Fertilisation : les oligoéléments incontournables pour la santé des plantes
Dans de nombreuses situations, l’apport d’un ou plusieurs oligoéléments est vital pour les grandes cultures. Gare aux carences : même en quantité minime dans les tissus végétaux, ils jouent un rôle important dans le fonctionnement des plantes.
Dans de nombreuses situations, l’apport d’un ou plusieurs oligoéléments est vital pour les grandes cultures. Gare aux carences : même en quantité minime dans les tissus végétaux, ils jouent un rôle important dans le fonctionnement des plantes.
Fer, manganèse, zinc, cuivre, bore et molybdène : les oligoéléments peuvent poser problème en grandes cultures en cas de carence. Dits « mineurs », ces éléments nutritifs sont présents en faible quantité dans le sol et absorbés en quantité infime par les plantes. Chaque culture a des besoins spécifiques : les céréales à paille se montrent particulièrement exigeantes en cuivre et en manganèse, le maïs en zinc et en manganèse, le tournesol et la betterave en bore, le lin en zinc…
Les oligoéléments n’échappent pas à la loi des facteurs limitants de Liebig : le niveau de production d’une culture est fixé par l’élément nutritif le plus limitant. Qu’un oligoélément vienne à manquer en début de culture, le rendement s’en retrouvera limité, quel que soit le niveau de fertilisation des autres éléments.
Quels sont les risques les plus élevés en cultures ? « De toutes les carences en oligoéléments, celle en manganèse est la plus problématique en céréales à paille. Des pertes de pieds peuvent se produire en sortie d’hiver et j’ai déjà pu constater des parcelles entièrement détruites, décrit Éric Masson, ingénieur Arvalis Grand-Ouest. Ces carences ont tendance à augmenter en Bretagne, en lien avec des remontées de pH qui bloquent l’élément. » Aux champs, les carences en manganèse se remarquent d’abord par des foyers vert pâle de plantes dont les vieilles feuilles se dessèchent. Sans intervention, ces plantes disparaissent progressivement.
Les carences en cuivre sont plus rares. Elles se manifestent plus tardivement dans le cycle de la céréale avec notamment le symptôme caractéristique des bouts blancs à l’épiaison. La fertilité des épis est affectée par cette carence.
Pour le maïs, la carence en zinc a un fort impact quand elle se produit. « Elle n’est pas très fréquente au final, constate Christine Lesouder, ingénieure spécialisée en fertilisation chez Arvalis, peut-être en raison de l’apport systématique de cet élément conseillé par les services techniques des distributeurs dans différentes régions. »
Le lin est, lui aussi, très sensible au manque de zinc. « La carence se manifeste tôt, quand les plantes sont à 5-10 centimètres de haut. Mais quand les symptômes apparaissent, il est trop tard pour la corriger, signale Christine Lesouder. Des apports sont réalisés en préventif de façon quasi généralisée sous forme de pelliculage des semences. »
En tournesol, les carences en bore sont régulièrement visibles. « La perte de rendement peut se chiffrer à plusieurs quintaux à l’hectare », estime Luc Champolivier, spécialiste fertilisation à Terres Inovia. Le bore est indispensable également à la betterave. Les pertes de productivité sont conséquentes même sur une carence peu évoluée. La carence peut avoir des répercussions sur le collet puis la racine qui prend un aspect liégeux se creusant, ce qui laisse place à des pourritures opportunistes.
Les sols français sont bien pourvus en oligoéléments d’une façon générale. Enseignant-chercheur à Bordeaux Sciences Agro, Lionel Jordan-Meille s’est livré à l’exercice de rapporter ces teneurs aux besoins des plantes, avec les moyennes de concentration mesurées dans les végétaux et celles des teneurs dans les sols naturels. « Les éléments qui apparaissent relativement pauvres dans le sol par rapport à la demande de la plante sont l’azote, le phosphore et le potassium. Les oligoéléments sont peu limitants pour les plantes eu égard à leur concentration dans les sols. Par rapport à ce que les plantes doivent absorber, ils sont donc peu susceptibles de manquer dans le sol. »
Les carences vraies en oligoéléments sont rares. Seules certaines typologies locales de sols comme les terres sableuses sont concernées. « Souvent, si la plante a des problèmes d’absorption des oligoéléments, ce n’est pas dû au manque dans le sol mais à un blocage par d’autres processus », explique Lionel Jordan-Meille. Les carences sont souvent induites par le type de préparation du sol, le niveau de pH, l’antagonisme avec d’autres éléments ou les conditions climatiques.
Une baisse d’oligoéléments dans les végétaux pour notre alimentation