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Maraîchage
Des clés pour irriguer

La conduite de l’irrigation est un élément déterminant pour toute exploitation légumière. Lors de la journée de rencontre Innov’action, la Serail a présenté les principaux modes d’irrigation et les principes "clés" à suivre pour bien les maîtriser.

L’irrigation est une des clés pour réussir la conduite de ses cultures maraîchères. Conscientes de la difficulté et de l’importance de bien maîtriser son irrigation, le réseau des chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes et la Serail, station expérimentale de Rhône-Alpes, ont organisé en juin dernier une journée d’information et de démonstration sur cette thématique, à Brindas (69). Les producteurs à la recherche de références ont reçu les conseils des techniciens sur les deux étapes principales pour maîtriser l’irrigation : le calibrage du dispositif et le raisonnement de la dose. « L’objectif de calibrer son dispositif d’irrigation est de satisfaire les besoins en eau en tenant compte de la consommation des cultures, de la ressource et de son renouvellement pour orienter le choix du matériel – station de pompage, amenée et distribution », présente Dominique Berry, chambre d’agriculture du Rhône.

La consommation en eau varie énormément selon le type de cultures, leur stade, la nature du sol et la demande climatique. Mais on estime les besoins annuels d’un système maraîcher à 3 000 m3 par hectare de surface développée. Lors de la mise en place de l’irrigation, il faut tout d’abord connaître la quantité d’eau disponible par rapport à la surface développée envisagée, le débit et la pression de l’équipement d'approvisionnement en eau de la parcelle et choisir le mode d’irrigation, aspersion ou goutte-à-goutte. « Le premier aspect à gérer pour la pompe est le dénivelé entre la ressource en eau et la culture, explique Dominique Berry. La pression fournie par la pompe doit compenser le dénivelé, le fonctionnement de l’appareil et les pertes de charge ». La filtration est indispensable et dépend de la qualité de l’eau et du type de distributeurs. La capacité de filtration doit être d'au moins 1,5 fois le débit à filtrer. Dès que l’on perd 0,5 bar entre l’entrée et la sortie, le système de filtration doit être nettoyé. Parmi les types de filtres existants, le filtre à sable est le plus efficace, tandis que le filtre à tamis est le plus courant.

Pression de fonctionnement

Le réseau d'approvisionnement en eau à la parcelle et le réseau de distribution sont calibrés pour laisser passer le débit et résister à la pression de service. Ils sont le plus souvent en PVC ou en polyéthylène. On trouve également des rampes d’aspersion en acier galvanisé ou en aluminium. Concernant les systèmes de distribution, le goutte-à-goutte nécessite d’optimiser le volume de sol humidifié par goutte d’eau. « Pour un sol qui diffuse peu l’eau, le débit doit être plus faible pour que la goutte ait plus de temps pour se diffuser », indique Dominique Berry. Ainsi, il est recommandé pour des sols sableux d’utiliser des goutteurs à faible débit (moins de 1 l/h), espacés de 20 cm. Pour des sols limonosableux, les goutteurs doivent présenter un débit intermédiaire (1,5 l/h) et être espacés de 25 à 30 cm. Enfin, pour des sols argileux, qui diffusent facilement l’eau, le débit des goutteurs doit être plus important (jusqu’à 2,3 l/h) et ces derniers doivent être espacés de 30 à 35 cm. En aspersion sous abri, une seule rampe est suffisante pour un tunnel de 5 m de largeur ou moins. Entre 6 et 10 m de largeur, deux rampes sont nécessaires. « Pour une bonne homogénéité de répartition, on positionnera les asperseurs à 1,60 m du sol dans les tunnels à pieds droits et à 1,40 m dans les tunnels arrondis », conseille Dominique Berry. La pression de fonctionnement doit être d’environ 2,5 bars à l’entrée du tunnel (2 bars au niveau de l’asperseur). La Serail préconise l’usage des asperseurs Plastro Rondo, Naan 7110 et Netafim Spinnet pour leur qualité de fonctionnement et leur homogénéité de répartition. En aspersion de plein champ, le maillage le plus optimal est un dispositif de 12 m x 12 m, avec une pression de fonctionnement comprise entre 3,5 et 4 bars à l’asperseur. Un test d’homogénéité d’aspersion a été réalisé à la Serail, sur salades, à la suite de problèmes d’hétérogénéité rencontrés durant l’été 2015 (voir encadré).

