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Fraise : dix programmes d'expérimentation pour l'avenir de la culture

En présentant dix programmes d’expérimentation en cours pour la culture de fraise, hors-sol et en sol, l’AOP nationale Fraises de France témoigne de son implication technique et financière. De nombreux résultats sont encourageants tout en restant à valider.

L'AOPn Fraises élabore des programmes de recherche et d’expérimentation pour mieux cibler les réponses à apporter aux professionnels.
L'AOPn Fraises élabore des programmes de recherche et d’expérimentation pour mieux cibler les réponses à apporter aux professionnels.
© RFL

La seconde édition de la Journée technique Fraise, proposée par l’AOP nationale Fraises de France a permis de présenter les nombreux projets et résultats d’expérimentation conduits par l’organisation. « Depuis deux ans, l’AOPn Fraises a réorganisé l’expérimentation qu’elle menait en internalisant l’élaboration des programmes de recherche et d’expérimentation qu’elle souhaite conduire, pour mieux cibler les problèmes à résoudre et apporter des réponses précises aux professionnels », a expliqué Xavier Mas, président de l’association, lors de la journée de présentation qui se déroulait en septembre dernier au lycée agricole Étienne Restat de Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne). « Par la suite, ces programmes donnent lieu à des appels d’offre auprès des stations d’expérimentation comme Invenio et le CTIFL, précise le responsable. Il s’agit d’un investissement sur un temps long. » Le programme d’expérimentation national Fraise (PENF) a donc été créé début 2020. Ce programme a permis le lancement de cinq appels à projet privés et la participation technique et financière de l’AOPn Fraises de France dans six projets avec co-financement.

1/ CoCliquot : conduite optimale de la culture

 

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CoCliquot, pour Conduite Climatique optimale du fraisier, est un programme lancé en 2022 dans l’objectif de définir les consignes de paramètres climatiques sous serre, afin d’établir une conduite optimale de la culture en fonction du calendrier et du bassin de production (Sud-Ouest ou Bretagne). Dans un premier temps, la synthèse de données bibliographiques et l’animation d’ateliers de réflexion sur la conduite climatique ont permis de définir deux conduites climatiques : une conduite témoin et une conduite dans laquelle les écarts de température jour-nuit ont été augmentés (conduite chaude). Des mesures de l’activité photosynthétique de la plante sur les variétés Gariguette et Charlotte en hors-sol, et à différents stades de développement, ont permis de définir une troisième conduite climatique dit « innovante ». Celle-ci prend notamment en compte le déficit hydrique qui nécessite l’utilisation d’un déshumidificateur. Selon les résultats 2022 obtenus par Invenio, la conduite innovante a un rendement commercial plus élevé que les deux autres conduites. Et ce, malgré un nombre de fleurs plus faible. La conduite chaude est la plus précoce avec un rendement global équivalent à la conduite témoin mais une dynamique de production différente avec un premier jet, sur le mois de mars, plus important et une remontée plus faible à la mi-mai. Cette conduite innovante sera de nouveaux expérimentée en 2023 avec des origines différentes de plants.

 

2/ PréviFra : leviers de protection préventive 

Le programme PréviFra vise une protection globale des cultures de fraiser, en combinant des leviers de protection préventive vis-à-vis de l’ensemble des bioagresseurs aériens du fraisier, tout en garantissant la rentabilité économique des exploitations. Ces stratégies reposent sur l’utilisation de filets insect-proof dans les tunnels, les lâchers d’auxiliaires, l’utilisation de lampes UV pour stimuler les défenses des plantes, la gestion de l’oïdium sur le modèle Inokis et la réduction de la fertilisation azotée. Les résultats 2022 du programme PréviFra conduit au CTIFL de Balandran montrent que l’hygrométrie relative moyenne est plus élevée avec les filets insect-proof et que la température est plus élevée dans ceux sans filet. Le dispositif apporte également des résultats intéressants contre les acariens. Les travaux d’Invenio portant sur l’action des traitements UV-C sur la végétation et une fertilisation réduite n’ont pas mis en évidence d’effet, positif ou négatif, sur la culture. Toutefois, les filets représentent un dispositif à explorer pour leur effet positif sur les pucerons mais aussi la possibilité d’exclure les tunnels ainsi protégés de l’arrêté Abeilles puisqu’ils leurs sont inaccessibles. Les travaux sont prolongés en 2023.  

