Charlie Gautier, vice-président de la FNPF : « Approvisionner le marché de la restauration collective avec des fruits français »
Le 74e congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits aura lieu les mercredi 29 et jeudi 30 janvier 2020 à Chenu, au cœur des vergers sarthois. Charlie Gautier, vice-président de la FNPF, évoque les thématiques qui y seront abordées.
Le 74e congrès de la Fédération nationale des producteurs de fruits aura lieu les mercredi 29 et jeudi 30 janvier 2020 à Chenu, au cœur des vergers sarthois. Charlie Gautier, vice-président de la FNPF, évoque les thématiques qui y seront abordées.
Le congrès de la FNPF se déroulera les 29 et 30 janvier dans la Sarthe. Quelle est la situation actuelle des professionnels de l’arboriculture ?
En tenant son congrès dans la Sarthe, la FNPF a voulu se remettre au cœur des vergers et de la production fruitière. Depuis vingt ans, nous assistons à une dégradation générale de l’arboriculture française. L’âge moyen des producteurs est désormais passé au-dessus de la barre des 50 ans et surtout le niveau de compétitivité de l’activité a été affecté. Cette détérioration est notamment due à une augmentation des coûts de la main-d’œuvre, composante essentielle de nos coûts de production et à une baisse des moyens de protection des vergers. Pour des raisons réglementaires nationales, nous ne disposons plus de moyens équivalents à nos concurrents européens et étrangers pour préserver l’état sanitaire de nos vergers alors que les fruits issus de ces pays affluent dans l’Hexagone. Nous appelons l’Etat français à mettre en place des barrières sanitaires sur ces produits hors législation française. Malgré cela, la profession montre une dynamique forte dans certaines productions comme en fruits à coque ou pour relancer la production de poire française. Elle se mobilise également pour la restructuration du verger d’abricot, fleuron de l’arboriculture française dans certaines régions ou encore de la structuration de la filière petits fruits pour répondre à la forte demande de ces produits. L’année 2019 nous a également mis face à l’enjeu du changement climatique avec des situations de sécheresse puis d’excès d’eau déjà connues par les arboriculteurs mais surtout des pertes de fonds liées à des épisodes de grêles très violents et aux températures caniculaires estivales jamais observées jusqu’alors.
Quels sont les points que vous souhaitez mettre en avant lors de ce congrès ?
Une matinée du congrès sera réservée à la mécanisation et au machinisme. Il s’agit d’une demande forte de la part des professionnels pour faire face à la réduction des moyens de protections chimiques par l’usage de matériel, notamment en matière d’entretien de l’enherbement du verger. Les contraintes liées à l’usage des produits phytosanitaires conduisent également à améliorer la qualité de l’application, en particulier pour l’usage des produits de biocontrôle, à diminuer les dérives des pulvérisateurs et réduire leur volume sonore pour le respect du voisinage. L’impact de la mécanisation sur la gestion de la main-d’œuvre est également à prendre en compte. Dans le prolongement de la loi Egalim, la reconnaissance des démarches Haute Valeur Environnementale (HVE, ndlr) des exploitations fruitières sera une voie mise en avant lors de ce congrès. Elle offre la possibilité de communiquer vers le consommateur et le citoyen sur les démarches environnementales engagées par notre profession et donne l’accès au marché de la restauration collective.
Justement, la restauration collective est un des sujets abordés. Que peuvent en attendre les arboriculteurs ?
Ce secteur aura obligation de s’approvisionner à hauteur de 50 % avec des produits labellisés dont la HVE fait partie. Alors que pour l’heure il est en grande partie approvisionné par des fruits d’importations. Outre le produit, ce marché nécessite une approche logistique spécifique. J’estime que les grossistes en fruits et légumes détiennent les compétences pour accéder à cette clientèle exigeante et nous devons travailler avec eux en toute transparence. Il y a nécessité d’aborder ensemble la rémunération du producteur en s’appuyant sur ce qui existe. Je suis favorable à des discussions tripartites entre les producteurs, les grossistes et la restauration collective, jusqu’à un engagement contractualisé. Il faut pouvoir approvisionner ce marché avec des produits français avec lesquels les producteurs gagnent de l’argent. Un grand débat permettra également d’accueillir Christiane Lambert, présidente de la FNSEA pour aborder les enjeux de société, notamment l’agribashing.