Gestion du sol : « Pour mes maïs, j’ai cinq à six semaines de réserve en eau dans mes sols »
Agriculteur à Dhuizon (Loir-et-Cher), Frédéric Thomas a mesuré l'effet du non-labour et de la couverture végétale du sol sur la qualité de ses sols.
Agriculteur à Dhuizon (Loir-et-Cher), Frédéric Thomas a mesuré l'effet du non-labour et de la couverture végétale du sol sur la qualité de ses sols.
« Lors de mon installation il y a une trentaine d’années, j’ai dû composer avec des terres typiques de Sologne, très mouillées en hiver et très sèches en été. Il s’agit de sols sableux en surface avec une couche d’argile imperméable en profondeur. Le problème de mes sols était davantage l’excès d’humidité en hiver que la sécheresse estivale. J’ai alors mis en place des pratiques pour améliorer la capacité du sol à infiltrer l’eau et pour augmenter la réserve facilement utilisable (RFU). J’ai arrêté le travail du sol et exclu l’irrigation pour ne pas augmenter davantage le risque d’excès d’humidité. J’ai mis en place des cultures consommant et « transpirant » de l’eau, notamment au travers de couverts végétaux d’interculture associant plusieurs espèces pour produire de la biomasse. Une tonne de matière sèche produite à l’hectare évacue 30 à 40 mm d’eau via la transpiration des plantes.
Après moisson d’une céréale, ces couverts sont semés très tôt de façon à bien se développer et produire des racines en profondeur. En retour, on obtient de la matière organique alimentant les organismes du sol, notamment les vers de terre. J’apporte en outre des fertilisants organiques au travers de composts de déchets verts pour doper l’activité organique des sols et booster le développement des couverts. J’ai progressivement augmenté l’épaisseur du sol exploré par les racines des plantes et, par là même, je suis passé d’une RFU de 35-40 mm à 150-200 mm aujourd’hui. Pour mes maïs, j’ai ainsi cinq à six semaines de réserve en eau dans mes sols au cas où il ne pleuvrait pas.
En plus, la capacité de mes sols à infiltrer l’eau a été quasiment doublée en trente ans, limitant le ruissellement et l’érosion en cas de pluie violente. Cette forte capacité d’infiltration a été obtenue grâce à la matière organique importante en surface du sol et à la porosité verticale produite par les vers de terre. Il y a désormais moins d’hydromorphie l’hiver. Mon expérience est transposable pour les sols profonds connaissant des problèmes d’infiltration et d’enracinement en profondeur, mais pas pour des sols superficiels. »