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Dossier Poireau : Des fûts longs pour la vinaigrette

Spécialisée dans la production du poireau vinaigrette dans le Val de Saône, la famille Bataillard s’est équipée et a investi dans la certification pour répondre à la demande du marché.

A l’Earl de la Salette, à Manziat, dans le nord-ouest du département de l’Ain, la production de poireaux est une affaire de famille. Jean-Luc Bataillard, son épouse Nadine et leur fils Maxime, aidés d’une salariée à plein temps, exploitent 31 ha sur lesquelles ils produisent radis, choux frisés, carottes vrac, céréales (pour les rotations) et… 10 ha de poireaux. Depuis 2017, exclusivement du poireau vinaigrette, pour répondre à la demande de l’entreprise locale qu’ils fournissent (Sarl Renoud-Grappin). « Nous utilisons trois variétés « grand blanc » : Linkton, Longton et Lexton. Les premiers poireaux sont plantés le 25 avril (60 000 plants). Début mai, nous en plantons 60 000 autres, puis 100 000 en semaine 21, le même nombre en semaine 24, puis 150 000 par semaine jusqu’à la mi-juillet », explique Jean-Luc Bataillard.

 

 

Côté cadence, la planteuse à bandes de l’Earl permet de réaliser un demi-hectare à la journée. En Val de Saône, les sols sont sableux avec pour avantage d’être très filtrants. Les parcelles sont enrichies avec du compost (50 t/ha), de l’engrais complet (50 kg/ha) et de l’engrais Entec 14-7-17 (deux fois 600 kg/ha dans l’année). Le maraîcher veille également à maintenir une rotation longue entre les cultures de poireau. « Tous les quatre ans, on alterne avec des céréales : maïs et orge d’hiver, ce qui permet de planter les carottes et poireaux derrière. Les céréales présentent l’avantage d’avoir des terres propres, sans besoin d’entretien durant le printemps ».

Maîtrise technique et rigueur

L’Earl achète ses plants en Hollande. Autour des années 2000, le Val de Saône et plus largement la région Rhône-Alpes ont été touchés par le dépérissement du poireau en partie attribuée à la présence de cicadelles qui entraînait des pertes importantes, avec pour conséquence l’arrêt de certaines exploitations. Elle a disparu depuis cinq ans avec la mise en place de moyens de lutte contre cet insecte. « Heureusement, nous avons été relativement épargnés. C’est à ce moment-là que les producteurs ont commencé à se fournir en Hollande pour être sûrs d’avoir des plants sains. Auparavant, on les produisait sur place », ajoute Jean-Luc. Quinze jours après la plantation, la culture est protégée en préventif contre les thrips et la mouche mineuse pendant un mois, puis toutes les trois semaines. Le désherbage s’effectue par deux passages de bineuse et application de traitements fongicides « en fonction des années ». La production demande de la rigueur. « C’est un légume qui a besoin de beaucoup d’eau. Pour l’arrosage, les rampes assurent une irrigation en couverture intégrale. L’an dernier, nous avons dû arroser jusqu’à fin octobre. Il nécessite également beaucoup de main-d’œuvre. A deux, nous arrachons quatre tonnes en une heure et huit heures sont nécessaires pour éplucher et conditionner à quatre personnes. Le coût de revient moyen est de 35 centimes », explique-t-il. Les premières récoltes se font à partir du 14 juillet jusqu’à fin mars à l’aide d’une arracheuse Simon automatique.

« Depuis 30 ans, les prix n’ont pas augmenté ! »

L’Earl produit 450 t de poireaux vinaigrette par an. Interrogé sur les débouchés et la rémunération, le maraîcher répond : « Le prix varie suivant le cours du marché. Cela peut aller du simple au double d’une année sur l’autre. Cette année, nous avons obtenu des prix corrects mais ils n’ont pas augmenté depuis 30 ans. L’entreprise avec qui nous travaillons revend la production à des centrales d’achat. L’idéal est d’avoir au minimum 24 centimètres de blanc, c’est pour cette raison que l’on choisit des variétés à fût long ; pour un calibre de 30/40 ». Installé depuis 1984, rejoint par leur fils en 2009, le couple a progressivement investi pour agrandir l’exploitation. La dernière acquisition de matériel date de 2010, avec l’achat de l’arracheuse automatique pour un coût de 26 000 €. L’exploitation mise fortement sur la qualité du produit. Depuis trois ans, certifiée Global GAP, elle adhère au référentiel de bonnes pratiques, normes de traçabilité et sécurité alimentaire reconnues au niveau mondial. « Cela entraîne un coût supplémentaire, mais c’est aussi la sécurité de pouvoir vendre même si nous ne sommes pas payés plus cher que les autres… », souligne pour conclure Jean-Luc Bataillard.

Patricia Flochon

Des poireaux à long fût uniquement

L’Earl de la Salette livre l’intégralité de sa production de poireaux vinaigrette à la Sarl Renoud-Grappin, basée à Manziat. Le poireau représente 20 % du volume annuel global. « Nous ne vendons que le blanc de poireau, aussi bien en vrac qu’en sachets. On le recoupe et on le conditionne soit en 3 kg, 5 kg ou en sachets de 500 gr. Les prix varient en fonction du marché, mais le blanc est un peu mieux valorisé. Notre exigence est que le fût soit bien blanc, surtout pas irisé de vert, d’où le choix de variétés spécifiques », explique le dirigeant de la Sarl, certifiée Iso 22 000, qui affiche une traçabilité totale sur sa production.

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