Économiser en adaptant la conduite de la reproduction en élevage ovin
En matière de conduite de la reproduction, trois grandes voies de réduction des charges peuvent être distinguées : l’optimisation, la désintensification et la saisonnalité.
Faire la chasse aux brebis improductives
L’optimisation correspond à une amélioration de la productivité du troupeau grâce à la « chasse aux brebis improductives ». En effet ces brebis consomment une partie des ressources alimentaires disponibles, à l’herbe comme en bergerie, ce qui contribue à majorer le coût de production. Pour repérer et écarter ces brebis improductives, un suivi rigoureux de leur carrière est nécessaire. Pour cela les logiciels de gestion du troupeau constituent un réel plus, compte tenu des effectifs gérés par les éleveurs. En complément, le recours au constat de gestation permet de repérer précocement les brebis vides, pour revoir leur niveau d’alimentation ou les réformer. Les préconisations classiques sont de réformer systématiquement les brebis vides en saison sexuelle, et de leur laisser une deuxième et dernière chance en contre-saison.
Ralentir le rythme d’agnelage
L’accélération du rythme d’agnelage est une pratique qui tend à reculer depuis déjà un certain temps, et la flambée des prix des charges pourrait accélérer cette forme de désintensification. En effet, cette pratique nécessite un niveau d’alimentation très soutenu, elle est donc potentiellement gourmande en charges. Cela peut concerner l’abandon de trois agnelages en deux ans « systématique », avec deux lots conduits en parallèle, pratique qu’on ne rencontre plus guère que dans le Massif central et ses pourtours, en race rustique voire prolifique. Dans les régions de l’Ouest, avec des types génétiques herbagers, voire prolifiques, ce recul concerne les formes d’accélération partielle basées sur une conduite par classe d’âge, avec par exemple un agnelage tous les dix ou onze mois, du type « 4 en 3 » et assimilés.
Recul de la part de contre-saison
L’autre forme de désintensification de la conduite de la reproduction correspond au recul, voire à l’abandon, de la part des agnelages d’automne-hiver (contre-saison). En effet les lots agnelant en automne-hiver sont le plus souvent conduits en bergerie en fin de gestation et en lactation. Ils sont donc plus consommateurs de concentrés et de fourrages stockés, mais aussi de paille, que les lots agnelant au printemps. Le recul de la part des agnelages de contre-saison permet de mieux faire coïncider le pic des besoins du troupeau avec celui de la ressource herbagère disponible au pâturage, avec toutefois la question de la gestion de sécheresses de plus en plus fréquentes, sévères et précoces. Cette forme de désintensification nécessite le plus souvent une baisse du chargement. Cette forme d’adaptation peut néanmoins mettre en difficulté les démarches collectives d’approvisionnement régulier de la filière.
Les associés du Gaec Des Fayens, 440 brebis et 85 vaches allaitantes sur 202 ha
Réduire le coût alimentaire avec l’arrêt du désaisonnement
« Notre troupeau est constitué de brebis croisées F1 suffolk x limousine, avec l’achat d’une centaine d’agnelles tous les ans. Aujourd’hui nous avons un premier lot d’agnelage en septembre avec 280 brebis épongées, puis les agnelages sur lutte naturelle démarrent en décembre et se terminent en mars. Avec les sécheresses de plus en plus fréquentes, le lot de septembre doit être conduit en bergerie. Nous envisageons de basculer les brebis du lot de septembre vers les lots de décembre et de mars, mais aussi de produire à l’herbe les agneaux nés en mars. La mise au pâturage des brebis qui agnelaient en septembre nous permettra d’économiser du foin et des concentrés, mais aussi de la paille. L’arrêt du désaisonnement nous permettrait aussi de limiter les frais de reproduction et de réduire le nombre de béliers. En revanche il faut prévoir un peu plus de frais vétérinaires en antiparasitaires pour les agneaux d’herbe. La suppression des agnelages en septembre nous permettra aussi d’alléger le travail à une période assez chargée avec les vêlages des génisses et les travaux extérieurs comme l’ensilage de maïs. Côté produits nous devrions avoir un peu plus d’agneaux à vendre, grâce à une meilleure productivité en saison, mais aussi une moins-value sur le prix de vente, même si la différence entre contre-saison et contre-saison est moins forte que par le passé. »