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Comment le biocontrôle est devenu incontournable en production

L’utilisation du biocontrôle en arboriculture et en maraîchage a progressé ces dernières décennies, avec les arrivées successives de solutions innovantes : illustration avec les témoignages de deux professionnels.

« Le biocontrôle occupe une place incontournable dans la panoplie des traitements de protection phytosanitaire en arboriculture », constate Pascal Borioli, directeur du GRCeta de Basse Durance, lors des 10es rencontres du biocontrôle d’IBMA France. « On utilise des produits de biocontrôle en oubliant que ce sont des produits de biocontrôle : huiles blanches, Bt, confusion sexuelle, soufre… sont la base de bon nombre de stratégies. »

Le biocontrôle a contribué à supprimer certaines interventions phytosanitaires et à en réduire largement d’autres. « Dans les années 1970, on faisait cinq à six traitements acaricides dans les vergers de pommiers, voire plus, illustre Pascal Borioli. Aujourd’hui, c’est zéro. Contre le psylle, avant les années 2000, les traitements consistaient en quatre à six interventions. Aujourd’hui, c’est entre une et trois, essentiellement avec des produits de biocontrôle. De même, les traitements contre le carpocapse ont été fortement réduits avec l’arrivée de la confusion ».

Un itinéraire technique résilient

Dès les années 1970 et 1980, les pratiques ont évolué avec l’arrivée de solutions de biocontrôle. Le directeur du GRCeta de Basse Durance évoque notamment l’arrivée de la confusion sexuelle, dans les années 1980 sur pêcher et à la fin des années 1990 en fruits à pépins, ou encore celle des argiles au début des années 2000. « Tout cela a favorisé un itinéraire technique résilient ». L’utilisation du biocontrôle, associée à d’autres méthodes, a permis une baisse significative des IFT « chimiques » au sein du GRCeta Basse Durance. Mais descendre sous certains seuils est très compliqué. « Si on descend plus bas, on a en général des pertes de rendement significatives ».

En cultures sous serre, le biocontrôle est utilisé depuis longtemps via la PBI. Il est aussi la base de la protection des cultures en Zéro résidu de pesticides. « Sur les cultures ZRP, je suis en 100 % biocontrôle, assure Charles Vinet, producteur sous serre en Loire-AtlantiqueDans les serres fermées, c’est 90 % des solutions de protection utilisées, avec des garde-fous en dernier recours ». Le maraîcher a illustré l’apport du biocontrôle par la problématique Tuta absoluta.

« Quand on a vu arriver cette problématique, notre première réflexion a été de gagner du temps pour permettre à la R & D de trouver des solutions. Nous avons mis en place de la prophylaxie, des filets insect proof, augmenté notre utilisation de Macrolophus, du piégeage… Puis, la confusion contre Tuta est arrivée. En moins de dix ans, on a obtenu une solution de biocontrôle très efficace. »

Impasses techniques et crise de la bio

« Jusqu’à il y a deux ans, 45 % de surfaces de poire étaient en AB au sein du GRCeta Basse Durance, grâce notamment à l’avènement de l’argile dans les années 2000, à la confusion sexuelle, au soufre, évoque Pascal Borioli. Mais le marché a chuté et le coût de main-d’œuvre a augmenté, alors que le rendement est inférieur de 25 à 30 % par rapport au conventionnel. Tout cela crée un déséquilibre. On assiste à des déconversions, en lien dans certains cas avec des impasses techniques, comme la tavelure sur la variété William. »

« Sur un nouveau site en bio, nous avons voulu élargir la gamme avec de l’aubergine, mentionne Charles Vinet. On s’est rendu compte qu’on était dans une impasse face aux pucerons, les populations ont explosé. Au bout de deux ans, nous avons dû abandonner la production d’aubergine »

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