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Des tensions sur le marché des pommes et poires bio

Les marchés pomme et poire bio subissent l’arrivée d’importants volumes et de nouveaux opérateurs entraînant de nouvelles tensions commerciales sur le marché.

Les circuits longs recherchent une gamme de pomme bio, avec une rouge, une bicolore et une jaune.  © RFL
Les circuits longs recherchent une gamme de pomme bio, avec une rouge, une bicolore et une jaune.
© RFL

Les parts de marché de la pomme bio étaient de 8 % en volume et de 11,5 % en valeur en 2019. Entre 2015 et 2019, la part de ménages acheteurs est passée de 13,7 % à 20,2 %, soit 5,65 kg de pomme bio achetés par ménage en 2019 au prix moyen de 2,85 €/kg, en baisse de 4,7 % par rapport à 2018. « Cette baisse du prix moyen est une première », constate Isabelle Jusserand, responsable RSE et Agriculture biologique d’Interfel lors des journées Tech & bio du dernier MedAgri à Avignon. « Il va nous falloir suivre attentivement les indicateurs de consommation, pour savoir si on est bien sur une ligne de crête dans cet équilibre offre/demande », relève la spécialiste. Pour la poire bio, avec 5,8 % de parts de marché en volume et 8,1 % en valeur, les indicateurs de consommation sont également tous dans le vert.

Les prix restent encore rémunérateurs

Cette hausse se retrouve en production avec près de 2 000 hectares de pommiers et 800 ha de poiriers en 2019, soit 3,3 fois du pommier et 3,6 de poirier en neuf ans. La croissance a été quasi linéaire des volumes pour atteindre 47 000 t de pommes et 20 000 t de poires en 2020. « On arrive depuis trois ans à une tension du marché, l’augmentation en région n’est que le reflet de ce qui se passe au niveau national », explique Anne-Laure Dossin, de Bio de Provence. La destabilisation du marché est aussi à rattacher à l’arrivée de nouveaux profils d’opérateurs « qui méconnaissent les spécificités du marché bio », et proposent des prix souvent déconnectés. Par exemple, le 8 octobre 2020, sur les cotations RNM bio Sud-est et Roussillon, au stade expédition, le prix des pommes Gala (caisse vrac) variait entre 1,30 à 1,85 €/kg, et celui de la reinette grise du Canada (caisse vrac) entre 1,90 à 2,60 €/kg. « Avec le durcissement du marché, les pommes et poires en conversion ne se valorisent quasiment plus sur le marché du bio, sauf cas exceptionnel », résume Anne-Laure Dossin. Les prix se tendent, même s’ils restent encore rémunérateurs. « Mais les arboriculteurs sont de plus en plus inquiets de voir le prix passer en deçà du seuil de rentabilité à l’export ou sur des circuits longs. En circuit court, le marché reste encore fluide », précise l’analyste. L’adaptation passe par des niches en devenir, à l’image de la gamme de compote Haute valeur environnementale lancée par Charles & Alice. « Sur les circuits longs, les opérateurs recherchent une gamme bio, avec une pomme rouge, une bicolore et une jaune, voir Granny en complément. L’agréage est un peu plus tolérant qu’en conventionnel, même si cela se durcit. En circuit court, les connaisseurs et amateurs de variétés spécifiques tolèrent davantage les défauts visuels », souligne Anne-Laure Dossin.

A lire aussi : Lauriers Inrae : François Laurens et la pomme mis à l’honneur

Le marché du transformé se diversifie

« Les jus, la compote et le surgelé sont trois marchés de la transformation distincts pour les pommes et poires bio », note Claire Rubat du Merac, chargée de commercialisation à Bio de Provence. Sur le jus, les opérateurs cherchent d’abord à mélanger des variétés, en panachant. Le marché de la compote et de la purée demande des variétés douces, majoritairement jaunes, type Golden, ou bicolores, « mais pas trop rouges ». Ensuite, ils veulent des calibres supérieurs à 55, avec des achats étalés de septembre à mars, pour lisser les pics en transformation. « Ce n’est pas un marché exutoire et il ne faut pas y penser uniquement pour dégager des volumes du frais », rappelle la spécialiste de Bio de Provence. Sur la poire transformée bio, les transformateurs cherchent des chairs très blanches (William’s, Rochas privilégiées), des fruits à maturité, fermes et sucrés, sans pour autant imposer de calibre comme pour la pomme.

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