3/ FragaSyst : ultime recours aux pesticides

 
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Le programme FragaSyst a comme objectif de s’approcher d’un IFT (indice de fréquence de traitement) égal à zéro, en n'utilisant des pesticides de synthèse qu’en ultime recours, et en garantissant une rentabilité économique de la production. Mené par cinq partenaires, sur six sites et trois types d’abri, cinq leviers travaillés seuls ou en combinaison sont mis en œuvre sur cinq ans (2018-2023). Il s’agit de l’usage de solutions de biocontrôle, de la biodiversité végétale pour favoriser les auxiliaires (plantes hôtes et relais), de traitements UV-C, de variétés tolérantes et d’une fertilisation adaptée. Pour exemple, on peut noter qu’en 2022 la stratégie « oïdium » conduite sur le site Invenio de Sainte-Livrade permet de contenir la maladie, de limiter le nombre de traitements, et d'atteindre l’objectif commercial sur le premier jet. En revanche, la problématique oïdium explose sur la seconde partie de la saison.

 

4/ Habit’Aux : maintien des auxiliaires

Habit’Aux cherche à identifier les plantes de services favorables à l’installation et au maintien des auxiliaires contre les thrips et les pucerons. En 2022, seconde et dernière année du projet réalisé par Invenio, l’évaluation sous serre du laurier-tin et de nourriture de substitution vis-à-vis des acariens prédateurs des thrips ont permis d’observer une efficacité relative du système, avec une présence de pucerons de février à juin. La parution d'une fiche technique, synthétisant les plantes et leurs actions sur les auxiliaires des thrips et pucerons sur fraisier, est prévue à la fin du projet.

5/ Sansol : alternatives à la désinfection

 

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Le programme Sansol concerne la culture en sol du fraisier, avec l’évaluation des alternatives à la désinfection et au désherbage chimique. À partir de données bibliographiques, neuf alternatives à la désinfection du sol à base de produits ou compost ont été identifiées et testées à Invenio sans amélioration en rapport au traitement de référence. En revanche, la solarisation améliore le rendement en comparaison d’un témoin non solarisé. Quatre alternatives au désherbage chimique – bâche hors-sol tissée, paille, turquette, gazon – ont été évaluées pour tenter de maîtriser les adventices.

 

6/ Picpus : des plantes d'intérêt contre les pucerons

 
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Picpus, pour Plantes d’intérêt contre les pucerons, a tenté d’utiliser les propriétés répulsives et attractives des plantes de services afin de réduire l’intensité des attaques des pucerons en culture de fraisier (et de chrysanthème) et de réduire les traitements contre ces ravageurs. Après plusieurs modalités étudiées, le basilic, la sauge, le romarin et l'œillet d’Inde n'ont montré, au mieux, aucun effet sur les pucerons et auxiliaires, et au pire un effet négatif.

 

7/ TAF : techniques alternatives

 

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Le projet TAF, Techniques alternatives en fraise, est un large programme conduit entre 2020 et 2022 englobant trois actions : la production des fraises en sol sans utiliser de désinfection chimique, la production de plants de fraisier sains et adaptés aux nouveaux modes de culture, et la production de fraises en limitant l’impact des bioagresseurs par l’optimisation du biocontrôle. Différents essais d’évaluation de solutions de biocontrôle ont notamment apporté des résultats concernant la lutte contre le thrips et l’oïdium.

 

8/ Mycado : biocontrôle et mycorhizes

Le programme Mycado est conçu pour faire face à la disparition des produits chimiques pour la désinfection des sols, et rechercher des alternatives de biocontrôle à base de mycorhizes pour limiter les pertes liées à la fatigue des sols. En cours jusqu’en 2023, Mycado a permis de mettre en place un protocole d’évaluation de la qualité de la mycorhization et d’identifier un traitement, dont les premiers résultats en 2022 ont permis le maintien de rendement par rapport au témoin désinfecté.

9/ KP2FI : tray-plants performants

 

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Les travaux menés dans le projet KP2FI (2019-2022) avaient pour objectif de proposer des méthodes de production de tray-plants performants, sur les plans agronomique et phytosanitaire, dans des conditions durables de réduction des intrants chimiques, de fertilisants et d’eau. Au terme du programme, toutes les combinaisons évaluées atteignent l’objectif de réduction des intrants. Elles montrent un effet positif sur le rendement de la réduction d’azote et des traitements UV-C sur l’oïdium. Ces améliorations sont réalisées dans un budget contraint afin d’obtenir un tray-plant à 55 centimes d’euros.

 

10/ Morgane : piloter la matière organique

Morgane évalue l’utilisation de matière organique pour remédier à la fatigue des sols. Différents types d’apport seront ainsi testés jusqu’en 2024 : BRF, Vegethumus, compost de déchets verts, fumier de bovin déshydraté, digestat de méthaniseur. L’objectif est de créer une grille de conseil et d’assurer la formation des producteurs pour piloter au mieux les apports de matière organique face aux problèmes de fatigue des sols.

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