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Des pistes pour améliorer la lutte biologique en fraisier

Une thèse cofinancée par l’AOPn Fraise de France ouvre des perspectives pour améliorer la lutte biologique contre les pucerons en fraisier.

L’efficacité de la lutte biologique contre les pucerons en fraisier est actuellement très variable. © AOPn Fraise de France
L’efficacité de la lutte biologique contre les pucerons en fraisier est actuellement très variable.
© AOPn Fraise de France

« Les pucerons sont un des principaux problèmes en culture de fraisiers sous abri, rappelle Xavier Mas, président de l’AOPn Fraise de France. Or la lutte biologique contre les pucerons est peu efficace, alors qu’elle est nécessaire pour répondre aux attentes sociétales. » Si les pucerons sont naturellement régulés par de nombreux antagonistes, les parasitoïdes commercialisés contre ces ravageurs ont en effet des efficacités variables.

Des stratégies similaires pour tous les bassins.

A l’initiative de l’AOPn, une thèse a été engagée à l’UMR IGEPP (Inrae, Agrocampus Ouest, Université de Rennes 1) dans le cadre du projet AphidInnov qui vise à développer des solutions biologiques contre les pucerons. « Si les lâchers de parasitoïdes sont souvent inefficaces, des colonisations spontanées permettent parfois une régulation naturelle des pucerons, a expliqué Estelle Postic, qui a réalisé la thèse. L’objectif est donc de mieux connaître les pucerons des fraisiers et les parasitoïdes naturels qui les contrôlent, d’identifier de nouveaux candidats pour la lutte biologique puis de produire et tester les nouvelles espèces ou populations sélectionnées. » En 2017-2018, un échantillonnage des pucerons trouvés en culture a été réalisé dans les différents bassins. Au printemps, quatre espèces sont majoritaires partout, avec une forte pression : Acyrthosiphon malvae, Rhodobium porosum, Macrosiphum euphorbiae et Chaetosiphon fragaefolii. « Au printemps, on peut donc envisager des stratégies similaires pour tous les bassins. » L’été, avec une pression plus faible, les espèces sont différentes et varient entre régions, avec une présence forte toutefois de Aphis gossypii. Un échantillonnage des parasitoïdes identifiés dans les serres a également été réalisé en 2017 et 2018. Au printemps, les parasitoïdes sont assez peu nombreux, avec deux espèces majoritaires généralistes, Aphidius ervi et Praon volucre, et une espèce spécialiste, Aphidius eglanteriae, seule espèce parasitant C. fragaefolii. L’été, les parasitoïdes sont moins nombreux et différents, avec plus de Aphidius colemani et de Lysiphlebus sp. « A. eglanteriae semble un ennemi majeur de C. fragaefolii mais n’est pas commercialisé, souligne Estelle Postic. Quant à A. ervi et P. volucre, déjà utilisés en lutte biologique, ils ne sont pas toujours efficaces quand ils sont lâchés et ont été trouvés là où aucun lâcher n’avait été fait. »

A lire aussi : les auxiliaires s’installent dans les fraisiers

Une hypothèse vérifiée par ailleurs est que certains pucerons abritent des bactéries symbiotiques qui les protègent de leurs ennemis naturels, la plus connue étant Hamiltonella defensa, qui les protège des hyménoptères parasitoïdes en bloquant le développement des œufs du parasitoïde dans le puceron. 1218 pucerons ont été analysés par PCR. « Les analyses montrent que certaines espèces de puceron, notamment les trois espèces les plus problématiques en fraisier (A. malvae, M. euphorbiae et R. porosum) présentent une forte prévalence de bactéries symbiotiques, Hamiltonella defensa très souvent et Regiella insecticola plus rarement, indique Estelle Postic. Les tests de parasitisme montrent par ailleurs que pour une espèce, A. malvae, les pucerons infectés par la bactérie ne sont pas parasités par Aphidius ervi. » Dans tous les cas, les taux de parasitisme sont toutefois restés faibles, avec parfois une forte mortalité liée peut-être à une mauvaise adéquation entre les pucerons et les parasitoïdes commerciaux (voir encadré). « Ces travaux ouvrent des perspectives d’applications concrètes pour la lutte biologique, mais qui demanderont encore un peu de temps », conclut Xavier Mas.

Estelle Postic UMR IGEPP, Inrae, Agrocampus Ouest, Université de Rennes 1

« Les populations naturelles de parasitoïdes sont un réservoir important de diversité »

 
« Certains pucerons abritent des bactéries symbiotiques qui les protègent de leurs ennemis naturels, la plus connue étant Hamiltonella defensa. Cette symbiose protectrice peut donc expliquer une partie de l’échec de la lutte biologique. La diversité génétique des agents de lutte biologique est également importante. Alors que l’élevage tend à la réduire, les populations naturelles de parasitoïdes sont un réservoir important de diversité qui peut permettre une bonne adaptation à l’hôte et la possibilité pour le parasitoïde de contourner la résistance liée aux bactéries symbiotiques. Ces données sont à prendre en compte pour l’élevage d’auxiliaires et pour favoriser la régulation naturelle en conservant les ennemis naturels des pucerons et en les laissant entrer dans les serres. »

 

 

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