Profondeur d’enracinement

Pour les systèmes d’arrosage par aspersion, la dose d’irrigation correspond à la quantité d’eau du sol facilement utilisable par la plante (réserve facilement utilisable ou RFU). Celle-ci dépend de la texture du sol et de la profondeur d’enracinement. « Plus la plante a un enracinement profond, plus la RFU est importante », précise Maxime Metzger, chambre d’agriculture du Rhône. Pour un sol sableux, l’eau a tendance à descendre directement en profondeur sans diffusion latérale, tandis que pour un sol limoneux, la diffusion latérale est plus conséquente. Ainsi, pour un enracinement de 20 cm en sol argileux, la RFU est de 25 mm (contre 12 mm en sol sableux). La matière organique influe également sur la capacité de rétention en eau. La fréquence d’irrigation se définit en fonction du plein en eau et de l’assèchement de la RFU. Après une irrigation, et en l’absence de pluie, l’irrigation suivante doit se faire une fois que la culture a consommé toute la dose d’eau apportée. « Pour estimer cette fréquence, on peut évaluer la consommation quotidienne de la culture par la méthode du bilan hydrique (ETP journalière x coefficient cultural), explique Maxime Metzger. La fréquence alors calculée est un chiffre indicatif, pour une consommation théorique maximale. Une vérification de l’état d’humidité du sol est obligatoire, avec l’utilisation d’une gouge à la profondeur d’enracinement La réserve en eau encore disponible pour les cultures peut également être évaluée par l’utilisation de sondes tensiométriques (voir encadré). Dans tous les cas, une dose d’irrigation bien raisonnée permet de ne pas gaspiller la ressource en eau et de ne pas risquer un lessivage des intrants.

Test d’homogénéité d’irrigation

L’été 2015 sec et venteux a provoqué une hétérogénéité dans l’aspersion des salades à la Serail, ce qui a conduit à mettre en place un test d’homogénéité de l’aspersion pour trois maillages différents. Outre le maillage 12 m x 12 m, les maillages 15 m x 12 m et 18 m x 12 m ont été testés. « Nous avons calculé un coefficient d’uniformité pour chaque maillage, en plaçant des pots pour récolter l’eau », présente Alexandre Burlet, Serail. Le maillage 12 m x 12 m présente un coefficient d’uniformité de 87 %, avec entre 10 et 12 mm récoltés dans chaque pot en une heure. Pour la modalité 15 m x 12 m, le coefficient est de 90 % mais les pots ont reçu entre 8 et 10 mm par heure. Enfin, le maillage le plus large, 18 m x 12 m, présente un coefficient d’uniformité de seulement 76 %, avec entre 4 et 6 mm d’eau par pot. Alexandre Burlet fait remarquer que les différences ne sont pas très marquées, en raison d’un arrosage peu important cette année.

 

Bien utiliser les tensiomètres

Les sondes tensiométriques mesurent la force de rétention de l’eau par le sol. Elles doivent être placées sur une zone la plus homogène et représentative de la parcelle possible. « La profondeur d’installation dépend de la profondeur d’enracinement de la culture, témoigne Thierry Dansette, de la chambre d’agriculture du Rhône. Par exemple, pour positionner une paire de tensiomètres en culture de salades, il faut placer un tensiomètre à 10-15 cm de profondeur, et un deuxième à 20-25 cm de profondeur ». Les tensiomètres doivent être placés délicatement, dans des trous adaptés à leur forme formés avec une tarrière. Plus la force de rétention mesurée par les sondes est élevée, moins l’eau est disponible pour les plantes. « Une tension mesurée comprise entre 20 et 30 centibars correspond à un sol humide et ressuyé, un sol de confort pour les plantes », expose Thierry Dansette. En dessous de 10 centibars, le sol est saturé en eau, et au-delà de 30 centibars, le sol est en train de se dessécher. Mais le conseiller en maraîchage met en garde : « Attention à ne pas prendre les valeurs au sens strict, il faut raisonner par tendances, et considérer les moyennes des mesures effectuées par les différentes paires de tensiomètres. » Ce dispositif est bien adapté aux exploitations spécialisées, mais moins à celles très diversifiées : il est difficile d’avoir une paire de tensiomètres par culture, d’autant que les prix sont élevés : environ 1 500 € pour un tensiomètre avec transmission des données à distance, 800 € sans transmission de données.

 

 

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