Alain Berger : “Je suis optimiste pour la filière”
“Les forces et faiblesses de la filière fruits et légumes” : c’est sur ce thème que s’est exprimé Alain Berger, inspecteur général de l’Agriculture au ministère de l’Agriculture, le 13 janvier au cours des Rencontres de l’INH (Institut national de l’horticulture) à Angers.
L’auditoire des Rencontres de l’INH était attentif, le 13 janvier dernier, au discours d’Alain Berger, inspecteur général de l’Agriculture. L’audit effectué sur la filière au second semestre 2003 a été rendu au ministre de l’Agriculture en fin d’année.
L’ancien directeur de cabinet de Jean Glavany a tenu d’emblée à rassurer : “Je suis optimiste pour les fruits et légumes ayant, de part mon expérience, abordé tous les secteurs de l’agriculture.” En matière de compétitivité, Alain Berger souligne : “On ne peut pas raisonner globalement la compétitivité. Chaque produit est soumis à des conditions différentes. Jusqu’à présent, les instances publiques ont toujours regardé la problématique dominante, les GMS, avec même parfois une approche identique pour les produits. Elles ont aussi raisonné l’offre en terme de territoire avec les comités de bassin. Face aux cinq acheteurs de la GMS, l’offre territoriale n’atteint pas forcément la taille suffisante pour négocier. Il faudrait une offre nationale monoproduit gérée par une structure verticale comme les sections nationales qui deviendraient l’organe décisionnel.”
Alain Berger a également insisté sur la prise en compte de toute la filière, de la recherche à la distribution : “La compétitivité passe par l’innovation variétale. Pour rentabiliser cette recherche, les moyens restent à concentrer. Nous avons répertorié 500 à 600 demandes ! La filière devrait préciser davantage ses objectifs de recherche. Ce n’est pas aux instances comme l’Inra de le faire.”
“Avec 60 % de l’offre regroupée, les opérateurs sont moins fragiles”
Alain Berger a abordé les distorsions de concurrence entre les pays européens en déplorant l’inertie en matière de politique sociale européenne : “Notre enquête nous a montré que tous les pays avaient leurs forces et leurs faiblesses. Si la France est pénalisée par le coût de la main-d’œuvre, les Pays-Bas sont depuis quelques années en difficulté avec leur réseau routier.” L’organisation et la stratégie commerciale doivent être améliorées. C’est une évidence : “L’offre est encore trop atomisée. Les metteurs en marché se font concurrence entre eux pour distribuer aux GMS. Les prix baissent et influent les autres types de marché. Avec 60 % de l’offre regroupée, les opérateurs sont moins fragiles. La Hollande et même l’Italie, avec 100 coopératives qui réalisent 70 % de l’offre, sont meilleurs que nous.”
Attention, Alain Berger ne prône pas la concentration de la production : “Nous pouvons raisonner par bureau de vente.” A la question de Philippe Marionneau, producteur reconnu de la région et indépendant, sur la “collectivisation” de la filière, Alain Berger répond : “Selon le schéma que je viens de dresser, les indépendants ont encore 30 à 40 % de part de marché. On est loin de la collectivisation à la façon de l’ancienne Russie communiste !”
Enfin, l’inspecteur a insisté sur l’indispensable régulation : “Nous devrions jouer sur plusieurs mécanismes : l’exportation (certains produits auraient encore des parts de marché à prendre), la transformation, le stockage organisé et peut-être, en dernier lieu, le retrait.”