Rencontres Aprifel
Baisse des phytos : Aprifel fait le point sur l’impact économique
Comment répondre à l’augmentation des besoins alimentaires tout en réduisant l’utilisation des produits phytos ? Les Rencontres Aprifel ont répondu : la complémentarité des utilisations.
A l’occasion des Rencontres Aprifel qui se tenaient la semaine dernière à Paris, Franziska Zavagli du CTIFL a fait le point sur l’incidence d’une réduction d’utilisation de produits phytos dans les cultures de f&l et l’économie de toute une filière. « Nous avons des introductions nouvelles et permanentes de ravageurs à l’image du Cynips du châtaignier, du Suzuki dans la fraise et du PSA en kiwi, sans compter l’apparition de souches résistantes. Dans ce cas, il faut traiter. Selon la FAO, d’ici 2030, les besoins alimentaires seront en hausse de 50 %. Aussi, l’incidence de la réduction des phytos doit être prise en compte. » En fruits à pépins Franziska Zavagli précise que sans traitement contre le Carpocapse par exemple, les pertes s’échelonnent entre 50 et 90 %, sans compter les surcoûts de main-d’œuvre. Même chose avec la pyrale du poirier, ou encore le puceron cendré. « Dans le cas de l’arrêt d’utilisation de nématicides dans les cultures de f&l, on aurait des pertes avoisinant les 130 000 t », ajoute-t-elle. Pour autant les techniques alternatives ne sont pas omises, mais il faut alors tenir compte du besoin de main-d’œuvre supplémentaire et donc d’un coût de production augmenté. « Pour les produits alternatifs de biocontrôle, la gamme est encore restreinte. Nous sommes en phase exploratoire. Il existe un groupe de travail DGAL sur les intrants alternatifs et des travaux sont menés par le CTIFL mais il faut bien comprendre qu’ils ne peuvent être que complémentaires de traitements chimiques et de mesures prophylactiques. » Par ailleurs, elle a fait le point sur l’utilisation des auxiliaires. Si ceux-ci sont très efficaces en milieu fermé (serres), les producteurs ne sont pas à l’abri de voir apparaître de nouveaux bioagresseurs comme la Tuta Absoluta. « En arboriculture, l’utilisation d’auxiliaires est limitée, car on est en milieu ouvert et ce matériel vivant est très fragile. » Quant aux avancées génétiques, elle estime qu’elles ne peuvent servir que de manière complémentaire. « Le temps de sélection est important notamment en pommes. En légumes, il existe plus de variétés résistantes mais seulement à un ou deux bioagresseurs en même temps. » Alors elle répond à l’interrogation, faut-il passer à une agriculture bio ? « Dans ce cas, il y a une baisse des rendements de 20 à 38 % selon les variétés. Il y a une surcharge de travail et des difficultés techniques à prendre en compte. Et une baisse du chiffre d’affaires est enregistrée. Aussi, un GIS Fruits (Groupement d’intérêt scientifique) va se mettre en place pour répondre à la question “Quel verger pour demain ?” en tenant compte de la maîtrise de la charge, du coût des intrants... » Pour cela, une expérimentation Ecophyto sera installée en fruits à pépins en 2012.