Dossier Diversification : produire de la goji comme de la vigne
L’atelier de baie de goji bio de Laurent Goubier est un moyen de retrouver de la liberté dans ses choix de conduite tout en utilisant les mêmes outils qu’en vigne.
L’atelier de baie de goji bio de Laurent Goubier est un moyen de retrouver de la liberté dans ses choix de conduite tout en utilisant les mêmes outils qu’en vigne.
« C’est par curiosité que je me suis lancé dans la goji », avoue Laurent Goubier, céréalier et viticulteur bio près de Duras (Lot-et-Garonne). C’est un des pionniers dans la baie de goji dans le Sud-ouest. Après un premier rendez-vous avec Nicolas Oger, président de l’entreprise la Panacée des plantes, pilote d’un groupe d’échanges sur la baie de goji en Aquitaine, il décide de planter 20 ares de goji en bio en mai 2017. La conduite de cette plante est encore expérimentale et chaque personne du groupe adapte sa conduite au matériel qu’il possède. Viticulteur en AOC Côtes de Duras, il a vite vu la potentialité de conduire cette liane comme une vigne. « Mon objectif est de réutiliser tout mon matériel sur la goji », explique le viticulteur. Les rangs sont donc désherbés à l’intercep et la récolte se fera à la machine à vendanger. « La variété CG218 d’Invenio (station expérimentale en fruits et légumes d’Aquitaine, ndlr) a été sélectionnée en partie sur l’aptitude de ses fruits à se détacher », précise Laurent Goubier. Une des différences avec la vigne est l’échelonnage des récoltes, vu l’étalement des floraisons. Une même branche porte fleurs, fruits immatures et fruits mûrs. « Avec nos nouvelles machines à vendanger, il est possible de régler l’intensité de la vibration, anticipe le producteur. Il devrait être possible de récolter les fruits mûrs sans abîmer les fleurs. » Le premier essai de récolte devrait se faire cette année si des fruits sont présents. « Si je n’arrive pas à les récolter à la machine à vendanger alors je ne suis pas sûr de continuer, peut-être en cueillette libre. Vu les difficultés d’embauche de main-d’œuvre, la cueillette manuelle n’est pas envisageable. »
Pas d’inquiétude sur les débouchés
Plantés en mai, ses 500 plants ont eu un très bon taux de reprise, « contrairement à des exploitations où les pieds ont été plantés à l’automne, analyse Laurent Goubier. Ce qui confirme ses similarités avec la vigne. » Pour utiliser le matériel viticole, ses plants de goji sont plantés à 3m par 1m, et palissés sur trois fils. Ils seront taillés comme une vigne. « J’ai rabattu le plant l’hiver après la plantation et l’année prochaine, je vais choisir deux bois et les attacher de part et d’autre du tronc, détaille le vigneron. Les fruits seront produits sur les tiges de l’année, rabattues tous les ans. » Comme pour ses vignes, un engrais vert est semé alternativement un rang sur deux, l’amendement est de 35 unités d’azote sous forme organique et les traitements phytosanitaires suivent ceux de sa production principale. Les plants de goji n’étant pas greffés, l’épamprage est nécessaire plusieurs fois par an : « Comme la surface est petite, pour le moment le travail est gérable », confie le producteur. Pour les débouchés, il n’est pas inquiet au vu du nombre d’industriels qui participent aux échanges du groupe. « En tout cas, cette culture suscite de l’intérêt de la part de mes voisins producteurs. Si j’arrive à les récolter, certains seront peut-être tentés de planter de la goji. Cette culture permet d’expérimenter et de retrouver de la liberté d’action dans notre travail, très encadré par les cahiers des charges AOC en vigne. »
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