme Capel favorise les pollinisateurs. Depuis quelques années il travaille avec des apiculteurs qui viennent installer des ruches pendant les périodes de floraison. « Nous avons aussi des nichoirs à osmies avec l’entreprise Osmia et nous avons quelques ruches de bourdons. La difficulté est de trouver des pollinisateurs qui sont déjà actifs à l’époque précoce de floraison des pruniers », explique l’arboriculteur. Il a aussi en projet d’installer un rucher sédentaire. « Avant, toutes les exploitations avaient deux à quatre ruches. Nous souhaitons revenir à ce système. L’objectif est double : pour nous, ce sera un bon indicateur de nos pratiques en cas de surmortalité et pour l’apiculteur, il évite la transhumance des ruches qui n’est pas le mieux pour les abeilles. » L’exploitant est donc en train d’élaborer un partenariat avec un apiculteur qui sera en charge de s’occuper du rucher. Il aura pour mission d’agrandir le rucher sédentaire existant en constituant un cheptel d’abeilles adaptées à la région. En contrepartie, il donnera ses conditions pour favoriser leur implantation. L’arboriculteur adapte d’ores et déjà ses pratiques de pulvérisation. « Nous évitons les insecticides pendant la floraison et pour les autres traitements, nous les appliquons le soir quand les pollinisateurs sont à l’abri. Après floraison, nous tondons nos vergers pour éviter d’attirer les abeilles dans les vergers. Nous essayons aussi de leur proposer une source d’alimentation alternative pendant la période des pucerons. »

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