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Concombre : le palissage sur fil haut réduit les populations de pucerons

La technique du palissage dite « sur fil haut » ou « training » réduit de manière significative les populations de pucerons sur concombre. Elle vient s’ajouter à des méthodes, déjà existantes, pour assurer un résultat satisfaisant.

Le concombre est, avec la tomate, une culture majeure dans la rotation des productions sous abris en AB. Si la gestion de la plante est déjà une affaire de spécialiste (taille, palissage, charge en fruit…), l’état sanitaire, en particulier la problématique « puceron » n’est pas simple à gérer. Aussi, la station d’expérimentation bretonne Terre d’Essais travaille activement sur le sujet pour proposer des méthodes de lutte satisfaisantes qui s’inspirent d’une approche « système ».

Ne pas devenir une proie facile

En bio, il n’y a pas une solution radicale pour lutter contre un ravageur ou une maladie, comme une matière active appropriée par exemple. Mais des méthodes combinées, mises bout à bout, peuvent aboutir à un résultat satisfaisant. On parle alors d’une approche dite « système ». L’approche système appliquée à la lutte contre les pucerons du concombre associe plusieurs moyens avec en premier l’utilisation de plants sains mis en place dans des conditions favorables pour assurer un démarrage rapide. Cela veut dire une plantation à la bonne date, un sol réchauffé, préparé dans de bonnes conditions, une conduite climatique optimale…

Tout doit être mis en œuvre pour que la plante ne végète pas et devienne une proie facile, sans résilience. Au cours de la culture, l’observation, l’identification et le choix d’auxiliaires, le recours aux plantes relais, et de manière plus récente les produits de biocontrôle, pourront et devront être associés (voir encadré). Parfois, il arrive aussi que des modifications des techniques culturales entraînent des évolutions inattendues. Ainsi, depuis quelques années se développe en concombre la technique du palissage dite « sur fil haut » ou « training ».

L’effeuillage réduit les populations de pucerons

Classiquement en serre basse, le concombre se taille selon le principe du « parapluie » (cf. figure 1) après plantation et conduite en V : plantation centrale puis alternance gauche/droite des têtes sur les fils de culture. La production se fait sur la tige principale puis sur des axillaires retombants formant une sorte de mur végétal. Toutes les opérations se font du sol sur un fil à 2,20 m approximativement. Les coûts de main-d’œuvre sont ainsi réduits. Avec l’augmentation des hauteurs de serre, de plus en plus de producteurs adoptent la conduite en training sur un fil haut à 3,50 m (cf. figure 2). Cette méthode identique à la tomate est beaucoup plus exigeante en temps de travaux car elle implique un doublement de la densité de têtes par m².

La production se fait sur la tige principale uniquement qui doit être descendue et effeuillée régulièrement, d’où des coûts de travail élevés. Les essais agronomiques réalisés à Terre d’Essais qui avaient pour objectif de comparer les résultats technico-économiques de la méthode, ont aussi permis de constater que cette pratique permettait d’améliorer de manière significative l’état sanitaire de la culture. En effet, les effeuillages fréquents et avec une conduite uniquement sur une tige (donc sans axillaire avec moins de végétation) réduisent de manière significative les populations de pucerons.

On le voit, la lutte contre les pucerons du concombre en culture bio n’est pas une sinécure. Néanmoins, l’association de méthodes complémentaires, comme celles qui sont indiquées, peut aboutir à des résultats considérés comme satisfaisants. Il faut toutefois être capable d’accepter et de vivre avec la présence du ravageur au quotidien, l’objectif étant de le maintenir à un seuil acceptable.

Hervé Floury - Article paru dans Aujourd’hui & Demain, février 2019

Des méthodes à combiner

Lutte biologique

Plusieurs auxiliaires sont utilisables pour lutter contre les pucerons du concombre. Ils sont prédateurs directs ou parasitoïdes. Les lâchers doivent se faire très rapidement après mise en culture, l’idéal étant même de pouvoir éliminer avec un insecticide utilisable en AB et dans les trois à quatre jours après la plantation les premiers ailés qui ne tardent pas à se manifester. Connaître ou faire reconnaître le/les espèces de pucerons présentes est primordial pour bien choisir ses alliés. Classiquement, on privilégie des lâchers d’Aphidius ervi et/ou colemanii qui, par leur pouvoir de prospection, vont aller chercher les individus isolés. Puis sur foyers plus importants, on lâche Aphidoletes aphidomyza. Mais d’autres auxiliaires sont en cours d’évaluation ou de réévaluation (praon, syrphe…) notamment dans le cadre d’un programme de recherche expérimentation dénommé Aphidinov, mené conjointement par l’Inra de Rennes, Terre d’Essais et d’autres partenaires privés.

Plantes relais

La technique des plantes relais revient régulièrement sur le devant de la scène pour la gestion des ravageurs en cultures sous serres. En concombre, le cas le plus cité est l’élevage d’Aphidius sur le puceron des céréales Rhopalosiphum padi que l’on installe sur des petites placettes de céréales semées en pots, terrines ou directement dans la serre. On utilise indifféremment de l’orge commune Hordeum vulgare, de l’éleusine Eleusine coracana… La méthode paraît bien évidemment très attractive sur le papier. Toutefois, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances dans la pratique.

D’une part, la gestion des plantes relais n’est pas toujours facile : maintien d’un équilibre pucerons/auxiliaires, maintien de la plante elle-même dans la serre… Ensuite, les transferts d’auxiliaires ne sont pas toujours effectifs : préférence de l’auxiliaire pour la plante et le puceron où il a été élevé, mobilité insuffisante… Parfois même, les auxiliaires naturels ou ceux que l’on introduit vont préférer la plante relais, négligeant la culture en place ! Enfin, les plantes relais peuvent aussi servir de relais à… d’autres ravageurs qui eux ne se priveront pas de gagner la culture : thrips, acariens, aleurodes… A voir mais à consommer avec beaucoup d’attention.

Les produits de biocontrôle

La notion de Biocontrôle est définie comme « un ensemble de méthodes de protection des cultures basées sur le recours à des organismes vivants ou des substances naturelles… » (source : Alim’agri sur agriculuture.gouv.fr). Pour les substances naturelles, leurs origines font qu’elles disposent d’un profil toxicologique peu préoccupant qui fait que certaines sont utilisables aussi en bio. La liste officielle est disponible auprès de la DGAL. Terre d’Essais a testé plusieurs spécialités de ce type, notamment sur pucerons du concombre. Inutile néanmoins de compter sur ces seuls produits pour gérer une culture d’un bout à l’autre ou pour éradiquer une attaque sévère. Ils peuvent aider la plante en début de culture en « boostant » ses défenses naturelles, ou en ayant un effet biocide partiel sur des stades sensibles.

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