[Edito] Pas de pack tricolore pour la PAC
La séquence des manifestations diffusée par les médias début avril parle d’elle-même : éleveurs bovins, céréaliers, laitiers, se sont relayés dans les rues ou aux micros pour porter fort leurs revendications concernant la future PAC. Maintien des aides couplées pour les uns, majoration des paiements de base pour les autres, aides rapportées à l’UGB pour les troisièmes… Les exigences formulées par les différents bassins et secteurs de production sont bien souvent incompatibles.
On pouvait imaginer — certains l’espéraient — que le syndicat majoritaire pose sur le bureau du ministre de l’Agriculture les plans de la PAC à la française, soutenu par ses différentes factions. Un scénario qui aurait eu l’avantage de simplifier les négociations avec le gouvernement et de donner du poids à une telle position. Au lieu de ça, les dissensions sont apparues avant même qu’une position commune ne soit rendue publique. Sans parler des syndicats plébiscitant le bio, le tout local et des exigences environnementales renforcées.
La nouvelle PAC laissera une latitude extrême à chaque État membre dans les moyens à employer pour atteindre les grands objectifs fixés à l’échelle européenne. Mais à vouloir combiner simplification des mesures, réduction du nombre d’indicateurs et subsidiarité, le risque est grand de voir chacun jouer avec ses propres règles. La PAC pourrait ressembler à un tournoi des 27 nations, mais sans réelle possibilité pour l’arbitre européen de siffler les fautes.
Tandis que se profilent de potentielles distorsions de concurrence entre pays, c’est une équipe de France désunie qui va entrer sur le terrain. Difficile dans ces conditions de former le pack lorsque viendra le moment de la mêlée. La diversité tant vantée de l’agriculture française peut aussi se transformer en handicap quand l’union doit faire la force.