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Asperge : comment piloter l'irrigation selon les besoins de la culture

L’eau est un élément déterminant pour le rendement et la longévité d’une aspergeraie. L’aspersion ou le goutte à goutte répond aux demandes de la plante avec plus ou moins de précision.

asperge irrigation goutte à goutte
La gaine de goutteurs, placée au-dessus du plateau racinaire, permet de créer « l’effet douche » attendu lors des apports d'eau.
© RFL

L’asperge aime les sols filtrants et redoute la stagnation de l’eau au niveau racinaire. « Malgré des besoins en eau importants, il n’est pas nécessaire de lui faire prendre un bain lors des irrigations. Elle préfère une douche », illustre Christian Befve, consultant international spécialisé.

Même si l’importance de son système racinaire peut faire croire que cette plante est adaptée, voire résistante à la sécheresse, les besoins de l’asperge sont proches de l’ETP (évapotranspiration potentielle). Ce qui, sous notre climat tempéré européen, représente 400 à 500 millimètres de fin avril à mi-septembre.

Éviter l’effet parapluie sous la végétation

Ainsi, l’apport d’eau par goutte à goutte est majoritaire. Il est soit remplacé, soit complété par l’aspersion. L’apport par gravité (inondation de l’entre-rang) est très rare. Pour être le plus efficient, les apports d’eau doivent se faire au niveau des racines. Or, 80 % du volume racinaire se trouvent sous le feuillage.

asperge irrigation goutte à goutte
Avec le goutte à goutte, les apports d’eau peuvent se faire plusieurs fois par semaine, en fonction des besoins de la plante et de l’état des réserves du sol. © RFL

De fait, avec l’aspersion qui génère un effet parapluie sous la végétation, l’eau n’est pas directement localisée au niveau du plateau racinaire comme c’est le cas avec le goutte à goutte. À noter que la technique du goutte à goutte enterré, utilisée aux débuts des années 1980-1990, est désormais délaissée pour le goutte à goutte de surface, et ce, partout dans le monde.

Placée au-dessus du plateau racinaire, la gaine de goutteurs permet de créer « l’effet douche » préconisé. L’irrigation localisée par aspersion est une variante possible du goutte à goutte localisé. Dans ce cas, l’apport d’eau s’effectue par des asperseurs placés sous le feuillage. L’eau est aussi apportée directement sur la butte. « Cette technique est intéressante, notamment pour l’usage d’eau de surface et/ou fortement chargée (calcium, fer), qui entraîne des problèmes de bouchage des goutteurs », commente Christian Befve.

Le goutte à goutte permet le pilotage de l’irrigation

Les apports d’eau doivent permettre de placer la plante dans un confort hydrique afin d’assurer le développement des pousses, qui deviennent des turions à récolter dans la première phase du cycle de la culture, puis des hampes foliaires et du feuillage. Cette seconde partie du cycle végétatif assure la mise en réserve pour l’année suivante. Avec l’aspersion, les apports d’eau peuvent avoir lieu toutes les semaines selon la disponibilité de la ressource et les moyens techniques mis en œuvre (rampes, sprinklers).

Cette régularité permet des apports d’eau plus homogènes pour satisfaire les besoins de la plante. Avec le goutte à goutte, les apports d’eau peuvent se faire plusieurs fois par semaine en fonction des besoins de la plante et de l’état des réserves du sol estimées à l’aide de sondes tensiométriques. Le fractionnement des apports permet de maintenir le rapport « volume de sol/volume d’air » favorable à l’oxygénation des racines. « Il n’y a qu’avec le goutte à goutte que l’on peut parler réellement de pilotage de l’irrigation », confie Christian Befve.

Un confort hydrique pour la plante

« Ce pilotage peut se constater au champ directement sur la plante. Lorsque la plante est dans un confort hydrique, ses cladodes sont nombreux, longs et ouverts, donnant un volume important au feuillage », précise le spécialiste. À l’inverse, une situation de stress hydrique engendre des cladodes courts, serrés en forme de « queue de renard ». De plus, l’apport d’eau sur la ligne de plantation assure le développement des racines sous la zone de feuillage et en profondeur, contrairement à l’aspersion et l’apport gravitaire qui humidifient le sol sur l’ensemble de la surface.

Les racines se développent alors plus superficiellement et dans l’entre-rang, ce qui les expose à la dégradation des outils de buttage. « Il faut voir dans cette affectation du système racinaire une réduction du potentiel de production et de la longévité de la culture », commente le spécialiste. Le pilotage des apports d’eau et des fertilisants grâce au goutte à goutte se fait en fonction des stades physiologiques de la plante.

Développement maximum de son feuillage

À la fin de la récolte, lors de la première pousse, l’irrigation et la fertilisation doivent répondre à 110 % de l’ETP pendant les deux premières semaines et à 40 % du besoin global d’azote (lire aussi Efficience de l’eau et effets des modes d’irrigation). Les apports d’eau doivent être rapprochés pour permettre à la plante de sortir un grand nombre de tiges. Pendant les trois semaines suivantes, les irrigations peuvent être plus espacées et représenter 90 % de l’ETP.

L’alimentation minérale est de 10 % du total des apports d’azote et 20 % des apports de potasse, magnésie, phosphore, bore, calcium. Puis, au bout de cinq semaines, la plante fait une seconde pousse pour sortir de nouvelles tiges. Les apports d’eau doivent être importants, 120 % de l’ETP, car le feuillage de la plante est déjà développé. À ce stade, ses besoins en azote sont de 20 %. Au cours des trois semaines suivantes, les irrigations plus espacées. Elles doivent correspondre à 80 % de l’ETP et apporter 10 % des besoins d’azote, 30 % de ceux de potasse, magnésie, phosphore, bore…

Une troisième pousse peut avoir lieu cinq semaines plus tard. Les besoins en eau, 130 % de l’ETP, sont importants car la plante est au développement maximum de son feuillage. Les besoins en azote sont de 20 % de l’apport total. Ces apports doivent être maintenus pendant trois semaines. Les semaines suivantes, l’irrigation est réduite à 70 % de l’ETP avec un fractionnement plus large. Les apports d’azote sont arrêtés. Ceux de potasse, magnésie, phosphore, bore, qui assurent la mise en réserve, représentent la moitié des besoins globaux.

L’apport d’eau augmente le rendement et la durée

L’irrigation est un facteur essentiel du rendement et de la durée de vie d’une aspergeraie. Selon les données recueillies par Christian Befve et sur la base 100 de rendement par hectare d’une culture en sec, l’apport d’eau par inondation permet un rendement de 130, l’aspersion 140 et le goutte à goutte 160. « C’est la qualité de l’apport d’eau et non la quantité d’eau apportée qui permet cette amélioration », commente le spécialiste. Celui-ci estime que la durée de vie d’une aspergeraie est également rattachée à son mode d’irrigation : six ans en sec, huit avec l’irrigation gravitaire, dix par aspersion et douze avec goutte à goutte.

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