Asperge : comment limiter les risques liés à la replantation
La 6e journée technique de l’AOPn Asperges de France était consacrée à la replantation asperge sur asperge. Une situation qui tend à se développer et nécessite de nombreuses précautions avant replantation.
La 6e journée technique de l’AOPn Asperges de France était consacrée à la replantation asperge sur asperge. Une situation qui tend à se développer et nécessite de nombreuses précautions avant replantation.
L’AOPn Asperges de France a consacré sa 6e journée technique, début octobre, à la thématique des replantations asperge sur asperge. Cette pratique est encore peu fréquente en France, mais en progression du fait de la spécialisation des exploitations et du manque de parcelles « vierges » d’asperge. « Sur les 6000 ha d’asperge cultivés en France, environ 500 à 600 ha sont replantés chaque année, pour assurer le renouvellement des surfaces avec un faible pourcentage de replantation sur la même parcelle », évalue Christophe Paillaugue, président d’Asperge de France, lors de cette journée qui se déroulait au Barp (Gironde) début octobre. Mais cette situation tend à progresser et existe aussi dans de nombreux autres pays producteurs, notamment en Allemagne.
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« Planter asperge sur asperge peut donner des résultats décevant avec des baisses de rendements dès les premières années et des pertes de plantes », témoigne Adèle Sahut, d'Asperges de France. Les pertes de récolte peuvent aller jusqu’à 30 % avec une diminution de trois ans de la durée de vie de l’aspergeraie. En cause, les champignons du sol pathogènes de l’asperge (Fusarium, Rhizoctonia), les autotoxines dégagées par les racines de la culture précédente et le syndrome plus général qualifié de « fatigue du sol ». Aussi, plusieurs présentations en salle ont permis de cerner l’activité microbienne des sols de manière large. « Les champignons et bactéries participent à la stabilité du sol. La perte de diversité et d’activité entraine des diminutions du processus de minéralisation et de rendement des végétaux cultivés », relève Emile Benizri, maitre de conférence à l'Inrae.
20 ans de replantation asperge sur asperge
Carmen Feller, chercheuse au Leibniz-Institute (Allemagne) a présenté les résultats du programme Newsoil 21, qui a permis d’évaluer sur cinq ans (2017-2021) différentes méthodes de prévention : apports de matière organique, biofumigation, inoculation de micro-organismes, résistance variétale. Christian Befve, consultant international, a également présenté la méthode du « hors-sol dans le sol », consistant à créer avant plantation un volume important de terre homogène avec apport de compost et de micro-organismes à l’aide d’une rotobêche. Lors de la table ronde, David Ducourneau, producteur d’asperge dans les Landes, a témoigné de son expérience de vingt ans de replantation asperge sur asperge, soit trois cultures sur certaines parcelles, en insistant sur l’importance du drainage.
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Selon l’expérience d’Ophélie Lendani, technicienne MaïsAdour, chez trois asparagiculteurs, la replantation sur la même parcelle a conduit à des baisses de rendement très marquées, jusqu’à 40 % après la 4e année de récolte. L’après midi de terrain sur les aspergeraies de Planasa a permis à la centaine de participants d'assister à la présentation de solutions biologiques proposées par Innovak global et Medinbio, ainsi qu'à l’observation de profils culturaux animés par deux spécialistes, Céline Collin Bellier, gérante de Solenvie, et Emmanuelle Choné, agro-pédologue d'Agronomie Terroirs.