Dossier Abricot : du bio à l’abri de panneaux photovoltaïques
Cinq ans après sa plantation sous ombrières photovoltaïques, un verger d’abricotiers conduit en culture biologique ouvre le champ des possibles.
Cinq ans après sa plantation sous ombrières photovoltaïques, un verger d’abricotiers conduit en culture biologique ouvre le champ des possibles.
Après le rachat de cinq ha d’ombrières photovoltaïques sous lesquelles avaient été implantées des abricotiers en culture biologique, la société Akuo Energy, acteur dans la production d’énergies renouvelables, a fait appel à Marc Portier, arboriculteur bio à Bellegarde (30) et Jean-Luc Valentini, expert arboricole, en vue de reprendre en 2015 l’exploitation du verger d’abricotiers laissé à l’abandon depuis sa plantation. En 2012, ce verger a été planté à une densité de 6 m x 4 m sur une surface de 1,5 ha avec des variétés majoritairement auto-fertiles compte tenu de la faible attractivité des fleurs sous ombrières pour les abeilles. D’une longueur de 180 m et d’une largeur de 13 m, les ombrières photovoltaïques, qui mesurent 6 m de hauteur côté nord et 2 m de hauteur côté sud, laissent passer la lumière sur deux largeurs de vitres de 1 m de large chacune. Sous chaque ombrière ont été installées trois rangées d’abricotiers. « En implantant ce verger, l’objectif d’Akuo via sa filiale Agriterra visait à démontrer qu’il était possible de faire cohabiter sur un même espace des productions agricoles et énergétiques avec un objectif de durabilité pour chacune d’entre elles », explique Ludivine Pasquier, ingénieure agronome chez Agriterra. Un défi aux multiples embûches, comme l’explique Jean-Luc Valentini. « Outre la difficulté liée à la culture sous ombrières, le verger qui avait été abandonné présentait à cette date un rendement inférieur à 1 t/ha. »
Un système de culture adapté à la production bio
Une remise en état du verger a alors consisté en une taille de restructuration des arbres et un important travail d’attachage pour favoriser la mise à fruit. Une série d’analyses de sol, feuilles, bois n’a mis en évidence aucun besoin d’amendement compte tenu de l’important apport de matière organique à la plantation mais aussi des faibles exportations liées au manque de production. L’absence de pluies a justifié l’installation d’un système de goutte-à-goutte. « Bien que l’ETP sous ombrières soit faible, des irrigations sont nécessaires et sont réalisées tous les quinze jours dès le début du mois d’avril puis une fois par semaine à partir de la mi-juin », explique Marc Portier. En 2017, 156 mm d’eau ont été apportés. En ce qui concerne la protection phytosanitaire, aucun traitement n’a été réalisé. « Grâce à ce système de conduite, on s’affranchit totalement de la pression Monilia laxa qui constitue actuellement un vrai fléau en culture d’abricots bio », poursuit l’arboriculteur. La gestion de l’enherbement a été possible grâce à l’installation d’un paillage lors des trois premières années. Le développement végétatif des arbres, l’ombre et les très faibles apports d’eau induisent un faible salissement n’exigeant aucune intervention, à l’exception si nécessaire de celle d’une débroussailleuse manuelle. Après trois campagnes, le rendement a atteint 8,5 t/ha en 2017 et cible 15 t/ha en 2018. En 2016, un nouveau verger a été installé sur 3,5 ha d’ombrières supplémentaires possédant une seule bande de lumière centrale.
Trouver le bon compromis
« Compte tenu de la contrainte importante en termes de lumière sous ces ombrières, nous avons décidé d’installer une seule rangée d’abricotiers sous la bande de lumière et à l’abri de la pluie », explique Jean-Luc Valentini. Il souligne néanmoins qu’une telle configuration d’ombrières présentant entre 60 à 70 % d’ombre n’est pas reproductible. Fort de ces enseignements, Akuo Energy projette de développer de nouveaux projets favorisant la production agricole à celle d’énergie. « D'environ un mégawatt par hectare de puissance installée, les futurs projets se situeront sur un niveau beaucoup plus faible, de l’ordre d'un mégawatt pour trois hectares. Ce qui se traduira par des constructions présentant un niveau d’ombre très inférieur, de seulement 20 % », indique Basile Didion, chargé d’exploitation des centrales photovoltaïques chez Akuo Energy. Enfin, une étude de l’impact sur le climat réalisée grâce au logiciel Diaterre, un outil Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), a permis de mettre en évidence une moindre émission de gaz à effet de serre d’un verger sous ombrières par rapport à un verger en extérieur.
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