Fortes tensions et hausses de prix sur le glyphosate
La production mondiale de glyphosate est en baisse et les approvisionnements de cet herbicide sont sous tension, avec des prix qui ont été multipliés par trois en un an.
La production mondiale de glyphosate est en baisse et les approvisionnements de cet herbicide sont sous tension, avec des prix qui ont été multipliés par trois en un an.
« Les approvisionnements de glyphosate sont fortement perturbés depuis août dernier, observe Jean-Paul Palancade, directeur du réseau Agrosud, qui regroupe quinze négoces de l’arc méditerranéen. Son réapprovisionnement devrait reprendre sous forme de quotas en début d’année 2022. » En cause, la capacité de production de la molécule qui est en forte baisse depuis plusieurs mois.
« C’est une matière active produite essentiellement en Chine et aux États-Unis, précise Fabrice Choffy, chef des ventes glyphosate chez Bayer Crop Science. Or, la principale usine américaine a été victime à la fin de l’été 2021 de l’ouragan Ida, bloquant ainsi la production pendant 7 à 8 semaines. Et côté chinois, à l’approche des jeux olympiques d’hiver, la Chine a décidé de s’acheter une bonne conduite en matière d’environnement et de pollution en limitant les activités industrielles. » À ces deux raisons majeures, il faut également ajouter la difficulté de plus en plus importante d’extraire des matières premières comme la glycine, composé de base du glyphosate.
Les stocks sont au plus bas et les prix en très forte hausse
Parallèlement à ces raisons industrielles, la campagne 2021 en France a été très humide et favorable au développement des mauvaises herbes et à l’utilisation d’herbicides comme le glyphosate. « Les stocks sont au plus bas et les prix en très forte hausse, + 150 % par rapport à décembre 2020, s’inquiète Jean-Paul Palancade. Avec la crise sanitaire, les frais d’acheminement ont également augmenté, et quand un bateau arrive, le temps de déchargement est de sept à dix jours contre un avant la crise. » Selon cet acteur de la distribution, la détente sur le marché du glyphosate n’est pas attendue avant l’été 2022. En attendant, les utilisateurs devront composer avec les volumes disponibles, sachant que 2022 sera l’année où les restrictions d’utilisation seront effectives. Cette nouvelle donne sera-t-elle de nature à compenser une offre limitée ? Elle pourrait faire évoluer les stratégies d’approvisionnement des viticulteurs qui achetaient ces dernières années les produits phytosanitaires au plus près des utilisations.
Des hausses de prix généralisées
« Le glyphosate ne sera pas le seul produit affecté par une hausse des prix. Avec l’augmentation du prix de l’énergie et du gaz en particulier, on constate une hausse du prix des engrais », souligne Jean-Paul Palancade. Des tensions sont également à prévoir sur d’autres matières actives phytosanitaires comme le tébuconazole ou encore le dithianon par exemple. Plus généralement, la hausse du prix des matières premières comme le fer affecte aussi le prix de fournitures, à commencer par les piquets. L’année 2022 s’annonce très tendue sur le front des approvisionnements.