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« Aujourd’hui, je me réjouis de voir que l’importation est considérée d’une manière différente » Alain Kritchmar, président de la CSIF.

Evolution du métier, impact de la réglementation, relation avec l’interprofession… Alain Kritchmar, récemment arrivé à la présidence de la Chambre syndicale des importateurs français, fait le point pour FLD.

« Nous n’avons eu de cesse d’expliquer que l’importation n’était pas là pour concurrencer la production nationale, mais qu’elle venait en complément de l’offre française » souligne Alain Kritchmar, nouveau président de la Chambre syndicale des importateurs français.
© CSIF

FLD : Vous venez d’accéder à la présidence de la chambre syndicale des importateurs français. Comment voyez-vous votre mandat ?

Alain Kritchmar : « J’ai indiqué que je ne resterais que deux ans à la présidence. J’aurais 76 ans et, à ce moment , je prendrais ma retraite définitive. Notre secteur doit relever de multiples défis aux niveaux réglementaires européens et nationaux, de l’image de notre profession, de notre implication dans la filière d’approvisionnement des fruits et légumes en France.

Dans la continuité du travail accompli mon prédécesseur, Philippe Pons, je vais travailler sur ces sujets. J’ai représenté l’importation au sein de l’interprofession depuis que la CSIF y a adhérée. Je compte aussi aider, accompagner les administrateurs de la chambre pour la succession. Le processus est commencé. Je me considère comme un sorte de président de transition ».

 

 

FLD : La chambre syndicale est entrée au sein d’Interfel depuis moins d’une décennie. Comment analyser vous les relations avec les autres familles de l’interprofession ?

A.K : «  Je ne peux cacher qu’au début, il y a eu des tensions. Après tout, Bruno Le Maire, à l’époque ministre de l’Agriculture, ne nous avait-il pas qualifié de « vilain de petit canard » ? Aujourd’hui, je me réjouis de voir que l’importation est considérée d’une manière différente.

Si nous travaillons désormais en symbiose avec les autres fédérations, c’est parce que nous n’avons eu de cesse d’expliquer que l’importation n’était pas là pour concurrencer la production nationale, mais qu’elle venait en complément de l’offre française. Nous répondons simplement à une demande. Je dois reconnaitre que des personnes comme les présidents Bruno Dupont et Laurent Grandin ainsi que le directeur Louis Orenga ont fait beaucoup pour l’union des familles dans l’interprofession ».

Lire aussi : Afrique de l’Ouest : pourquoi une mangue de qualité homogène et globale est nécessaire pour la saison 2022/2023 ?

FLD : Le métier d’importateur n’a-t-il pas aussi évolué depuis plusieurs années ?

A.K. : « Il est évident que des évolutions importantes sont intervenues dans le métier. L’époque où l’importateur approvisionnait le marché en grande quantité, de manière excessive, est totalement révolue. Cela ne marche plus car le marché international est totalement ouvert : les producteurs partenaires des importateurs se tournent aussi vers d’autres destinations. Il n’y a qu’à voir les  développement des flux entre pays d’Amérique du Sud ou en Afrique.

D’autres part, les grandes sociétés d’importation en France ne travaillent plus uniquement avec le marché national. Elles touchent aussi d’autres marchés européens, voire plus loin. Bien sûr, si la demande des distributeurs français est là , nous sommes à même d’y répondre ».

« L’époque où l’importateur approvisionnait le marché en grande quantité, de manière excessive, est totalement révolue »

FLD : Cependant, on parle  aujourd’hui de souveraineté alimentaire en France, de l’origine 100% France. N’est-ce pas un risque pour la profession ?

A.K . : Avec la pandémie COVID-19 a entrainé des difficultés majeures, qui sont actuellement démultipliées par la guerre en Ukraine, la souveraineté alimentaire est en effet redevenue un sujet central pour les autorités françaises et européennes, ce qui pourra amener des inflexions politiques et règlementaires. Nous soutenons néanmoins le plan français présenté par le gouvernement, même s’il prévoit une baisse des importations de 10%.  

Notre profession devra s’adapter. Cela pourrait passer par exemple par des prises de participations dans la production hexagonale. Nous disposons d’un fort savoir-faire. Par ailleurs, on voit déjà certains produits emblématiques de l’importation comme la mangue ou le litchi, qui commencent à être produits dans l’Union européenne, à cause de l’évolution climatique ».

Lire aussi : Cerise : le Chili exporte un niveau record, sur quels marchés? pourquoi ?

 

 

FLD : Quels sont les produits « star » de l’importation, à côté de l’avocat qui ne cesse de progresser ?

A.K. : « L’avocat est bien ancré dans les flux d’importation et dans la consommation en France. Et même si certaines campagnes de communication concernant l’usage de l’eau peuvent perturber le marché. Nous espérons d’ailleurs que la production pourra répondre à ce sujet. La mangue est en développement, et cela depuis l’introduction du fruit en mûr à point et l’arrêt de l’importation de multiples variétés pour se concentrer sur la Kent. Nous avons connu aussi cela avec l’avocat, d’ailleurs.

La patate douce est aussi un produit en progression. Elle est un peu tirée par la grande distribution et le consommateur sait désormais bien la cuisiner, ce qui favorise les ventes.  Et je dirais qu’il faut aussi observer l’évolution de la papaye. Ce fruit est passé d’une demande purement ethnique à un marché plus global. Il y a là une demande de qualité très forte. Cela se passera bien si tout le monde est raisonnable et favorise la qualité gustative et l’aspect sanitaire. De bons fruits, c’est la clé pour une plus grande consommation ».

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FLD :  Parlant qualité, où en est-on sur le dispositif de contrôles des fruits et légumes importés ?

A.K. : Premier point : les fruits et légumes importés sont totalement conformes à la réglementation  européenne. Et ils sont archi contrôlés. En 2021, nous avons menés deux fois plus de contrôles sur nos produits que ceux menés par les services de la DGCCRF. Nous militons, par ailleurs, pour une unification de la réglementation européenne  pour atteindre une conformité globale : travailler au cas par cas est juste une aberration.

Grâce au travail mené au travers de Fel’Partenariat, nous sommes dans un climat de confiance avec la DGCCRF. C’est pourquoi nous nous interrogeons fortement sur la nouvelle répartition des prérogatives entre la DGCCRF, la DGAL et les Douanes.  Quel sera le nouveau périmètre d’action des différentes directions ? Comment cela s’articulera-t-il ? Il est difficile actuellement d’avoir une vision claire sur le sujet malgré nos demandes » .

« Il y a là une demande de qualité très forte pour certains produits. Cela se passera bien si tout le monde est raisonnable et favorise la qualité gustative et l’aspect sanitaire »

 

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